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Chatelain, Henri Abraham; Gueudeville, Nicolas [Hrsg.]
Atlas Historique, Ou Nouvelle Introduction A l'Histoire, à la Chronologie & à la Géographie Ancienne & Moderne: Représentée dans de Nouvelles Cartes, Où l'on remarque l'établissement des Etats & empires du Monde, leur durée, leur chûte, & leurs differens Gouvernemens ... (Band 6): Qui comprend l'Afrique & l'Amerique Septentrionale & Meridionale, tant en général qu'en particulier; l'Egypte, la Barbarie, la Nigritie, la Guinée, l'Ethiopie, le Congo, la Cafrerie & le Cap de Bonne Esperance; la Canada ou la Nouvelle France, la Louisiane ou le Mississipi, la Virginie, la Floride, le Mexique, le Perou, le Chili & le Bresil; avec les Iles de Madagascar, les Philippines, les Moluques, les Antilles & l'Ile de Ceylan — Amsterdam, 1732

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https://doi.org/10.11588/diglit.8774#0138
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Pag. 85

DISSERTATION
• SUR LE

C A N



OU LA

NOUVELLE FRANCE.


Epuis l'année 15-04. que les Fran-
çois découvrirent ce grand Pais, ils
lui ont donné le nom de Nouvelle
France. Les Efpagnols en avoient
ait la découverte les premiers;
mais comme ils n'y trouvèrent
rien de considérable après y avoir
mis pié à terre , ils n'eurent pas
de peine à L'abandonner , & le njmmerent Capo di
nada, c'elt-a-dire le Ca?> de rien, d'où eft venu par
corruption le m m de Canada qu'on lui donne com-
munément dans les Cartes. On renserme sous ce
nom toute cette vaste Région de l'Amérique Sep-
tentrionale qui a le Nouveau Mexique au Couchant,
la Floride au Midi, & qui eft bornée au Levant par
la Mer du Nord, laquelle jointe au Détroit de Hud-
son & la Mer Cbriltiana la iépare vers le Nord des
Terres Arctiques. Jean Verafan sut le premier
qui découvrit ce Païs ; mais il paya fa curiosité de
sa vie. Jaques Cartier y alla enl'uite, qui, quoi-que
plus heureux dans la Navigation , revint en France
sort dégoûté de cePais-là. Ensin on y envoya d'au-
tres Navigateurs qui reconnurent mieux le Fleuve
St. Laurent, & vers le commencement du dernier
siécle une Colonie partie de Rouen tenta de s'y éta-
blir malgré les Sauvages. Elle s'arrêta fur les Co-
tes voisines de Québec, ville Capitale du Païs, fituée
fur les bords de ce fleuve ; sur quoi il saut remar-
quer que l'on n'entend pas ici par le mot de Côtes,
les Montagnes, Dunes, ou toute autre sorte de ter-
rain qui retient la Mer dans ses bornes, mais cer-
taines Seigneuries, écartées les unes des autres de
deux ou trois cens pas,qu'on appelleroit en France
Bourgs ou Villages. Mais ces noms font inconnus
en ce Pais, où ce feroit saire tort aux Habitans,
que de les nommer Païfans ou Villageois,puisqu'ils
font riches , qu'ils ne payent ni fel ni taille , qu'ils
chalî'ent & pèchent librement, & qu'en un mot ils
vivent plus à leur aise que quantité de Nobleffe.de-
labrée de France. Gomme tout ce terrain n'étoit
Tom.VI.

qu'un Bois de haute sutaye, les nouveaux venus ne
furent point embarafîez de trouver du fonds, on
les mit à même, & on leur en donna tant qu'ils ai
voulurent déi richer. Les plus pauvres eurent jus-
qu'à quatre arpens de terre de sront, en prenant
l'arpent pour un efpace de cent perches en quar-
é, chacune de 18. piés de long. Ils furent obligez

re

de couper les arbres & d'en tirer les fouches, avant
que d'y pouvoir mettre la charrue. Ce fut à la vé-
rité un embarras & une grande dépense dans les
commencemens, mais ils en surent bien dédomma-
gez dans la suite, ces terres vierges raportant au
centuple dès qu'on les peut femer. C'est au mois
de Mai que le blé fe sème , & la récolte s'en fait à
la mi-Septembre. On n'y bat point les gerbes fur
le champ, mais on les serre dans la grange, & l'on
ne prend le sléau qu'en Hiver, parce qu'alors le grain
se fépare plus facilement de l'épi. On y sème au£R
de ces petits pois dont oh sait tant de cas sur les ta-
bles délicates, & dont les amateurs delà bonne chè-
re achètent fi chèrement la nouveauté. Tous les
grains y sont sort communs, aussi bien que là vian-
de & la volaille, le bois n'y coûte que U'traniport,
en un mot on vit sort commodément & à bon mar-
ché dans eePaïSrlà.
Il sut habité dans les commencemens par deux
sortes de gens 5 les uns vinrent de France a' ec quel-
qu'argent pour s'y établir: les autres étoient des Os-
ficiers & des Soldats du Régiment de Carignan,
qui se voyant cassez vers lé milieu du dernier lïècle,
vinrent en ce Pais changer l'épée en bêche,& quit-
tèrent le métier de la guerre pour l'agriculture. Les
Gouverneurs Généraux leur donnèrent d'abord dès
conceslions pour trois ou quatre lieues de sront, &
aux Soldats autant de terrain qu'ils fbuhaiterent,
moyennant un Ecu de fief par arpent. Tous se mi-
rent à défricher la terre. Les arbres aùlii vieux
que le fonds qui les portoit, tombèrent fous les
coups redoublez. Les prosondes racines firent
place aux silions ; & bientôt ces campagnes hesif-
Y iées
 
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