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CHAPITRE PREMIER

aimait malheureusement à s’en prévaloir, car le duel où il perdit la vie fut le dénouement
d’une intrigue galante.
Ce fut pendant ses dernières années d’atelier qu’arriva l’accident qui lui déforma le
visage. Dans un assaut, disaient ses enfants, un fleuret l’atteignit à la mâchoire supé-
rieure. La blessure mal soignée amena une exostose qui ne cessa de grossir et d’ajouter
à son défaut de prononciation.
Il cultivait la musique et cherchait dans l’étude du violon un délassement à ses
travaux habituels. Il avouait même que s’il avait travaillé la peinture avec autant de
persévérance que la musique, il serait devenu un peintre encore plus éminent. Aussi trou-
vait-il un grand charme aux compliments que lui attirait son habileté de virtuose.
En mars 1774 David fut admis le second à son quatrième et dernier concours. Avec lui
étaient reçus. : Vanloo, Bidault, Bonvoisin, Des Pierre, De Marnes.
L’Académie dans sa séance du 27 août rendit son jugement dont voici le procès-verbal :
« Année 1774. Pierre, directeur, Coustou, recteur, Bridan, adjoint-professeur.
» Aujourd’hui, 27 août, l’Académie s’est assemblée par convocation générale pour
juger les tableaux et bas-reliefs faits par les élèves pour concourir aux grands prix. Les
sujets donnés sont, pour la peinture, Antioclius, fils deSéleucus, roi de Syrie, malade de
l’amour qu’il avait conçu pour Stratonice, sa belle-mère; Erasistrate découvre la cause de
son mal....
» .... L’Académie ayant procédé au jugement du grand prix, ainsi qu’il a été arrêté dans
l’assemblée du 2 septembre 1758, les suffrages recueillis et comptés par les commissaires en
présence de l’assemblée, le sieur Jacques-Louis David, de Paris, âgé de vingt-cinq ans, qui
a fait le tableau marqué A, a été jugé mériter le premier prix de peinture....
» .... Le second prix de peinture a été accordé au sieur Jean Bonvoisin, de Paris, qui a
fait le tableau marqué G....
« .... Ont signé : MM. Pierre, Du Mont le Romain, Pigalle, Soufïlot, Lemoyne, Coustou,
Bridan, Dandré-Bardon, D’Azaincourt, Gaffieri, Lagrenée, Hallé, Vien, Pajou, Vanloo, Ba-
chelier, Belle, Sally, Dhuès, Brenet, Suë, J.-G. Rœttiers, Chardin, Vernet, Drouais, Le Cler,
Mme Vallayer, Valade, Le Comte, Beaufort, Cochin, Milet-Francisque, Voiriot, Mouchy,
Gois, Du Mont, Du Rameau, Venevault, Guérin, Boizot, Duplessis, Huet, Wille,
De Machy, Taravel, Rœttiers, Berruer, Pérignon. »
David avait enfin le prix. Son énergie, son opiniâtreté avaient triomphé des dispositions
peu bienveillantes de ses juges. Quelle dut être sa joie à cette nouvelle et comme est bien
naturel ce cri de soulagement et de bonheur. « Ah ! mes amis, c’est la première fois que je
respire depuis quatre ans. »
Devant lui s’ouvrait un horizon de gloire, son imagination devait pressentir les
splendeurs de l’art, et les noms de Raphaël et de Michel-Ange dont il allait contempler les
œuvres étaient peut-être déjà pour lui ceux d’émules à égaler.
Cependant ses yeux n’étaient pas ouverts à la lumière. Il recevait des encouragements
à persévérer dans sa manière française. On lui faisait entrevoir Rome comme un écueil où
allaient échouer les tempéraments les mieux doués, ou tout au moins perdre une partie de
 
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