DES EMPEREURS D’ORIENT. 44î |
j jeune Alexis. Les seules viiles de Pruse & de Nicée
j lui réfuserent robéiisance. Andronic, les ayant ré-
3 duites, y commit des cruautés inouies. L’an 1185,
Giiillaume, Roi de Sicile, excité par Alexis , neveu
de l’Empereur Manuel, entreprit la conquête de
l’Empire Grec. Dans ce delsein, il fait partir une
ssotte avec une forte armée de terre. Ses Généraux,
après avoir pris Duras le 14 Juin, Theisaionique le
z 5 Août suivant, marchent droit à Constantinople.
Andronic envoie contre eux un corps de troupes,
qui fut mis en fuite au premier choc. Furieux de ce I
revers , il s’en prit à plusteurs Seigneurs de Constan-
tinople, qu’il soupçonnoit faussTement d’intelligences
avec i’ennemi. 11 en fit mourir la plupart. Du nombre
de ces innocentes vhftimes devoit ètre Isaac l’Ange,
qui lui étoit d’ailleurs odieux, parce que le peuple 9
l’aimoit. Isaac se sauve dans l’Egiise de Sainte Sophie, 1
où ie peuple, s’étant attroupé, le proclame Empe- |
reur. Àndronic, à cette nouvelle, veut s’enfuir par S
mer. Ii est pris, chargé de chaînes, ôc ramené aux
R O I S D E J É
1185, au Roi, son oncle , qui l’avoit fait couronner à l’âge de
y ans, le 20 Novembre 1183. ( Will. Tyr. p. 1041. ) Le Comte
de Tripoli continua d’exercer la Régence , Sc Joscelin , Tuteur
du jeune Prince, son petit neveu, Pemmena à S. Jean d’Acre
pour l’élever. L’année suivante fut une année de stérilitc causée
par la sécherelsc. Le Régent, dans Ia crainte que le pays ne fût
désolé par la famine, conclut, de l’avis des Barons , une tréve de
1 4 ans avec Saladin 3 ce qui Iui facilita les moyens dc faire venir
des vivres du dehors en Palestine, & de la sauver par là du sséau
qu’elle appréhendoit. (Bern. Tkesaur.) Mais la mcme année
j Baudouin mourut à S. Jean d’Acre, vers le commencemcnt de
j Septembre, non sans soupçon depoison, malgré les précautions
qu’on avoit prises pour mettre scs jours en sûreté.
IX. GUI D E LUSIGNAN.
118C Gui de Lusignan , beau-pere deBaudouinY, se fît
i courormer P..oi de Jérusalem à la mi-Septembre 1186, par le
! crédit de Sibylîe , sa femme, mere du Roi défunt, & les intri-
gues des Chevaliers du Temple. Ce couronnement irrita la jalou-
] fîe de Raymond , Comte de Tripoli, qui prétendoit avoir des
! droits sur un trônc qu’il soutenoit depuis trois ans. Plusieurs
1 Barons épouserent sa quereiic 3 & c’est ce qui attira la ruine en-
! tiere du Ro-yaume de Jérusalem. Un autre événement contribua
I encore à cc malheur. Renaud de Châtillon , Prince de Krac , &
! ci-devant Régent d’Antioche , ayant enlevé 1111e caravane de
R U S A L E M.
Musulmans, qui passoit devant son Château pour aller à la Mec-
que, refusa de rendre Ics prisonniers dont Saladin demandoit la
liberté. Le Sultan, irrité de ce refus, entre sur les terres des
Chrétiens avec plus de 30 mille hommcs. Afdhal, son iils, chef
de l’avant-garde, défait, Ie i Mai 1187, lcs deux Grands-Maî-
tres de FHôpital & du Temple; après quoi le pere marcha vers
Tibériade , emporta d’assaut la viîle , & fut arrêté par la brave
résistance de la Citadelle. Gui dc Lusignan , & tous les Princes
Chrétiens, volerent au secoursde la place. Là, ou plutôt à Hit-
tin , dans le voisinage de Tibériade , se donna un cornbat qui
commença le 3 Juillet & dura trois jours. Les Chrétiens , acca-
blcs par le nombre & abattus par la soif, la faim & la fatigue ,
furent entièrement défaits. Du nombre des prisonnicrs furent le
Roi, le Prince d’Antioche , le Grand-Maître du Temple 3 & ce s
qu’il y eut de plus fâchcux, la vraie Croix , qu’on avoit portéc à 3
cctte bataille, tomba entre les mains des Infîdeles, cornrne au- |
trefois l’Arche entre les mains des Philistins. Omar, neveu de j
Saladin , en la présentant à ce Prince , lui dit : 11 paroît, par
la défolation des Francs, que ce bois nejî pas le moindre fruit 1
de ta vicioire. Saladin rentrc dans son camp fait amener dans sa
tente les prisonniers les plus distingucs dc l’armée vaincuc. Le
Roi de Jérusalem, à qui l’excèsde la soif permettoit à pcine de !
respirer , parut à leur tête. Le Sultan lui fait incontinent verser :
à boire, dans la crainte dc perdre par sa mort la rançon qu’il es- i
péroit de lui. Lusignan , après s’ctre désaltcré, veut rendre le !
PRINCES LATINS, ou
j livrer à grande et à petite force, et s’engage même à la lui abandon-
ner en toute propriété, s’il peut le rendre maître de Césarée , d’Alep
ct de leurs dépendances. L’Empcreur satisfait donne à Raymond
l’investiture de sa Principauté, fait arborer son pavillon surla plus
haute tour d’Antioche , et ramene son armée en Cilicie pour y
passer l’hiver qui étoit proche. 11 revient au printems suivant,
comme il l’avoit promis , pour faire le siége de Césarée. Le Prince
d’Antioche et le Comte d’Edesse lui amenent des troupes devant
cette place. Mais au lieu de seconder ses efforts , ils passent le tems
à jouer et à se divertir. L’Empereur , indigné de cette conduite,
traite avec les assiégés pour une somme considérable qu’ils lui of-
frent, leve le siége, et se rend avec ses fils et son armée à Antioche,
où il fait son entrée à cheval, accompagné du Prince et du Comte
qui tiennent à pied les rênes de son cheval. Pendant lc séjour qu’il y
fàit, s’étant avisé d’exiger de Raymond qu’il lui livrât le Château
| pour y mettre garnison , il excite par là une sédition qu’il ne peut
appaiser qu’en se désistant de sa demande eten sortantde la ville.
Raymond et le Comte d’Edesse viennent le trouver dans son camp
pour lui faire des excuses qu’il admet du moins en apparence ; après
quoi il reprend la route de Constantinople. L’an 1142, il revient en
forces dans la Syrie sur les pressantes sollicitations du Prince d’An-
tiochc, dont le pays étoit ravagé par les Turcs. 11 assiége, le 25 Sep-
tembre, ces Infideles dans une ville nommée Guast par Guillaume de
Tyr, et lorsqu’il est près de prendre la place, il mande à Raymond
qu’àson retour il ait à lui livrer, suivant leurs conventions, sa ca-
pitale avec le Château. Raymond se tire d’affaire en lui envoyant le
Patriarche et les principaux de la ville , qui lui déclarent que Ray-
| mond, de son privé moüvement, n’a pu lui soumettre une Souve-
! raineté qui appartenoit à sa femme, et que si les deux époux persis-
1 tent à maintenir le traité, ils sont disposés à les chasser l’un et l’au-
1 tre ct à se donner un nouveau maître. L’Empereur , sur cette décla-
1 ration, ravage les environs d’Antioche; après quoi il ramene son
I armée en Cilicie où il meurt au mois d’Avril de l’année suivante. 11
S eut dans son successeur un vengcur ardent. L’an 1144 ? l’Empereur
! Manuel Comnene fait partir une ssotte avec une armée de terre
jj pour aller punir Raymond des insultes faites à son pere devant An-
1 tioche. Plusieurs victoires remportées sur lui par les Grecs dans le
| cours de la même année , le réd.uisent à se rendre à Constantinople
1 pour demander la paix. Manuel refusa de le voir , qu’il n’eût été au-
1 paravant au tombeau de son pere laire une sorte a’amende hono-
| rable. 11 l’admet ensuite à son audience, et reçoit son serment de
! iidélitc. (LeBcau. ) L’an 1148, Raymond vit arriver dans sa capi-
|j tale Louis lc Jeune, R.oi de France , avec la Reine Eléonore, son
FRANCS D’ANTIOCHE.
épouse , et niece de Raymond. La réception flit màgnifique ; mais
Raymond n’ayant pu engager Louis à lui donner du secours pour
se rendre maître de Césarée et d’Alep, ils se séparerent mécontens
l’un de l’autre. L’an 1149, Raymond fut tué, le 27 Juin, dans une
bataille qu’il avoit iivrée imprudemment contre Noradm , Sultan
d’Alep. G’est peut-être sans fondement qu’on l’accuse cl’avoir été le
principal auteur de l’affreuse trahison des Chrétiens de Syrie , qui
obligea les Croisés de lever le siége de Damas. 11 eut de son mariage
deux fils et deux filles. Les fds sont Boémond qui suit, et Baudoui.n
mort dans l’enfance , suivant le R Sébast. Paoli. D’autres disent
qu’étant passé à la Cour de Constantinople, il mourut au service de
l’Empereur Manuel en 1174. Les filles sont Marie, nommée None,
c’est-à-dire étrangere, par Nicetas, et Constance, mais mal, parle
Continuateur de Sigebert, laquelle épousa , l’an 1161 , Manuel,
Empereur de Constantinople ; et Philippe, rnariée à l’Einpereur An-
dronic Comnene, puis à Humphroi de Thoron, Connétable de Jé-
rusalem. Raymond étoit d’une force et d’une habileté dans l’art mi-
litaire qui l’ont fait nommerpar Cinname, auteur Grec, unsccond.
Hercule.
IV. RENAUD ETLA même CONSTANCE.
1149. Constance , après la mort de R.aymond, son époux, resta
en possession de la Principauté d’Antioche et coinme propriétaire
et comme tutrice de Boémond son fils. N’ayant encore alors que
22 ans, elle 11’étoit pas disposée à passer le reste de ses jours dans la 1
viduité. L’Empereur Manuel lui fit demander sa main pour le César |
Roger, veuf alors de la Princesse Marie Comnene , lille aînée de g
l’Empereur Jean. Constance donna la préférence à Renaud ds
ChÂtillon , Seigneur de Krac et de Montreal, dans i’Arabie pé-
trée, qu’il avoit de son premier mariage avec Stephanie, fille de j
Philippe de Naplouse, qui fut depuis Grand-Maître des Chevaliers j
du Temple. Pienaud étoit petit-fils, parHenri, son pere , de Gau-
tier, Seigneur de Châtillon sur Marne, au diocèse de Soissons, et
d’Ermengarde de Choisi. Sa mere , nommée aussi Ermengarde, j
fille d’Alberic, dit Payen, Seigneur de Montjai, hérita de cette j
Terre cpie son époux joignit à cclle de Châtillon. Renaud avoit un j
frere aîné, Gautier II, avec lcquel il étoit venu à la serre-Sainte, en 1
1147, à la suite du Roi Louis le Jeune, et qui fut tué 1 annee sui-
vante par les Turcs dans les gorges de Laodicee, sans laisser d en- j
fans d’Adele de Rouci, son épouse, fille de Hugues Cholet, Comte j
de Rouci; un autre frere, nomrae Gervais, qui fut Chanoine de |
Reims, etunesœur, Elisabeth , femmede shibaut de Crépi, Sei- 1
gneur de Nanteuil-Haudouin. Renaud n’étoit donc pas un soldat de |
Jome 1. V j.
j jeune Alexis. Les seules viiles de Pruse & de Nicée
j lui réfuserent robéiisance. Andronic, les ayant ré-
3 duites, y commit des cruautés inouies. L’an 1185,
Giiillaume, Roi de Sicile, excité par Alexis , neveu
de l’Empereur Manuel, entreprit la conquête de
l’Empire Grec. Dans ce delsein, il fait partir une
ssotte avec une forte armée de terre. Ses Généraux,
après avoir pris Duras le 14 Juin, Theisaionique le
z 5 Août suivant, marchent droit à Constantinople.
Andronic envoie contre eux un corps de troupes,
qui fut mis en fuite au premier choc. Furieux de ce I
revers , il s’en prit à plusteurs Seigneurs de Constan-
tinople, qu’il soupçonnoit faussTement d’intelligences
avec i’ennemi. 11 en fit mourir la plupart. Du nombre
de ces innocentes vhftimes devoit ètre Isaac l’Ange,
qui lui étoit d’ailleurs odieux, parce que le peuple 9
l’aimoit. Isaac se sauve dans l’Egiise de Sainte Sophie, 1
où ie peuple, s’étant attroupé, le proclame Empe- |
reur. Àndronic, à cette nouvelle, veut s’enfuir par S
mer. Ii est pris, chargé de chaînes, ôc ramené aux
R O I S D E J É
1185, au Roi, son oncle , qui l’avoit fait couronner à l’âge de
y ans, le 20 Novembre 1183. ( Will. Tyr. p. 1041. ) Le Comte
de Tripoli continua d’exercer la Régence , Sc Joscelin , Tuteur
du jeune Prince, son petit neveu, Pemmena à S. Jean d’Acre
pour l’élever. L’année suivante fut une année de stérilitc causée
par la sécherelsc. Le Régent, dans Ia crainte que le pays ne fût
désolé par la famine, conclut, de l’avis des Barons , une tréve de
1 4 ans avec Saladin 3 ce qui Iui facilita les moyens dc faire venir
des vivres du dehors en Palestine, & de la sauver par là du sséau
qu’elle appréhendoit. (Bern. Tkesaur.) Mais la mcme année
j Baudouin mourut à S. Jean d’Acre, vers le commencemcnt de
j Septembre, non sans soupçon depoison, malgré les précautions
qu’on avoit prises pour mettre scs jours en sûreté.
IX. GUI D E LUSIGNAN.
118C Gui de Lusignan , beau-pere deBaudouinY, se fît
i courormer P..oi de Jérusalem à la mi-Septembre 1186, par le
! crédit de Sibylîe , sa femme, mere du Roi défunt, & les intri-
gues des Chevaliers du Temple. Ce couronnement irrita la jalou-
] fîe de Raymond , Comte de Tripoli, qui prétendoit avoir des
! droits sur un trônc qu’il soutenoit depuis trois ans. Plusieurs
1 Barons épouserent sa quereiic 3 & c’est ce qui attira la ruine en-
! tiere du Ro-yaume de Jérusalem. Un autre événement contribua
I encore à cc malheur. Renaud de Châtillon , Prince de Krac , &
! ci-devant Régent d’Antioche , ayant enlevé 1111e caravane de
R U S A L E M.
Musulmans, qui passoit devant son Château pour aller à la Mec-
que, refusa de rendre Ics prisonniers dont Saladin demandoit la
liberté. Le Sultan, irrité de ce refus, entre sur les terres des
Chrétiens avec plus de 30 mille hommcs. Afdhal, son iils, chef
de l’avant-garde, défait, Ie i Mai 1187, lcs deux Grands-Maî-
tres de FHôpital & du Temple; après quoi le pere marcha vers
Tibériade , emporta d’assaut la viîle , & fut arrêté par la brave
résistance de la Citadelle. Gui dc Lusignan , & tous les Princes
Chrétiens, volerent au secoursde la place. Là, ou plutôt à Hit-
tin , dans le voisinage de Tibériade , se donna un cornbat qui
commença le 3 Juillet & dura trois jours. Les Chrétiens , acca-
blcs par le nombre & abattus par la soif, la faim & la fatigue ,
furent entièrement défaits. Du nombre des prisonnicrs furent le
Roi, le Prince d’Antioche , le Grand-Maître du Temple 3 & ce s
qu’il y eut de plus fâchcux, la vraie Croix , qu’on avoit portéc à 3
cctte bataille, tomba entre les mains des Infîdeles, cornrne au- |
trefois l’Arche entre les mains des Philistins. Omar, neveu de j
Saladin , en la présentant à ce Prince , lui dit : 11 paroît, par
la défolation des Francs, que ce bois nejî pas le moindre fruit 1
de ta vicioire. Saladin rentrc dans son camp fait amener dans sa
tente les prisonniers les plus distingucs dc l’armée vaincuc. Le
Roi de Jérusalem, à qui l’excèsde la soif permettoit à pcine de !
respirer , parut à leur tête. Le Sultan lui fait incontinent verser :
à boire, dans la crainte dc perdre par sa mort la rançon qu’il es- i
péroit de lui. Lusignan , après s’ctre désaltcré, veut rendre le !
PRINCES LATINS, ou
j livrer à grande et à petite force, et s’engage même à la lui abandon-
ner en toute propriété, s’il peut le rendre maître de Césarée , d’Alep
ct de leurs dépendances. L’Empcreur satisfait donne à Raymond
l’investiture de sa Principauté, fait arborer son pavillon surla plus
haute tour d’Antioche , et ramene son armée en Cilicie pour y
passer l’hiver qui étoit proche. 11 revient au printems suivant,
comme il l’avoit promis , pour faire le siége de Césarée. Le Prince
d’Antioche et le Comte d’Edesse lui amenent des troupes devant
cette place. Mais au lieu de seconder ses efforts , ils passent le tems
à jouer et à se divertir. L’Empereur , indigné de cette conduite,
traite avec les assiégés pour une somme considérable qu’ils lui of-
frent, leve le siége, et se rend avec ses fils et son armée à Antioche,
où il fait son entrée à cheval, accompagné du Prince et du Comte
qui tiennent à pied les rênes de son cheval. Pendant lc séjour qu’il y
fàit, s’étant avisé d’exiger de Raymond qu’il lui livrât le Château
| pour y mettre garnison , il excite par là une sédition qu’il ne peut
appaiser qu’en se désistant de sa demande eten sortantde la ville.
Raymond et le Comte d’Edesse viennent le trouver dans son camp
pour lui faire des excuses qu’il admet du moins en apparence ; après
quoi il reprend la route de Constantinople. L’an 1142, il revient en
forces dans la Syrie sur les pressantes sollicitations du Prince d’An-
tiochc, dont le pays étoit ravagé par les Turcs. 11 assiége, le 25 Sep-
tembre, ces Infideles dans une ville nommée Guast par Guillaume de
Tyr, et lorsqu’il est près de prendre la place, il mande à Raymond
qu’àson retour il ait à lui livrer, suivant leurs conventions, sa ca-
pitale avec le Château. Raymond se tire d’affaire en lui envoyant le
Patriarche et les principaux de la ville , qui lui déclarent que Ray-
| mond, de son privé moüvement, n’a pu lui soumettre une Souve-
! raineté qui appartenoit à sa femme, et que si les deux époux persis-
1 tent à maintenir le traité, ils sont disposés à les chasser l’un et l’au-
1 tre ct à se donner un nouveau maître. L’Empereur , sur cette décla-
1 ration, ravage les environs d’Antioche; après quoi il ramene son
I armée en Cilicie où il meurt au mois d’Avril de l’année suivante. 11
S eut dans son successeur un vengcur ardent. L’an 1144 ? l’Empereur
! Manuel Comnene fait partir une ssotte avec une armée de terre
jj pour aller punir Raymond des insultes faites à son pere devant An-
1 tioche. Plusieurs victoires remportées sur lui par les Grecs dans le
| cours de la même année , le réd.uisent à se rendre à Constantinople
1 pour demander la paix. Manuel refusa de le voir , qu’il n’eût été au-
1 paravant au tombeau de son pere laire une sorte a’amende hono-
| rable. 11 l’admet ensuite à son audience, et reçoit son serment de
! iidélitc. (LeBcau. ) L’an 1148, Raymond vit arriver dans sa capi-
|j tale Louis lc Jeune, R.oi de France , avec la Reine Eléonore, son
FRANCS D’ANTIOCHE.
épouse , et niece de Raymond. La réception flit màgnifique ; mais
Raymond n’ayant pu engager Louis à lui donner du secours pour
se rendre maître de Césarée et d’Alep, ils se séparerent mécontens
l’un de l’autre. L’an 1149, Raymond fut tué, le 27 Juin, dans une
bataille qu’il avoit iivrée imprudemment contre Noradm , Sultan
d’Alep. G’est peut-être sans fondement qu’on l’accuse cl’avoir été le
principal auteur de l’affreuse trahison des Chrétiens de Syrie , qui
obligea les Croisés de lever le siége de Damas. 11 eut de son mariage
deux fils et deux filles. Les fds sont Boémond qui suit, et Baudoui.n
mort dans l’enfance , suivant le R Sébast. Paoli. D’autres disent
qu’étant passé à la Cour de Constantinople, il mourut au service de
l’Empereur Manuel en 1174. Les filles sont Marie, nommée None,
c’est-à-dire étrangere, par Nicetas, et Constance, mais mal, parle
Continuateur de Sigebert, laquelle épousa , l’an 1161 , Manuel,
Empereur de Constantinople ; et Philippe, rnariée à l’Einpereur An-
dronic Comnene, puis à Humphroi de Thoron, Connétable de Jé-
rusalem. Raymond étoit d’une force et d’une habileté dans l’art mi-
litaire qui l’ont fait nommerpar Cinname, auteur Grec, unsccond.
Hercule.
IV. RENAUD ETLA même CONSTANCE.
1149. Constance , après la mort de R.aymond, son époux, resta
en possession de la Principauté d’Antioche et coinme propriétaire
et comme tutrice de Boémond son fils. N’ayant encore alors que
22 ans, elle 11’étoit pas disposée à passer le reste de ses jours dans la 1
viduité. L’Empereur Manuel lui fit demander sa main pour le César |
Roger, veuf alors de la Princesse Marie Comnene , lille aînée de g
l’Empereur Jean. Constance donna la préférence à Renaud ds
ChÂtillon , Seigneur de Krac et de Montreal, dans i’Arabie pé-
trée, qu’il avoit de son premier mariage avec Stephanie, fille de j
Philippe de Naplouse, qui fut depuis Grand-Maître des Chevaliers j
du Temple. Pienaud étoit petit-fils, parHenri, son pere , de Gau-
tier, Seigneur de Châtillon sur Marne, au diocèse de Soissons, et
d’Ermengarde de Choisi. Sa mere , nommée aussi Ermengarde, j
fille d’Alberic, dit Payen, Seigneur de Montjai, hérita de cette j
Terre cpie son époux joignit à cclle de Châtillon. Renaud avoit un j
frere aîné, Gautier II, avec lcquel il étoit venu à la serre-Sainte, en 1
1147, à la suite du Roi Louis le Jeune, et qui fut tué 1 annee sui-
vante par les Turcs dans les gorges de Laodicee, sans laisser d en- j
fans d’Adele de Rouci, son épouse, fille de Hugues Cholet, Comte j
de Rouci; un autre frere, nomrae Gervais, qui fut Chanoine de |
Reims, etunesœur, Elisabeth , femmede shibaut de Crépi, Sei- 1
gneur de Nanteuil-Haudouin. Renaud n’étoit donc pas un soldat de |
Jome 1. V j.