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ÉGLISES ROMANES DES VOSGES
en Alsace et dans l’Allemagne du sud. Le parti adopté dans notre région pour la plupart des
petites églises de campagne dépourvues de transept, de placer le clocher sur une travée de chœur
précédant l’abside en dérive directement1.
D’autres églises, mais moins nombreuses, ont leur tour ou l’une de leurs tours, hors œuvre,
à l’occident, de la nef2.
Les tours occidentales dans œuvre dont nous avons signalé quelques exemples dans des égli-
ses du nord de la Lorraine, semblent inusitées dans les Vosges.
Les clochers ne sont qu exceptionnellement placés sur le coté. La plupart de ceux qui se trou-
vent dans ce cas sont dus à des remaniements postérieurs. Je ne puis guère citer que celui de
leglise de Froville (M.-et-M.), qui remonte au XIe siècle 3.
Il faut aussi mentionner l’église de Marey, dont la tour, qui est dans œuvre, occupe toute la
moitié septentrionale de la façade occidentale ; disposition dont je ne connais pas d’autre exem-
ple dans la région. Mais ceLte partie de l’églse de Marey pourrait bien être postérieure à l'époque
romane.
Quant aux églises romanes à plus d une tour, il en reste fort peu4, mais cela tient surtout au
petit nombre d’églises parvenues jusqu’à nous et de la médiocre, souvent même de la minime
importance de la plupart de celles-ci. Les églises qui étaient assez considérables pour posséder
ce luxe en étaient souvent pourvues, comme partout, et notamment comme dans les pays ger-
maniques.
Lorsqu’au XIe siècle, le bienheureux Richard fit reconstruire l’église de l’abbaye de Saint-
Vanne de Verdun, le comte Frédéric, qui s était fait moine, fit élever, entre autres choses, de
ses deniers, « les tours de l’église »5. Il y en avait donc au moins deux.
Nous avons vu que Pibon, évêque de Toul (1070-1107), avait muni sa cathédrale d’une tour
et de deux clochers. Rappelons que la tour, qui était de fort grandes dimensions, se trouvait à
l’occident de la nef.
A l’abbaye de Saint-Mansuy de la même ville, l’abbé Grimbaldus (1054-1072) termina la
construction de la tour, que Dodo, son prédécesseur (1036-1054), avait commencée. Il la décora
d’une croix dorée et d’une aigle triomphale6. Quelques années plus tard, l’abbé Thiémar (1092-
1125), qui, par parenthèse, fut un homme de haute valeur, termina l’église en lui ajoutant deux
nouvelles tours. Ce travail fut accompli, dit le chroniqueur, avec une célérité incroyable 7. Il
est très vraisemblable que la tour de Dodo et de Grimbaldus devait s’élever à l’ouest de la
nef, et celles de Thiémar, à droite et à gauche du chœur. La chronique dit en effet que,
1. V. ci-dessus, p. 75.
2. Gerbépal, Remoncourt, N.-D. de Saint-Dié, Tantimont (V.) ; Barisey-la-Côte, Blenod-lès-Pont-à-Mousson, Parey-
Saint-Césaire, Puxe-en-Saintois, Thelod, prieuré de Varangéville, Voinémont (M.-et-M.) ; Sorbey, Zetting (Lorr. ann.).
Parmi celles qui n’existent plus, je puis citer celles des cathédrales de Metz et de Toul, des abbatiales de Saint-
Mansuy, à Toul, et de Moyenmoutier, de N.-D. de Remiremont ; enfin celle de Baronville (Lorr. ann.).
Je ne parle pas des innombrables clochers d’apparence romane, mais qui sont postérieurs au XIIe siècle ou qu’il
est impossible de dater. (V. ci-dessous).
3. V. ci-dessus, p. 86.
On peut y ajouter celui de Lemoncourt (Lorr. ann.). — Celui d’Adompt (V.) a sa base du XVIe siècle, et n’appar-
tient donc pas vraisemblablement à l’époque romane.
4. Je ne parle pas, bien entendu, des tourelles d’escaliers.
5. « Turres ecclesiae ». Hugonvs chronicon, lib. II, dans Mon. Germ. SS., t. VIII, p. 373. — V. aussi Vita S. Richar-
di abbatis, dans Acta SS. O. S. B., t. VIII, p. 524. — Certaines parties de la tour à demi-ruinée qui subsiste de cette
église peuvent remonter à cette époque.
6. Grimbaldus abbas « turris fabricam quam praedecessor ejus abbas Dodo a lundamenlis ad tectum usque per-
traxerat, operosa pulchritudine consummavit, cujus tecti acumen cruce deaurata et triumphali aquila speclabiliter de-
coravit. » Narratio reram in monasterio S. Mansueti gestarum, dans Monum. Germ. SS., t. XV, p. 933.
7. « Mirandam ecclesiae slructuram binis subnixam turribus inopinabili celeritate complevit. » Narratio, etc., loc.cit.
ÉGLISES ROMANES DES VOSGES
en Alsace et dans l’Allemagne du sud. Le parti adopté dans notre région pour la plupart des
petites églises de campagne dépourvues de transept, de placer le clocher sur une travée de chœur
précédant l’abside en dérive directement1.
D’autres églises, mais moins nombreuses, ont leur tour ou l’une de leurs tours, hors œuvre,
à l’occident, de la nef2.
Les tours occidentales dans œuvre dont nous avons signalé quelques exemples dans des égli-
ses du nord de la Lorraine, semblent inusitées dans les Vosges.
Les clochers ne sont qu exceptionnellement placés sur le coté. La plupart de ceux qui se trou-
vent dans ce cas sont dus à des remaniements postérieurs. Je ne puis guère citer que celui de
leglise de Froville (M.-et-M.), qui remonte au XIe siècle 3.
Il faut aussi mentionner l’église de Marey, dont la tour, qui est dans œuvre, occupe toute la
moitié septentrionale de la façade occidentale ; disposition dont je ne connais pas d’autre exem-
ple dans la région. Mais ceLte partie de l’églse de Marey pourrait bien être postérieure à l'époque
romane.
Quant aux églises romanes à plus d une tour, il en reste fort peu4, mais cela tient surtout au
petit nombre d’églises parvenues jusqu’à nous et de la médiocre, souvent même de la minime
importance de la plupart de celles-ci. Les églises qui étaient assez considérables pour posséder
ce luxe en étaient souvent pourvues, comme partout, et notamment comme dans les pays ger-
maniques.
Lorsqu’au XIe siècle, le bienheureux Richard fit reconstruire l’église de l’abbaye de Saint-
Vanne de Verdun, le comte Frédéric, qui s était fait moine, fit élever, entre autres choses, de
ses deniers, « les tours de l’église »5. Il y en avait donc au moins deux.
Nous avons vu que Pibon, évêque de Toul (1070-1107), avait muni sa cathédrale d’une tour
et de deux clochers. Rappelons que la tour, qui était de fort grandes dimensions, se trouvait à
l’occident de la nef.
A l’abbaye de Saint-Mansuy de la même ville, l’abbé Grimbaldus (1054-1072) termina la
construction de la tour, que Dodo, son prédécesseur (1036-1054), avait commencée. Il la décora
d’une croix dorée et d’une aigle triomphale6. Quelques années plus tard, l’abbé Thiémar (1092-
1125), qui, par parenthèse, fut un homme de haute valeur, termina l’église en lui ajoutant deux
nouvelles tours. Ce travail fut accompli, dit le chroniqueur, avec une célérité incroyable 7. Il
est très vraisemblable que la tour de Dodo et de Grimbaldus devait s’élever à l’ouest de la
nef, et celles de Thiémar, à droite et à gauche du chœur. La chronique dit en effet que,
1. V. ci-dessus, p. 75.
2. Gerbépal, Remoncourt, N.-D. de Saint-Dié, Tantimont (V.) ; Barisey-la-Côte, Blenod-lès-Pont-à-Mousson, Parey-
Saint-Césaire, Puxe-en-Saintois, Thelod, prieuré de Varangéville, Voinémont (M.-et-M.) ; Sorbey, Zetting (Lorr. ann.).
Parmi celles qui n’existent plus, je puis citer celles des cathédrales de Metz et de Toul, des abbatiales de Saint-
Mansuy, à Toul, et de Moyenmoutier, de N.-D. de Remiremont ; enfin celle de Baronville (Lorr. ann.).
Je ne parle pas des innombrables clochers d’apparence romane, mais qui sont postérieurs au XIIe siècle ou qu’il
est impossible de dater. (V. ci-dessous).
3. V. ci-dessus, p. 86.
On peut y ajouter celui de Lemoncourt (Lorr. ann.). — Celui d’Adompt (V.) a sa base du XVIe siècle, et n’appar-
tient donc pas vraisemblablement à l’époque romane.
4. Je ne parle pas, bien entendu, des tourelles d’escaliers.
5. « Turres ecclesiae ». Hugonvs chronicon, lib. II, dans Mon. Germ. SS., t. VIII, p. 373. — V. aussi Vita S. Richar-
di abbatis, dans Acta SS. O. S. B., t. VIII, p. 524. — Certaines parties de la tour à demi-ruinée qui subsiste de cette
église peuvent remonter à cette époque.
6. Grimbaldus abbas « turris fabricam quam praedecessor ejus abbas Dodo a lundamenlis ad tectum usque per-
traxerat, operosa pulchritudine consummavit, cujus tecti acumen cruce deaurata et triumphali aquila speclabiliter de-
coravit. » Narratio reram in monasterio S. Mansueti gestarum, dans Monum. Germ. SS., t. XV, p. 933.
7. « Mirandam ecclesiae slructuram binis subnixam turribus inopinabili celeritate complevit. » Narratio, etc., loc.cit.