VI
INTRODUCTION
surtout de m’engager dans la voie dangereuse des « influences ». On oublie trop souvent que, lài
où il y a analogié, il n’y a pas toujours influence, et on ne tient pas toujours assez compte des
modèles communs, des traditions communes. Pour l’époque romane surtout, nous sommes très
mal documentés sur les habitudes des artisans, sur la façon dont ils taisaient leur éducation,
sur les rapports qu'ils pouvaient avoir les uns avec les autres. Aussi bien toutes ces questions
sont-elles mieux à leur place dans les œuvres synthétiques des maîtres, qui sont plus autorisés
et mieux placés pour voir les choses de plus haut.
Si les grands monuments, tels que les cathédrales, peuvent et doivent être étudiés séparé-
ment, il n’en est pas de môme des petits. Leurs monographies isolées sont toujours un peu
perdues ; il est beaucoup plus intéressant et plus instructif de pouvoir les grouper et donner
ainsi une idée de la façon de bâtir de toute une région.
On se demandera peut-être pourquoi j’ai choisi une division géographique aussi moderne
qu’un département. 11 fallait bien se limiter. Le choix parmi les divisions anciennes, pour un
pays aussi bizarrement coupé que la Lorraine, aurait été fort difficile et sans aucun profit. L’art
ne respecte guère les frontières. Aussi bien te département des Vosges est-il, des quatre dé-
partements formés par l’ancienne Lorraine, celui qui, sur 1e territoire le plus restreint, con-
serve tes églises romanes en général les plus nombreuses, et — à part la cathédrale de Verdun,
qui est un édifice exceptionnel — tes plus importantes.
Au surplus l’appellation de Vosge donnée à une région correspondant plus ou moins au dé-
partement de ce nom est fort ancienne et bien antérieure à 1789. Un des archidiaconés
de l’ancien diocèse de Toul portait 1e nom d’archidiaconé de Vosge. Il partageait avec celui
de Vittel presque toute l’étendue du département des Vosges actuel. Au civil, 1e bailliage de
Vosge, dont 1e chef-lieu était à Mirecourt, formait un des très grands bailliages du duché de
Lorraine.
Tl aurait fallu pouvoir s’étendre à toute la région lorraine, ou tout au moins à l’ancien dio-
cèse de Toul. L’un et l’autre sont beaucoup trop vastes. Je tâcherai d’y suppléer dans la pre-
mière partie de mon travail qui est une étude d’ensemble, en faisant appel à ce que je puis
connaître des édifices des autres départements lorrains et même de ceux des départements
voisins qui peuvent se rattacher à la même famille.
Cette étude étant purement archéologique, il va sans dire que tes quelques renseignements
historiques dont j’ai cru devoir faire précéder la description des principaux monuments n’au-
ront pour but que de placer ceux-ci dans l’histoire, sans avoir la prétention d’être aprofondis
et définitifs. Je chercherai seulement à y résumer 1e résultat des plus récents et des meilleurs
travaux, ou ce qui paraît se dégager des documents qui tes concernent.
Je ne m’attacherai à décrire spécialement que tes monuments ou portions de monuments
tes plus importants ou tes plus dignes d’intérêt ; je me contenterai, pour tes autres, de les men-
tionner, le cas échéant, dans tes considérations générales. Je m’attacherai, en revanche, à des
églises aujourd'hui détruites, mais sur lesquelles nous possédons des renseignements pouvant
présenter quelque utilité au point de vue archéologique. Ces descriptions, au surplus, ne devront
pas être considérées comme des monographies ; elles ne comprendront que les parties des édi-
fices appartenant à l’architecture romane ; sans entrer dans des détails trop particuliers,
elles se borneront à en faire ressortir tes caractères artistiques et archéologiques.
Il faut convenir que tes limites de l’architecture romane — comme de toute autre architec
ture — sont impossibles à tracer d’une façon précise. Le terme de transition est impuissant à
INTRODUCTION
surtout de m’engager dans la voie dangereuse des « influences ». On oublie trop souvent que, lài
où il y a analogié, il n’y a pas toujours influence, et on ne tient pas toujours assez compte des
modèles communs, des traditions communes. Pour l’époque romane surtout, nous sommes très
mal documentés sur les habitudes des artisans, sur la façon dont ils taisaient leur éducation,
sur les rapports qu'ils pouvaient avoir les uns avec les autres. Aussi bien toutes ces questions
sont-elles mieux à leur place dans les œuvres synthétiques des maîtres, qui sont plus autorisés
et mieux placés pour voir les choses de plus haut.
Si les grands monuments, tels que les cathédrales, peuvent et doivent être étudiés séparé-
ment, il n’en est pas de môme des petits. Leurs monographies isolées sont toujours un peu
perdues ; il est beaucoup plus intéressant et plus instructif de pouvoir les grouper et donner
ainsi une idée de la façon de bâtir de toute une région.
On se demandera peut-être pourquoi j’ai choisi une division géographique aussi moderne
qu’un département. 11 fallait bien se limiter. Le choix parmi les divisions anciennes, pour un
pays aussi bizarrement coupé que la Lorraine, aurait été fort difficile et sans aucun profit. L’art
ne respecte guère les frontières. Aussi bien te département des Vosges est-il, des quatre dé-
partements formés par l’ancienne Lorraine, celui qui, sur 1e territoire le plus restreint, con-
serve tes églises romanes en général les plus nombreuses, et — à part la cathédrale de Verdun,
qui est un édifice exceptionnel — tes plus importantes.
Au surplus l’appellation de Vosge donnée à une région correspondant plus ou moins au dé-
partement de ce nom est fort ancienne et bien antérieure à 1789. Un des archidiaconés
de l’ancien diocèse de Toul portait 1e nom d’archidiaconé de Vosge. Il partageait avec celui
de Vittel presque toute l’étendue du département des Vosges actuel. Au civil, 1e bailliage de
Vosge, dont 1e chef-lieu était à Mirecourt, formait un des très grands bailliages du duché de
Lorraine.
Tl aurait fallu pouvoir s’étendre à toute la région lorraine, ou tout au moins à l’ancien dio-
cèse de Toul. L’un et l’autre sont beaucoup trop vastes. Je tâcherai d’y suppléer dans la pre-
mière partie de mon travail qui est une étude d’ensemble, en faisant appel à ce que je puis
connaître des édifices des autres départements lorrains et même de ceux des départements
voisins qui peuvent se rattacher à la même famille.
Cette étude étant purement archéologique, il va sans dire que tes quelques renseignements
historiques dont j’ai cru devoir faire précéder la description des principaux monuments n’au-
ront pour but que de placer ceux-ci dans l’histoire, sans avoir la prétention d’être aprofondis
et définitifs. Je chercherai seulement à y résumer 1e résultat des plus récents et des meilleurs
travaux, ou ce qui paraît se dégager des documents qui tes concernent.
Je ne m’attacherai à décrire spécialement que tes monuments ou portions de monuments
tes plus importants ou tes plus dignes d’intérêt ; je me contenterai, pour tes autres, de les men-
tionner, le cas échéant, dans tes considérations générales. Je m’attacherai, en revanche, à des
églises aujourd'hui détruites, mais sur lesquelles nous possédons des renseignements pouvant
présenter quelque utilité au point de vue archéologique. Ces descriptions, au surplus, ne devront
pas être considérées comme des monographies ; elles ne comprendront que les parties des édi-
fices appartenant à l’architecture romane ; sans entrer dans des détails trop particuliers,
elles se borneront à en faire ressortir tes caractères artistiques et archéologiques.
Il faut convenir que tes limites de l’architecture romane — comme de toute autre architec
ture — sont impossibles à tracer d’une façon précise. Le terme de transition est impuissant à