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Diehl, Charles
Études byzantines: introd. à l'histoire de Byzance ; les études d'histoire byzantine en 1905 — Paris, 1905

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https://doi.org/10.11588/diglit.25231#0213
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LES MONUMENTS DE L ORIENT LATIN

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la mosquée d’Omar, sur remplacement de ce temple de Salomon
tant de fois ensanglanté par la fureur des résistances suprêmes,
la boucherie fut particulièrement épouvantable ; les chroniqueurs
contemporains racontent, non sans un frémissement d’horreur,
qu'on marchait dans le sang jusqu’aux genoux des cavaliers et
jusqu’à la bride des chevaux. Après quoi, quand ils furent las de
tuer, les vainqueurs, sans armes, les pieds nus, allèrent dévote-
ment au Saint-Sépulcre rendre grâces au Seigneur, qui avait si
merveilleusement protégé leurs efforts et délivré la Terre-Sainte
du joug des infidèles.

I

La Terre-Sainte était conquise : il s’agissait maintenant de l'or-
ganiser. En quelque semaines, sur ce sol tout plein de souvenirs
bibliques, s’épanouit une merveilleuse floraison de seigneuries
féodales, greffant étrangement sur les vieux noms de l'Ecriture
sainte les titres et les dignités chevaleresques de l’Occident. Il y
eut un royaume de Jérusalem, une principauté d’Antioche, des
comtés d’Edesse et de Tripoli, et, au-dessous de ces grandes
baronnies, toute une hiérarchie de moindres feudataires, princes
de Sidon et de Tibériaete, comtes de Jaffa et d’Ascalon, seigneurs
de Tyr et de Beyrouth, de Saint-Abraham et de Montréal. A côté
de la hiérarchie civile, il y eut la hiérarchie non moins féodale
de l’Eglise latine reconstituée, qui, sous le patriarche de Jérusa-
lem, rangea les métropolitains et les évêques et les abbés mitrés,
aux noms inattendus et sonores, de Saint-Samuel, du Mont de
Sion et du Temple de Notre-Seigneur, de Josaphat ou du Mont
Olivet.

Dans cette société latine transplantée dans la terre de Syrie, la
féodalité trouva son expression la plus complète et la plus pure.
Le royaume latin de Jérusalem garda tous les usages, toutes les
lois de l’Occident ; il garda aussi toutes les faiblesses et tous les
vices du régime féodal. L’autorité du roi, tenue en échec par les
 
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