DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.8774#0115
Pag. 67
DISSERTATION
SUR LA
C A F R E R I E
ET LE CAP DE
BONNE ESPERANCE
DE LA CAFRERIE.
Our finir nos Dissertations sur l'Afri-
que par le Cap de Bonne Esperance,
[je croi devoir auparavant donner une
idée de la Cafrerie dans laquelle il
est situé. On appelle ainsi l'Ethiopie
Jinférieure, ou l'Afrique Australe qui
s'étend de la Ligne vers le Sud juiques au Cap de
«onne Esperance à la hauteur de trente-cinq de-
grez. Ou plùtôt la Cafrerie occupe la meilleure
partie de ce que nous appelions l'Ethiopie inférieu-
re , qui est environnée de l'Océan au Levant, & qui
confine au Midi, au Couchant & au côté du Nord
à cette vaste étendue que l'on nomme Afrique Sep-
tentrionale ou Ethiopie superieure. La Cafrerie
est ainsi nommée pour être habitée par des Castes,
mot Arabe qui signifie hommes sans loi ; quoique
ce nom convienne plus particulièrement aux Na-
tions qui se trouvent sur la Côte Orientale, depuis
le Cap Delgado , qui est à 10. degrez , io. m. de
Latitude Méridionale , jusqu'au Cap de Bonne Ll-
perance ; parce que les Arabes qui donnèrent le
nom de Cafres à ces Barbares, n'ont jamais pâlie a
h Côte Occidentale ; & que les Portugais de 1 Eu-
rope , ni ceux du Bresil n'appellent point Casres,
les habitans d''Angola* de Ben%ola,& les autres Na-
tions des Nègres Occidentaux, qui sont tous leur
domination.
Il y a dans cette partie Orientale de l'Afrique Aus-
trale, beaucoup de Seigneuries, de Républiques li-
bres & de Roiaumes , dont les plus considerables,
& les plus connus sont les deux Empires àn Mono-
vnotapa & des Bororos : l'un & l'autre sont feparez
Par la Rivière de Zambeze , le premier à l'Occi-
dent , & le dernier à l'Orient. Cette Rivière ar-
rose presque toute la Casrerie ; sa source est si éloi-
gnée ou si cachée, qu'on n'est pas encore parvenu
jusques à present à la découvrir ; parce que toute
l'attention des Portugais dans cette Conquête , ne
tend qu'à la traite de l'or & de l'argent , sans être
curieux d'aucune autre recherche. En attendant
cette découverte , nous pouvons toujours allurer
que la Rivière de Zambeze , après avoir parcouru
une grande partie de l'Afrique, & avoir reçu dans
son sein plulieurs autres sleuves, vient se jetter dans
la Mer Orientale par deux bouches éloignées l'une
de l'autre de 30. lieues. La première embouchure
qui est la plus proche de Moçambique, est la Barre
de Quiiimane dont l'ouverture est à l'Elt. La sé-
conde qui est plus proche du Cap de Bonne Espe-
rance eit celle de Luabo. Entre ces deux Barres,
il y a trois Iles, dont celle du milieu est la plus gran-
de , & peut avoir 30. lieues d'étendue juiques à la
gorge de la Rivière, qui serpentant de là en avant,
remonte vers le Nord, & fait une bonne route par
où l'on va parer au Lac de Zembre : Chingoma est
le nom de cette Ile. Il y a eu autrefois une habita-
tion nommée Citama , qui a donné lieu aux Portu-
gais d'appeller tout ce Pais, Rivières de Cuama:
je dis Rivières, & non pas Rivière ; car, quoique
ce n'en soit qu'une seule, elle parait sc diviser en
beaucoup d'autres , partageant le terrain en diver-
ses Iles par la quantité de bras qu'elle sait.
La deuxième Ile est celle de L'mde , qui a sept
lieues de long ; elle elt vis avis la terre terme de
Quiiimane, & en forme la Barre.
La troiliéme qui est la plus petite , est du côté
de Luabo. Les deux barres de Quiiimane & de
Luabo peuvent contenir des Vaissèaux de cent ton-
neaux ; cependant les Portugais ne fréquentent que
celle de Quiiimane, comme étant la plus sûre.
Mais avant que de quitter la Côte Orientale , ii
est à propos de saire un peu connoitre les Peuples
qui l'habitent. La plupart de ces Barbares , sur
tout ceux qui tirent vers le Cap de Bonne Esperan-
ce , sont beaucoup moins noirs que les autres Na-
tions de l'Afrique. Leur couleur livide & balanée
aproche fort de celle des Mulâtres. Dans tout le
reste , ils sont très~ressemblants pour les cheveux,
R 2 le
/
DISSERTATION
SUR LA
C A F R E R I E
ET LE CAP DE
BONNE ESPERANCE
DE LA CAFRERIE.
Our finir nos Dissertations sur l'Afri-
que par le Cap de Bonne Esperance,
[je croi devoir auparavant donner une
idée de la Cafrerie dans laquelle il
est situé. On appelle ainsi l'Ethiopie
Jinférieure, ou l'Afrique Australe qui
s'étend de la Ligne vers le Sud juiques au Cap de
«onne Esperance à la hauteur de trente-cinq de-
grez. Ou plùtôt la Cafrerie occupe la meilleure
partie de ce que nous appelions l'Ethiopie inférieu-
re , qui est environnée de l'Océan au Levant, & qui
confine au Midi, au Couchant & au côté du Nord
à cette vaste étendue que l'on nomme Afrique Sep-
tentrionale ou Ethiopie superieure. La Cafrerie
est ainsi nommée pour être habitée par des Castes,
mot Arabe qui signifie hommes sans loi ; quoique
ce nom convienne plus particulièrement aux Na-
tions qui se trouvent sur la Côte Orientale, depuis
le Cap Delgado , qui est à 10. degrez , io. m. de
Latitude Méridionale , jusqu'au Cap de Bonne Ll-
perance ; parce que les Arabes qui donnèrent le
nom de Cafres à ces Barbares, n'ont jamais pâlie a
h Côte Occidentale ; & que les Portugais de 1 Eu-
rope , ni ceux du Bresil n'appellent point Casres,
les habitans d''Angola* de Ben%ola,& les autres Na-
tions des Nègres Occidentaux, qui sont tous leur
domination.
Il y a dans cette partie Orientale de l'Afrique Aus-
trale, beaucoup de Seigneuries, de Républiques li-
bres & de Roiaumes , dont les plus considerables,
& les plus connus sont les deux Empires àn Mono-
vnotapa & des Bororos : l'un & l'autre sont feparez
Par la Rivière de Zambeze , le premier à l'Occi-
dent , & le dernier à l'Orient. Cette Rivière ar-
rose presque toute la Casrerie ; sa source est si éloi-
gnée ou si cachée, qu'on n'est pas encore parvenu
jusques à present à la découvrir ; parce que toute
l'attention des Portugais dans cette Conquête , ne
tend qu'à la traite de l'or & de l'argent , sans être
curieux d'aucune autre recherche. En attendant
cette découverte , nous pouvons toujours allurer
que la Rivière de Zambeze , après avoir parcouru
une grande partie de l'Afrique, & avoir reçu dans
son sein plulieurs autres sleuves, vient se jetter dans
la Mer Orientale par deux bouches éloignées l'une
de l'autre de 30. lieues. La première embouchure
qui est la plus proche de Moçambique, est la Barre
de Quiiimane dont l'ouverture est à l'Elt. La sé-
conde qui est plus proche du Cap de Bonne Espe-
rance eit celle de Luabo. Entre ces deux Barres,
il y a trois Iles, dont celle du milieu est la plus gran-
de , & peut avoir 30. lieues d'étendue juiques à la
gorge de la Rivière, qui serpentant de là en avant,
remonte vers le Nord, & fait une bonne route par
où l'on va parer au Lac de Zembre : Chingoma est
le nom de cette Ile. Il y a eu autrefois une habita-
tion nommée Citama , qui a donné lieu aux Portu-
gais d'appeller tout ce Pais, Rivières de Cuama:
je dis Rivières, & non pas Rivière ; car, quoique
ce n'en soit qu'une seule, elle parait sc diviser en
beaucoup d'autres , partageant le terrain en diver-
ses Iles par la quantité de bras qu'elle sait.
La deuxième Ile est celle de L'mde , qui a sept
lieues de long ; elle elt vis avis la terre terme de
Quiiimane, & en forme la Barre.
La troiliéme qui est la plus petite , est du côté
de Luabo. Les deux barres de Quiiimane & de
Luabo peuvent contenir des Vaissèaux de cent ton-
neaux ; cependant les Portugais ne fréquentent que
celle de Quiiimane, comme étant la plus sûre.
Mais avant que de quitter la Côte Orientale , ii
est à propos de saire un peu connoitre les Peuples
qui l'habitent. La plupart de ces Barbares , sur
tout ceux qui tirent vers le Cap de Bonne Esperan-
ce , sont beaucoup moins noirs que les autres Na-
tions de l'Afrique. Leur couleur livide & balanée
aproche fort de celle des Mulâtres. Dans tout le
reste , ils sont très~ressemblants pour les cheveux,
R 2 le
/