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Chatelain, Henri Abraham; Gueudeville, Nicolas [Editor]
Atlas Historique, Ou Nouvelle Introduction A l'Histoire, à la Chronologie & à la Géographie Ancienne & Moderne: Représentée dans de Nouvelles Cartes, Où l'on remarque l'établissement des Etats & empires du Monde, leur durée, leur chûte, & leurs differens Gouvernemens ... (Band 6): Qui comprend l'Afrique & l'Amerique Septentrionale & Meridionale, tant en général qu'en particulier; l'Egypte, la Barbarie, la Nigritie, la Guinée, l'Ethiopie, le Congo, la Cafrerie & le Cap de Bonne Esperance; la Canada ou la Nouvelle France, la Louisiane ou le Mississipi, la Virginie, la Floride, le Mexique, le Perou, le Chili & le Bresil; avec les Iles de Madagascar, les Philippines, les Moluques, les Antilles & l'Ile de Ceylan — Amsterdam, 1732

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https://doi.org/10.11588/diglit.8774#0127
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9

«g» 71

DISSERTATION GENERALE

SUR

LAMERIQ UE.


i Ous voici au grand, au riche , &
jau puilTant Aiman des Européens,
i L'Europe est la moindre Partie de
la Terre dans le partage qu'il a plu
(aux Hommes d'en faire : mais il
Semble qu'elle vile à se dédomma-
ger de ion peu d'étendue, en cherchant ardem-
ment les biens que la Nature lui a refusé ; &
dont cette Mere commune , qui, sans doute, eit
bien éloignée d'aimer également ses Enfans, a
été prodigue à certains Pais. En esfet , regne-t-
il au Monde une émulation plus vive , plus em-
prelsée pour les fruits des Voyages de long cours,
des nouvelles découvertes, & du Commerce avec
les Peuples les plus reculez? La fatigue & le péril,
les incommoditez & les souffrances ne sont point
capables de rebuter nos Gens ; & si dans une tem-
pête qui ne presente que la mort, dans une disette
aireuie, dans la privation de l'agréable & du ne-
ceslaire , le repentir les prend , regretant dans ces
îUomens terribles la sureté de la vie & la dou-
ceur du repos , à peine ont-ils recouvré cet ai-
mable trésor , à peine sont-ils retournez chez
eux , qu'emportez par l'espoir de la Fortune, ils
ne peniënt qu'à courir à de nouveaux dangers.
Mais quoi que l'avarice & l'avidité du gain
ayent fait parcourir l'Asie & l'Afrique , ce n'étoit
rien en comparaison de l'Amérique. Depuis qu'on
a connu ce vaste Continent, avec quelle ardeur n'a-
t-on point tâché d'en profiter ? On peut dire sans
exagération , qu'il eit venu de là des richesTes im-
menses. Il ne pouvoit peut-être pas arriver aux
Naturels du Païs un plus grand malheur que cette
découverte : on leur a ôté , en les mettant sous le
joug , le plus précieux de tous les biens, je veux
dire la liberté : pillez , dépouillez, on a exercé
contre eux des cruautez horribles : enfin ces pau-
vres Mortels dont tout le crime étoit d'être nez,
sans le savoir , les Depositaires des Trésors de la
Nature, éprouvèrent les effets les plus funeites,
les plus criants, de l'Injustice , de la Violence; &
pendant qu'on faisoit sormer bien haut le zele E-
vangelique pour travailler au salut éternel de ces
Nations, on les traitoit d'une manière anti-chré-
tienne, & tout opposée à la Morale de l'Evangile;
& cela pourquoi ? Parce qu'ils employoïent les
moyens légitimes pour défendre leurs droits natu-
rels. Mais venons au fait.
Avant que de donner une idée générale de l'A-
mérique , ferai-je mal de raporter ici l'Histoire de
sa découverte ? A tout hazard, voici ce curieux
Tom. VI.

morceau. Au quinzième siècie, Christophe Co-
lomb de Cugures > en Latin Columbus de Terres
Nigra, petit village sur la Rivière de Gènes, & con-
séquemment sujet de cette fameulè République,
s'éleva dans l'Europe , & lui rendit un sprvice im-
portant. Cet homme nouveau avoit fait de bonnes
études : mais son application principale > son génie
dominant étoit la Cosmographie ; il faisoit même '
des Cartes marines, & il en trafiquoit. Sa réuili-
te dans une telle occupation lui inspira le deiir de
connoître le Globe Terreilre ; & il s'avisa de vou-
loir pénétrer jusqu'aux Antipodes ; pouvoit-il pous-
ser la curiolité plus loin?
Colomb, pour suivre son panchant naturel, se
jette donc dans la Navigation: il voyage souvent
en Portugal ; & en homme qui veut se perfection-
ner dans Ion Art, sur tout aiant les Antipodes dans
la tête , il navige de toute son attention. Obser-
vant que du côté Occidental, ilsoufloit, en cer-
taines saisons, des vents qui continuoient avec la
même égalité, il tira de là une conséquence qui
jusques alors avoit échapé à la pénétration des Na-
vigateurs : il faut , concluoit cet habile Marin , il
faut necessairement que ces vents réglez viennent
d'un endroit qui soit au delà de la Mer, ci que
cette terre-là ne soit pas connue en Europe.
Fortement persuadé par la juiteiTe & par la soli-
dité de ce raisonnement, il se resolut à en faire va-
loir l'importance; & un limple particulier ne pou-
vant pas exécuter un tel projet sans le secours de
quelque Puissance , notre Cosmographe s'adresTa
iucceisivement à trois Souverains, les Génois ses
Maîtres naturels, Henri VIII. Roi d'Angleterre,
& Dom Jean Deuxième, Roi de Portugal. Colomb
demandoit, par sa Requête , qu'on voulût bien
fournir quelques Vaisîèaux & se charger des frais
de l'entreprise. Le "Découvreur fut rejetté, tant de
sa République , que dans les deux Cours ; & par
tout on le traita de Visionnaire & de Chimérique:
tant il eit vrai qu'un Prince qui veut remplir ses en-
gagemens, & procurer le bien de ses sujets, doit
écouter tout, & ne rien refuser qu'après un mûr
& profond examen , sans s'arrêter aux apparences
d'impossibilité.
Colomb , ne se décourageant point d'un si mau-
vais début , encore moins de l'air dur & brutal
dont un certain Evêqûe de Portugal, qui peut-
être n'entendoit pas mieux cesmatieres-làquel'ad-
ministration de son Diocèse & la pâture de ses
Ouailles, avoit reçu son avis, alla faire une autre
tentative en Espagne. Là voyant son dessèin fort
V ap»
 
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