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DECORATION

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Faut-il croire que, conscients peut-être de leur inhabileté à rendre la figure humaine, les
tailleurs de pierre lorrains du XIIe siècle s’en
sont le plus souvent abstenus? Il faut cepen-
dant observer que leur barbarie même a dû
amener la destruction d’un très grand nom-
bre d’œuvres statuaires de cette époque 3, et
elles ont dû être beaucoup plus nombreuses
quelles ne le paraissent aujourd’hui.
Aussi bien n'avons-nous à envisager la sta-
tuaire que dans son rôle décoratif. Son étude
détaillée pour elle-même dépasserait les limi-
tes de cet ouvrage. Contentons-nous d’en
dégager les caractères généraux : exécution
maladroite, proportions le plus souvent courtaudes et trapues des figures, grosseur générale-
ment excessive des lêles,
barbarie du dessin, rondeur
et manque d’énergie du
trait, gaucherie des gestes
et des attitudes, impuissance
à rendre les draperies, qui
se réduisent le plus souvent
à des stries molles et pous-
sées au hasard.
Dans tous les cas, cette
statuaire n’a rien de com-
mun avec celle de la Bour-
gogne : on y surpendrait
plutôt parfois un grossier et
timide reflet de la statuaire
gallo-romaine* 1 2. Il faut ce-
pendant faire une exception
pour celle de la porte de
Pompierre. Si la sculpture
ornementale de celle-ci peut
faire penser à la Bourgogne,
sa statuaire rappelle plutôt
celle du centre de la France.

C. Enlart phot
Fig. CO. — CHAPELLE DE MOUSSON (M.-et-M.). — FONTS BAPTISMAUX.

sent. — Quant à la grande statue en pied provenant d’Igney et conservée au même musée, elle me paraît postérieure
à l’époque romane.
1. La religion même s’en est mêlée: les figures difformes, les animaux monstrueux de l’époque romane ont sou-
vent été pris pour des divinités païennes par le clergé des XVIIe et XVIIIe siècles, qui en a fait détruire un certain
nombre. V. ci-dessous, p. 293.
2. M. Cohn Wiener a vu des influences italiennes dans la statuaire de la porte de Laître-sous-Amance (M.-et-M.) et
dans celle de Vomécourt-sur-Madon (V.), qu’il considère, ce qui est peut-être un peu risqué, comme une imparfaite
imitation de la première. E. Cohn Wiener, Die ilalienischen Elemente in der romanisehen Kirchenarchitektur Elsass-
Lothringen, dans Monatshefte {ür Kunstwissenscha.lt, IVe année, 1911, p. 117.
 
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