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Le charivari — 61.1892

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LE CHARIVARI

LA VÉLOTYPIE

PORTRAITS A LA MINUTE

TALAZAC

Il avait disparu depuis bientôt deux ans.

Et personne, dans le tourbillon de la vie mo-
derne qui emporte vite les souvenirs, n’avait
songé à demander :

— Mais que devient donc Talazac?

Il était en train de devenir... mort. Et voilà
tout.

Mort pour la seconde fois en quelque sorte;
car l’artiste était déjà parti avant l’homme.

La dernière fois que nous l’entendîmes, c’était
à l’Eden-Théâtre dans Samson et Dalila.

On sentait qu’il peinait durement et l’on pei-
nait pour lui. Ce n’était plus le gaillard hercu-
léen qui lançait la note avec une insoucieuse té-
mérité; c’était un lassé qui dou’oureuseinent
s’efforçait de retrouver un peu de l’ardeur éteinte
et de la voix tombée.

Il semblait qu’il se survécût déjà.

Et je me rappelai l’heure des débuts, si triom-
phale.

En ce temps-là, Talazac était un robuste gars
aux larges épaules.

Il ne fallait pas demander à ce massif, presque
à ce rustique, les élégances du ténor éminemment
français, tel que les Roger ou les Montaubry l’in-
carnaient à l’heure où Auber était dieu, et Victor
Massé, Adam, Maillart ses prophètes.

Talazac aurait été incapable de voyager pour
cet article-là.

Comme il arrive si souvent, la nature s’était plu
à loger une voix charmante dans un corps épais.
Il faut prendre le ténorisme comme il vient, n’est-
co pas?

On avait été trop heureux de trouver cet or-
gane bien vibrant à l’heure des pénuries.

Dame ! cela ne répondait pas absolument au
type idéal du héros romanesque; mais n’avait-on
oint passé déjà par le bedonnant Villaret, par
l'ample Gueymard et par vingt autres amoureux
en largeur!

Talazac, tout jeune, avait du temps et des kilos
devant lui pour rattraper ces modèles.

Quand il ouvrait la bouche, c’était vraiment
charmant de suavité. Il ne possédait pas alors la
science vocale, il ignorait le raffinement artis-
tique, mais qu’importe 1 On était conquis dès
qu’on avait entendu sonner ce cristal de roche.

Par exemple, il ne fallait pas lui demander du
dialogue. Comédien,il no l’était pas,ilne pouvait
pas le devenir, tandis qu’il arriva par le travail
à posséder les secrets du bien dire vocal.

Hélas! comme par une ironie du sort, à me-
sure qu’il s’imprégnait mieux de ces secrets-là, la
voix faiblissait, puis bientôt la santé s’altéra.

Qui jamais aurait pu supposer que cet homme
jeune, au vaste thorax, allait s’étioler peu à peu
et succomber avant la quarantième année?

C’est ce qui est advenu pourtant.

Il a langui d’abord, puis il s’est affaissé sans
chances de relèvement.

Vous savez qu’en dehors de son talent même,
ce fut un très brave cœur et un très galant homme
que ce Talazac! Qualité précieuse : il resta tou-
jours étranger aux vanités bébêtes, aux mesqui-
neries cabotinantes.

Ne courant jamais après la réclame, il faisait
de son mieux en se disant : Advienne que
pourra !

Nulle courtisanerie pour la critique, pas de
salamalecs intéressés, ni de flagorneries sus-
pectes.

Je l’ai dit, je le répète, c’était un galant homme.

Il eut l’honneur de créer plusieurs oeuvres
d’importance, entre autres Lackmé et Manon.

Ce fut un chanteur, rien qu’un chanteur. Il
n’avait pas la tragique puissance qui fait passer
un frisson dans une salle, non plus que la gaîté
qui fait éclater le rire chez les plus sérieux.

Ils sont si rares aujourd’hui, ceux-là!

Mais quand un chanteur chante bien, il semble
qu’on n’a rien à lui demander par surcroît. C’est
pourquoi nous avons tenu à lui dire un dernier

adieu, tout comme s’il avait encore hier paru
devant la rampe.

Hélas! elle s’effacera si tôt, sa mémoire ! L’herbe
pousse si vite sur les tombes de théâtre !

SUBITO.

LES ANGOISSES 00 DÉPUTÉ L.

La carotte libre dans l’état libre, telle est leur de-
vise.

Pourquoi leur refuserait on le droit de pousser un
éventaire? Tout le monde n’a-t-il pas le droit de
rouler carrosse?

Evidemment oui; mais, ô syndiqués que vous ôtes,
quand chacun aura la faculté de vendre ses légumes
sur la chaussée, d’abord les marchands en seront
réduits à acheter les uns aux autres pour faire aller
le commerce; et puis il faudra, en outre, élargir
considérablement toutes les rues de Paris.

Rencontré hier le député...

Diable! j’allais commettre, en le nommant, une
indiscrétion capable — on no sait à quoi on s’ex-
pose par le temps qui court — d’entraîner pour
lui, et peut-être pour d’autres, les plus fâcheuses
conséquences.

Tandis qu’en usant du système à la mode parmi
les habiles, — qui n’hésitent pas à compromettre
tout le monde en ne désignant expressément
personne, qui en disent plus avec une initiale
qu’avec un nom, qui mettent à dessein sur le vi-
sage évoqué un masque sous lequel se peut sup-
poser celui-ci, celui-là ou tout autre, — en di-
sant, par exemple, « le député X... », on esquive
toute difficulté.

Donc, rencontré hier sur le boulevard le dé-
puté X...

— Comment! vous ici, cher ami, après la clô-
ture de la session ?

— Hélas !

— Je vous croyais parti dès la lecture du dé-
cret, selon votre habitude, pour aller passerai!
milieu de voire famille, de vos électeurs, les va-
cances de Noël et du Jour de l’An.

— Ah! mon cher, vous en parlez à votre aise.
On voit bien que vous n’otes pas député.

— Voyons, êtes-vous en vacances, oui ou non?
Avez-vous le droit de prendre un peu de repos?

— Sans doute. Mais est-ce que le repos est pos-
sible, par ces temps de délations? Me voyez-vous
arrivant parmi les miens et rencontrant à chaque
pas des regards sournois, à traduire ainsi :
« Ilum! qui sait si celui-là n’est pas un des...?

— Vous êtes bien sûr de votre honnêteté.

— Certes; mais les électeurs, en ce moment,
suspectent tout le monde.

— Sarpejeu! voilà une situation désagréable.
Alors vous ne quitterez pas Paris?

— Je m’en garderai bien. Si j'allais dans mon
département, je serais abreuvé d’ennuis. D’a-
bord, il me faudrait donner des étrennes à un tas
de gens...

— Qui les refuseraient?

— Oh! non; on accepte toujours. Mais, au lieu
de m’en savoir gré, on me ferait comprendre
qu’on n’est pas dupe de ma libéralité. On ne me
dirait pas nettement que je ne fais que mon de-
voir en restituant ainsi ce que j’ai indûment
reçu, mais les clignements d’yeux et autres gri-
maces ne me laisseraient aucune illusion.

— Ce n’est pourtant pas parce qu’on a incri-
miné certaines gens que vous devez être con-
damné à ces anxiétés, puisque la vérité ne peut
vous atteindre.

— Aussi n’est-ce pas la vérité que je redoute,
mais la bêtise des uns et la méchanceté des au-
tres.

— Et vous, honnête député, vous endurez un
véritable martyre.

— Oui, mais dénué de palmes. Pour l’instant,
je n’ai qu’un souci : ne point affronter les bêtes,
afin de n’être pas dévoré par elles.

Robert Hyehne.

Il est encore question des compteurs.

Le Conseil municipal vient de prendre à ce sujet
la décision suivante :

« Les compteurs adoptés, après examen, par la
Ville, pour les voitures de place, seront, à l'expi a-
tion de trois années, l'objet d’un nouvel examen.
Pendant cette période, aucun autre ne sera adopté.»

Si le compteur se détraque au bout d’une quin-
zaine, ça ne fait rien, il faudra qu’il fasse son
temps !

Guibollard, l’autre jour, achète un chapeau pré-
tendu de première qualité.

Une averse le transforme en une loque piteuse

— Ça m’est égal, dit Guibollard, le marchand me
l’a garanti; faut qu'il fasse six mois.

« A l’occasion des étrennes, grand arrivage de
thé merveilleux à 700 francs la livre. »

Ainsi s’exclame un prospectus.

Merveilleux tant qu’on voudra; mais, à ce prix-
là, ce n’est plus une infusion, c’est un bouillon.

A l'Exposition des néo-pointillisto-fumistes.

Un profane s’arrête devant une toile qu'il cherche
vainement à déchiffrer.

Après avoir cru deviner vaguement un passage de
la mer Rouge par un beau clair de lune, puis une
scène d’intérieur avec étalage de cuivres, puis une
caravane dans le désert, de guerre lasse il se ren-
seigne auprès d’un initié, qui lui répond superbe-
ment :

— Ça? Mais vous n'y voyez donc goutte, mon cher!
C’est le portrait de X... Regardez comme il est res-
semblant, ajoute-t-il en touchant le cadre, qui se
détache et tombe sur la tête du questionneur.

Et, après avoir relevé le tableau :

— Vous ne trouvez pas?

— Oh! si... Frappant, même.

Un individu est arrêté en flagrant délit de vol à
l'étalage.

Le commissaire de police l'interroge.

— Vous avez ôté pris au moment où vous dérobiez
une pièce d’ôtofle chez un marchand... Qu’avez-vous
à répondre?

— Je croyais que j'étais dans mon droit!

— Dans votre droit?

— Le marchand avait mis comme ça sur une pan-
carte : « Nous faisons de grands sacrifices pour
mettre cette étoffe à la portée do tout le monde. »
J’ai voulu profiter de l'occasion.

Z... a dévoré sa fortune.

11 en fait l’aveu à un ami qu’il rencontre.

— Tout boulotté, mon cher; plus un soûl...

— Mais tu es fou! riposte l’autre, qui ne peut en
croire ses oreilles.

— Pas du tout; en fait d'aliéné, il n'y a encore que
mon patrimoine.

Jules Demoiliens.

BOURSE-EXPRESS

TPTPT P-QPP COINTREAUd’Angers»
A tlir HP DJju axions le placon cassé

ffloutirde JULIEN HIACK PIM

CHRONIQUE DU JOUR

Le marché reste lourd, gêné, mal impressionné
par tous ces bruits qui circulent. On espérait que
l’interruption des travaux parlementaires couperait
court à tous ces potins; il n’en a rien été. Le robinet
reste ouvert plus que jamais ; et même, il y a cette
aggravation que, la Chambre n’étant plus là, les ra-
contars mensongers ne peuvent plus être démentis
illico.

Nous allons donc avoir une fichue liquidation de
fin de mois et d’année En principe, dans des temps
aussi troublés, ce que la spéculation a de mieux à
faire, c’est de se tenir tranquille.

Castorine.

Les marchands des quatre-saisons non médaillés
se sont payé, à leur tour, un léger meeting.

Ils revendiquent la liberté absolue du commerce.

Le Directeur-Gérant, Pierre Véron

Paris. — lmp. Alcau-Lévy, 24, rue Chanchat.
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