LE CHARIVARI
LE QUATRAIN D’HIER
A M. BERTRAND
Ne vous étonnez pas que la grande Adeline,
Tout en appréciant vos offres, les décline.
La Patti ne vient qu'en mangeant...
Beaucoup, beaucoup, beaucoup d’argent.
SIFFLET.
-—<*_-—■
UN DÉDAIGNÉ
LE CABINET DU PRÉFET DE POLICE
Un huissier, entrant. —Un monsieur demande
à parler à monsieur le préfet.
Le préfet, avec humeur. — Son nom?
L’huissier. — Il ne veut le dire qu’à monsieur
le préfet... Il prétend avoir de très graves révé-
lations à faire.
Le préfet, vivement. — Révélations?... Faites
entrer.
(.L’huissier introduit le visiteur.)
Le préfet. — Prenez donc la peine de vous
asseoir. {Il lui avance un fauteuil.) Puis-je
savoir?...
Le visiteur. — Monsieur le préfet, je viens
me dénoncer.
Le préfet, étonné. — Vous êtes bien le pre-
mier, par exemple... Les remords, sans doute?
Le visiteur. — Ma foi, non... Mais ç-a com-
mence à me vexer qu’on ne parle plus de moi
dans les journaux... On a son petit amour-pro-
pre, vous comprenez.
Le préfet. — Je vois que vous ne détestez pas
la réclame.
Le visiteur. — Je l’avoue.
Le préfet. — Voulez-vous avoir l’obligeance de
me dire votre nom?
Le visiteur.. — Chourinard.
Le préfet. — Chourinard? (Feuilletant son
dossier.) Dans quelle affaire financière?
Le visiteur, haussant les épaules. — Affaire
financière, moi? Quelle mauvaise plaisanterie !..
Le préfet, sévèrement. — Alors, monsieur,
que venez-vous faire ici?
Le visiteur. — Je vous l’ai dit... Je viens me
dénoncer.
Le préfet. — ??
Le visiteur. — Je suis l’assassin de la rue Bot-
zaris.
Le préfet. — Botzaris?... Connais pas.
Le visiteur. — Aux Buttes-Chaumont... C’est
moi qui ai coupé une femme en morceaux, vous
savez bien ?...
Le préfet, distrait. — Ah ! oui, il me semble
vaguement avoir entendu parler de ça dans le
temps... Eh bien, mon bon ami, que voulez-vous
que j’y fasse ?
Le visiteur, décontenancé. —Dame! du mo-
ment que j’avoue...
Le préfet, se croisant les bras. — Et c’est là
ces graves révélations que vous annonciez?...
Voilà pourquoi vous avez l’audace de déranger
en un pareil moment le chef de la police? (Sèche-
ment.) Veuillez vous retirer.
Le visiteur. — Mais...
Le préfet. — Sortez, vous dis-je !
(.Le visiteur sort. —Lepréfet sonne )
Le préfet, à U huissier.— François, si l’individu
qui vient de sortir ose se représenter ici, je vous
ordonne, entendez-vous, je vous ordonne de le
chasser immédiatement... lui comme ses pareils.
Un tas d’intrigants qui voudraient qu’on fût tou-
jours à s’occuper d’eux !... Allez, j’ai dit.
Michel Thivars..
LE CARNET D'UN ACTUALISEE
ON DEMANDE UN BOUIBOUIS
Peut-être le titre de cet article vous causera-
t-il une légère surprise.
— Demander un bouibouis I direz-vous. Mais
nous en sommes comblés, inondés, accablés 1
Pas le moins du monde. C’est ce qui vous
trompe.
Vous voulez parler sans doute des mille et un
cabarets à musique où l’on chante la grivoise-
rie.
Ou bien des nombreuses scènes privées qui
fonctionnent une ou deux fois par mois sous des
titres divers.
Tout cela n’est pas le bouibouis, le vrai, le
grand, celui dont nous eûmes trois spécimens
consécutifs et victorieux.
D’abord ils furent les Délass’-Com’, à l’heure où,
Sari gouvernant, la petite femme florissait en
même temps que la revue dans le sanctuaire du
boulevard du Temple.
Quelle joie c’était pour le fêtard que de pou-
voir, après un dîner bien arrosé, filer vers ces
parages lointains, où l’oeil trouvait pour régal
quelque minois inédit et l’oreille un flonflon d’ac-
tualité! é
Alexandre Flan et Ernest Bluin étaient les ap-
provisionneurs attitrés de ces flonflons-là. Quant
aux petites femmes, il y en avait encore alors
pour revêtir le maillot dans les prix doux. Et de
gentilles, et qui n’avaient pas encore servi à la
joie universelle !
Tandis qü’aujourd’hui...
DK
Ce fut le tour ensuite de ce brave Bobino, le
vrai, le seul, le Bobino de la rue Madame, où
Gaspari était roi et Mme Gaspari reine.
Il est resté mémorable, celui-là, et son succès
de Gare l'eau! — une revue jouée deux ans de
suite, —n’a jamais retrouvé de pendant.
C’était aussi un voyage au petit cours qu’une
i balade à Bobino, et le plaisir était accru par ce
déplacement obligatoire.
Pour les rive-droitiers, une vraie partie que
ce dépaysement là-bas, là-bas, tout près du
Luxembourg.
Pauvre vieux Bobino! Toi aussi, tu étais large-
ment approvisionné de pimpantes fillettes qui ne
demandaient qu’à se faire ou se laisser connaître.
Le fournisseur habituel s’appelait Saint-Agnan-
Choler, un grand garçon qui avait l’air triste
comme un bonnet de nuit et qui semait la gaîté
à pleine main.
Sans Compter qu’il vous troussait le couplet! IL
y avait un poète dans ce vaudevilliste, un poète
qui vous faisait des trouvailles comme celle-ci :
Enfin, quand vous verrez des filles
Sans cœur, sans esprit, sans beauté,
Prendre les époux aux lamilles,
Vous reculerez hébété;
Et vous demanderez pourquoi
L’on achète à ces demoiselles
Le droit d’être honni chez elles,
Quand on peut être aimé chez soi.
A ce Bobino Bobinotant, le roi des bouibouis
passés, présents et probablement futurs, Gas-
pari gagna la bagatelle de 400,000 francs.
L me semble que ce précédent aurait été fait
pour tenter les imitateurs.
rAT*
Ce fut le tour ensuite des Folies-Marigny ; car
la rage de la bâtisse avait jeté Bobino par terre
et l’avait remplacé par une bête de maison en
pierres de taille.
Aux Folies-Marigny, d’abord consacrées à l’opé-
rette, Montrouge reprit le Bobinotage en sous-
ordre.
Déjà le recrutement des petites femmes était
devenu rudement plus difficile. Offrir trois francs
pour la soirée à une aimable personne qui pense
que sa nuit doit lui en rapporter trois cents est
une proposition délicate et souvent mal accueil-
lie.
Mais le papa Montrouge ne se laissait pas dé-
contenancer facilement. Il la connaissait dans les
coins, lui aussi.
Il savait trouver, d’ailleurs, des demoiselles à
diamants qui étaient enchantées de se faire pas-
ser presque gratis pour des artistos dramatiques.
Gaspari, revenu après lui à la charge, nous fît
contempler au carré Marigny la rayonnante El-
luini dans As-tu vu Vénus?
Ah! oui, on la voyait, je vous en réponds, de la
racine des cheveux à la pointe des pieds 1
Ce furent les derniers éclats du bouibouis, et,
bizarrerie du sort, voilà qu’il a chance de re-
naître aujourd’hui sur le même emplacement.
Si le directeur qui va jeter par terre l’aflreux }
Panorama de là-bas entend son affaire, il boui-
bouitera, je ne vous dis que ça. Il bouibouitera à
outrance.
Car, en vérité, je lui prédis la fortune, à celui
qui nous rendra ces soirées bon enfant, ces plai-
sirs à la va comme je te pousse, ces calembre-
daines sans prétention, et ces frétilleuses reliées
en rose dont le bouibouis passé sut si bien tirer
honneur et argent.
QUIYALA.
Le JOB est sans contredit le meilleur de? pa-
piers à cigarettes. Son usage tend à devenir
général dans le monde entier.
PLUME HUMBOLDT“D“
CHRONIQUE DU JOUR
Enfin, on a patiné. Le bois de Boulogne a fait con-
currence au Pôle Nord, et l’administration munici-
pale a aussitôt vu le moyen d’exploiter les lacs.
Le projet arrivera, d’ailleurs, au printemps, ou en
été.
Mais enfin la Ville met en adjudication pour une
période de six ans :
1° Le droit exclusif de louer des traîneaux sur le
grand lac ;
2° Le droit d’organiser sur le lac supérieur une
enceinte de patinage réservée.
Ceci est d’ailleurs parfaitement juste, le lac étant
envahi généralement par une foule de gens qui se
contentent de « regarder patiner ».
Quant à l’adjudicataire, il va jouer sur les varia-
tions du thermomètre comme sur un cheval de
courses.
Si les hivers sont rigoureux, c’est une fortune.
Si les hivers sont doux et fangeux, il fera bien de
mettre des avirons à ses traîneaux.
Les ouvriers des manufactures de l'Etat où se fa-
briquent les allumettes ont décidé de se syndiquer
et de se mettre en grève, si besoin est-
Si les camarades comptent sur eux pour allumer
l’incendie, espérons qu’ils se serviront des produits
qu’ils fabriquent.
Ce jour-là, nous n’aurons pas besoin de pom-
piers.'
On a eu beau dire que le Réveillon a été triste, le
nombre des indigestions annuelles et périodiques
n’a pas diminué.
La Compagnie du Gaz fait publier joyeusement
l’augmentation de bénéfices que lui a procurée la
dernière nuit de Noël : 117,213 francs.
Sans compter ce qu’a récolté l’électricité!
A propos d'électricité, on reparle du téléphone de
Paris à New-York. M. Gordon Bennett a promis
« ferme » un million de dollars à Edison s’il parve-
nait à lui établir une ligne téléphonique entre la Cin-
quième avenue et l’avenue de l’Opéra.
Que diront les bancs de morue, à Terre-Neuve,
en entendant monter des profondeurs de la mer le
classique : « Allô!... Allô!... »
On joue Siç/urd à Bordeaux. Le maestro Reyer est
parti samedi par le rapide, — non pas, comme on
pourrait le supposer, pour aller remercier les inter-
prètes, mais pour que le directeur du théâtre, qui
s’est livré à de nombreuses coupures malgré l’inter-
diction formelle de Reyer, sache que l’auteur de
Sigurd est à Bordeaux, — et ne mettra pas les pieds
dans la salle de spectacle.
Les grands musiciens ont des vengeances féroces !
Dernières nouvelles, par fil spécial ;
8 h. 45 matin : Le marché du boulevard de Clichy
est définitivement supprimé
10 h. 3 : Le marché du boulevard de Clichy est dé-
finitivement rétabli.
LE QUATRAIN D’HIER
A M. BERTRAND
Ne vous étonnez pas que la grande Adeline,
Tout en appréciant vos offres, les décline.
La Patti ne vient qu'en mangeant...
Beaucoup, beaucoup, beaucoup d’argent.
SIFFLET.
-—<*_-—■
UN DÉDAIGNÉ
LE CABINET DU PRÉFET DE POLICE
Un huissier, entrant. —Un monsieur demande
à parler à monsieur le préfet.
Le préfet, avec humeur. — Son nom?
L’huissier. — Il ne veut le dire qu’à monsieur
le préfet... Il prétend avoir de très graves révé-
lations à faire.
Le préfet, vivement. — Révélations?... Faites
entrer.
(.L’huissier introduit le visiteur.)
Le préfet. — Prenez donc la peine de vous
asseoir. {Il lui avance un fauteuil.) Puis-je
savoir?...
Le visiteur. — Monsieur le préfet, je viens
me dénoncer.
Le préfet, étonné. — Vous êtes bien le pre-
mier, par exemple... Les remords, sans doute?
Le visiteur. — Ma foi, non... Mais ç-a com-
mence à me vexer qu’on ne parle plus de moi
dans les journaux... On a son petit amour-pro-
pre, vous comprenez.
Le préfet. — Je vois que vous ne détestez pas
la réclame.
Le visiteur. — Je l’avoue.
Le préfet. — Voulez-vous avoir l’obligeance de
me dire votre nom?
Le visiteur.. — Chourinard.
Le préfet. — Chourinard? (Feuilletant son
dossier.) Dans quelle affaire financière?
Le visiteur, haussant les épaules. — Affaire
financière, moi? Quelle mauvaise plaisanterie !..
Le préfet, sévèrement. — Alors, monsieur,
que venez-vous faire ici?
Le visiteur. — Je vous l’ai dit... Je viens me
dénoncer.
Le préfet. — ??
Le visiteur. — Je suis l’assassin de la rue Bot-
zaris.
Le préfet. — Botzaris?... Connais pas.
Le visiteur. — Aux Buttes-Chaumont... C’est
moi qui ai coupé une femme en morceaux, vous
savez bien ?...
Le préfet, distrait. — Ah ! oui, il me semble
vaguement avoir entendu parler de ça dans le
temps... Eh bien, mon bon ami, que voulez-vous
que j’y fasse ?
Le visiteur, décontenancé. —Dame! du mo-
ment que j’avoue...
Le préfet, se croisant les bras. — Et c’est là
ces graves révélations que vous annonciez?...
Voilà pourquoi vous avez l’audace de déranger
en un pareil moment le chef de la police? (Sèche-
ment.) Veuillez vous retirer.
Le visiteur. — Mais...
Le préfet. — Sortez, vous dis-je !
(.Le visiteur sort. —Lepréfet sonne )
Le préfet, à U huissier.— François, si l’individu
qui vient de sortir ose se représenter ici, je vous
ordonne, entendez-vous, je vous ordonne de le
chasser immédiatement... lui comme ses pareils.
Un tas d’intrigants qui voudraient qu’on fût tou-
jours à s’occuper d’eux !... Allez, j’ai dit.
Michel Thivars..
LE CARNET D'UN ACTUALISEE
ON DEMANDE UN BOUIBOUIS
Peut-être le titre de cet article vous causera-
t-il une légère surprise.
— Demander un bouibouis I direz-vous. Mais
nous en sommes comblés, inondés, accablés 1
Pas le moins du monde. C’est ce qui vous
trompe.
Vous voulez parler sans doute des mille et un
cabarets à musique où l’on chante la grivoise-
rie.
Ou bien des nombreuses scènes privées qui
fonctionnent une ou deux fois par mois sous des
titres divers.
Tout cela n’est pas le bouibouis, le vrai, le
grand, celui dont nous eûmes trois spécimens
consécutifs et victorieux.
D’abord ils furent les Délass’-Com’, à l’heure où,
Sari gouvernant, la petite femme florissait en
même temps que la revue dans le sanctuaire du
boulevard du Temple.
Quelle joie c’était pour le fêtard que de pou-
voir, après un dîner bien arrosé, filer vers ces
parages lointains, où l’oeil trouvait pour régal
quelque minois inédit et l’oreille un flonflon d’ac-
tualité! é
Alexandre Flan et Ernest Bluin étaient les ap-
provisionneurs attitrés de ces flonflons-là. Quant
aux petites femmes, il y en avait encore alors
pour revêtir le maillot dans les prix doux. Et de
gentilles, et qui n’avaient pas encore servi à la
joie universelle !
Tandis qü’aujourd’hui...
DK
Ce fut le tour ensuite de ce brave Bobino, le
vrai, le seul, le Bobino de la rue Madame, où
Gaspari était roi et Mme Gaspari reine.
Il est resté mémorable, celui-là, et son succès
de Gare l'eau! — une revue jouée deux ans de
suite, —n’a jamais retrouvé de pendant.
C’était aussi un voyage au petit cours qu’une
i balade à Bobino, et le plaisir était accru par ce
déplacement obligatoire.
Pour les rive-droitiers, une vraie partie que
ce dépaysement là-bas, là-bas, tout près du
Luxembourg.
Pauvre vieux Bobino! Toi aussi, tu étais large-
ment approvisionné de pimpantes fillettes qui ne
demandaient qu’à se faire ou se laisser connaître.
Le fournisseur habituel s’appelait Saint-Agnan-
Choler, un grand garçon qui avait l’air triste
comme un bonnet de nuit et qui semait la gaîté
à pleine main.
Sans Compter qu’il vous troussait le couplet! IL
y avait un poète dans ce vaudevilliste, un poète
qui vous faisait des trouvailles comme celle-ci :
Enfin, quand vous verrez des filles
Sans cœur, sans esprit, sans beauté,
Prendre les époux aux lamilles,
Vous reculerez hébété;
Et vous demanderez pourquoi
L’on achète à ces demoiselles
Le droit d’être honni chez elles,
Quand on peut être aimé chez soi.
A ce Bobino Bobinotant, le roi des bouibouis
passés, présents et probablement futurs, Gas-
pari gagna la bagatelle de 400,000 francs.
L me semble que ce précédent aurait été fait
pour tenter les imitateurs.
rAT*
Ce fut le tour ensuite des Folies-Marigny ; car
la rage de la bâtisse avait jeté Bobino par terre
et l’avait remplacé par une bête de maison en
pierres de taille.
Aux Folies-Marigny, d’abord consacrées à l’opé-
rette, Montrouge reprit le Bobinotage en sous-
ordre.
Déjà le recrutement des petites femmes était
devenu rudement plus difficile. Offrir trois francs
pour la soirée à une aimable personne qui pense
que sa nuit doit lui en rapporter trois cents est
une proposition délicate et souvent mal accueil-
lie.
Mais le papa Montrouge ne se laissait pas dé-
contenancer facilement. Il la connaissait dans les
coins, lui aussi.
Il savait trouver, d’ailleurs, des demoiselles à
diamants qui étaient enchantées de se faire pas-
ser presque gratis pour des artistos dramatiques.
Gaspari, revenu après lui à la charge, nous fît
contempler au carré Marigny la rayonnante El-
luini dans As-tu vu Vénus?
Ah! oui, on la voyait, je vous en réponds, de la
racine des cheveux à la pointe des pieds 1
Ce furent les derniers éclats du bouibouis, et,
bizarrerie du sort, voilà qu’il a chance de re-
naître aujourd’hui sur le même emplacement.
Si le directeur qui va jeter par terre l’aflreux }
Panorama de là-bas entend son affaire, il boui-
bouitera, je ne vous dis que ça. Il bouibouitera à
outrance.
Car, en vérité, je lui prédis la fortune, à celui
qui nous rendra ces soirées bon enfant, ces plai-
sirs à la va comme je te pousse, ces calembre-
daines sans prétention, et ces frétilleuses reliées
en rose dont le bouibouis passé sut si bien tirer
honneur et argent.
QUIYALA.
Le JOB est sans contredit le meilleur de? pa-
piers à cigarettes. Son usage tend à devenir
général dans le monde entier.
PLUME HUMBOLDT“D“
CHRONIQUE DU JOUR
Enfin, on a patiné. Le bois de Boulogne a fait con-
currence au Pôle Nord, et l’administration munici-
pale a aussitôt vu le moyen d’exploiter les lacs.
Le projet arrivera, d’ailleurs, au printemps, ou en
été.
Mais enfin la Ville met en adjudication pour une
période de six ans :
1° Le droit exclusif de louer des traîneaux sur le
grand lac ;
2° Le droit d’organiser sur le lac supérieur une
enceinte de patinage réservée.
Ceci est d’ailleurs parfaitement juste, le lac étant
envahi généralement par une foule de gens qui se
contentent de « regarder patiner ».
Quant à l’adjudicataire, il va jouer sur les varia-
tions du thermomètre comme sur un cheval de
courses.
Si les hivers sont rigoureux, c’est une fortune.
Si les hivers sont doux et fangeux, il fera bien de
mettre des avirons à ses traîneaux.
Les ouvriers des manufactures de l'Etat où se fa-
briquent les allumettes ont décidé de se syndiquer
et de se mettre en grève, si besoin est-
Si les camarades comptent sur eux pour allumer
l’incendie, espérons qu’ils se serviront des produits
qu’ils fabriquent.
Ce jour-là, nous n’aurons pas besoin de pom-
piers.'
On a eu beau dire que le Réveillon a été triste, le
nombre des indigestions annuelles et périodiques
n’a pas diminué.
La Compagnie du Gaz fait publier joyeusement
l’augmentation de bénéfices que lui a procurée la
dernière nuit de Noël : 117,213 francs.
Sans compter ce qu’a récolté l’électricité!
A propos d'électricité, on reparle du téléphone de
Paris à New-York. M. Gordon Bennett a promis
« ferme » un million de dollars à Edison s’il parve-
nait à lui établir une ligne téléphonique entre la Cin-
quième avenue et l’avenue de l’Opéra.
Que diront les bancs de morue, à Terre-Neuve,
en entendant monter des profondeurs de la mer le
classique : « Allô!... Allô!... »
On joue Siç/urd à Bordeaux. Le maestro Reyer est
parti samedi par le rapide, — non pas, comme on
pourrait le supposer, pour aller remercier les inter-
prètes, mais pour que le directeur du théâtre, qui
s’est livré à de nombreuses coupures malgré l’inter-
diction formelle de Reyer, sache que l’auteur de
Sigurd est à Bordeaux, — et ne mettra pas les pieds
dans la salle de spectacle.
Les grands musiciens ont des vengeances féroces !
Dernières nouvelles, par fil spécial ;
8 h. 45 matin : Le marché du boulevard de Clichy
est définitivement supprimé
10 h. 3 : Le marché du boulevard de Clichy est dé-
finitivement rétabli.