SAINT-DIÉ
quelle est déjà gothique, et quelle s’accommode assez mal sur des supports qui n’étaient
pas destinés à la recevoir. Elle a dû être élevée en deux fois. Les arcs doubleaux, en cintre
brisé, ont tous le profil rectangulaire avec tores pris chacun dans un cavet, profilés le long
des arêtes \ La troisième et la quatrième travée vers l’est, les plus voisines du transept,
ont le même profil, mais plus étroit ; elles doivent donc être un peu plus anciennes que les
deux autres et que celles de la demi-travée occidentale, dont les ogives ont pour profil un
tore en amande entre deux tores plus petits pris chacun dans un cavet. Il n’y a qu’une seule
croisée d’ogives à chaque travée double, sans ogive de recoupement, et une pour la première
demi-travée occidentale. Cette voûte n’a pas de formerets, bien quelle soit notablement plus
élevée que les formerets de l’ancienne voûte, qui sont en plein cintre.
La première travée, qui était, comme nous l’avons vu, destinée à être double comme les
autres, f a-t-elle été en effet ? A voir son bas-côte sud, il semblerait que non, puisque ce bas-
côté et la partie intérieure de son mur occidental semblent encore bien être l’œuvre du maître-
maçon qui a élevé le côté méridional de la nef et les collatéraux. Il n’en est pas de même,
nous nous en souvenons, dans le mur central de la nef à l'occident, ni dans le bas-côté sep-
tentrional, dont le mur occidental, à l’intérieur, ne date que du commencement du XIIIe siècle,
comme les voûtes de la nef. Ce serait donc du temps même du second maître de l’œuvre
qu’on se serait décidé à couper cette travée, qui a dû, cependant avoir existé entière des
deux côtés, mais ce travail aura été interrompu.
D’après le projet primitif du XIIe siècle, la façade occidentale comportait-elle une tour unique
dans son axe, comme nous l’avons vu aux grandes églises romanes de la région1 2? Nous ne
saurions le dire avec certitude. La présence d’une porte romane très ornee au bas-côté sud, le
grand escarpement qui se trouve à l’occident, de l’église, sembleraient militer en faveur de l’affir-
mative, et faire supposer que cette tour ne devait pas avoir de porte sur l’extérieur. Elle ne
dut d’ailleurs jamais être construite, car nous avons vu 3 qu’au commencement du XIIIe siècle,
sous le prévôt Mahieu, la tour de l’église qui s’était, écroulée probablement a la suite de l’in-
cendie de 1155, n’avait pas encore été relevée. Toujours est-il que la tour unique, détruite en
1711 pour faire place à la façade actuelle, et qui n’était pas, semble-t-il, antérieure au XIIIe siè-
cle, devait s’élever à l’extrémité occidentale des chapelles longeant la nef du côté sud, à peu
près, sur l’emplacement de la tour méridionale actuelle. C’est du moins ce qu’on peut voir dans
une ancienne vue de l’église peinte au bas d’un tableau du commencement du XVIIIe siècle,
représentant plusieurs saints et conservé dans la chapelle de Saint-Roch, près de Saint-Dié.
Mais le dessin est trop imparfait pour que l’on puisse bien juger de l’époque à laquelle cette
tour pouvait appartenir. C’est vraisemblablement aussitôt après l’achèvement du gros œuvre de
la nef et des bas-côtés, qu’on se sera décidé, pour une raison qui nous échappe, à démolir la
moitié de la première travée.
A quoi pouvait servir la grande arcade du XIIIe siècle, percée dans le mur occidental ?
Donnait-elle accès à un porche? C’est ce qu’il ne nous est guère possible de savoir4.
Nous nous rappelons que le dernier principal pilier de la troisième travée double, vers le
1. Aux retombées des arcs doubleaux, les tor.es sont munis de congés fort simples, du moins ils ne commencent à
se dégager que quelques centimètres au-dessus des tailloirs. Il n’en est pas de même aux ogives.
2. V. ci-dessus, pp. 112 et 115.
3. V. ci-dessus, p. 314.
4. Peut-être voulut-on donner une entrée occidentale à l’église. Ce serait apparemment afin de laisser une place suffi-
sante en avant de celte porte sur le mamelon sur lequel s’élève l’église q i on aura démoli la première demi-travée do.
la nef de ce côté.
quelle est déjà gothique, et quelle s’accommode assez mal sur des supports qui n’étaient
pas destinés à la recevoir. Elle a dû être élevée en deux fois. Les arcs doubleaux, en cintre
brisé, ont tous le profil rectangulaire avec tores pris chacun dans un cavet, profilés le long
des arêtes \ La troisième et la quatrième travée vers l’est, les plus voisines du transept,
ont le même profil, mais plus étroit ; elles doivent donc être un peu plus anciennes que les
deux autres et que celles de la demi-travée occidentale, dont les ogives ont pour profil un
tore en amande entre deux tores plus petits pris chacun dans un cavet. Il n’y a qu’une seule
croisée d’ogives à chaque travée double, sans ogive de recoupement, et une pour la première
demi-travée occidentale. Cette voûte n’a pas de formerets, bien quelle soit notablement plus
élevée que les formerets de l’ancienne voûte, qui sont en plein cintre.
La première travée, qui était, comme nous l’avons vu, destinée à être double comme les
autres, f a-t-elle été en effet ? A voir son bas-côte sud, il semblerait que non, puisque ce bas-
côté et la partie intérieure de son mur occidental semblent encore bien être l’œuvre du maître-
maçon qui a élevé le côté méridional de la nef et les collatéraux. Il n’en est pas de même,
nous nous en souvenons, dans le mur central de la nef à l'occident, ni dans le bas-côté sep-
tentrional, dont le mur occidental, à l’intérieur, ne date que du commencement du XIIIe siècle,
comme les voûtes de la nef. Ce serait donc du temps même du second maître de l’œuvre
qu’on se serait décidé à couper cette travée, qui a dû, cependant avoir existé entière des
deux côtés, mais ce travail aura été interrompu.
D’après le projet primitif du XIIe siècle, la façade occidentale comportait-elle une tour unique
dans son axe, comme nous l’avons vu aux grandes églises romanes de la région1 2? Nous ne
saurions le dire avec certitude. La présence d’une porte romane très ornee au bas-côté sud, le
grand escarpement qui se trouve à l’occident, de l’église, sembleraient militer en faveur de l’affir-
mative, et faire supposer que cette tour ne devait pas avoir de porte sur l’extérieur. Elle ne
dut d’ailleurs jamais être construite, car nous avons vu 3 qu’au commencement du XIIIe siècle,
sous le prévôt Mahieu, la tour de l’église qui s’était, écroulée probablement a la suite de l’in-
cendie de 1155, n’avait pas encore été relevée. Toujours est-il que la tour unique, détruite en
1711 pour faire place à la façade actuelle, et qui n’était pas, semble-t-il, antérieure au XIIIe siè-
cle, devait s’élever à l’extrémité occidentale des chapelles longeant la nef du côté sud, à peu
près, sur l’emplacement de la tour méridionale actuelle. C’est du moins ce qu’on peut voir dans
une ancienne vue de l’église peinte au bas d’un tableau du commencement du XVIIIe siècle,
représentant plusieurs saints et conservé dans la chapelle de Saint-Roch, près de Saint-Dié.
Mais le dessin est trop imparfait pour que l’on puisse bien juger de l’époque à laquelle cette
tour pouvait appartenir. C’est vraisemblablement aussitôt après l’achèvement du gros œuvre de
la nef et des bas-côtés, qu’on se sera décidé, pour une raison qui nous échappe, à démolir la
moitié de la première travée.
A quoi pouvait servir la grande arcade du XIIIe siècle, percée dans le mur occidental ?
Donnait-elle accès à un porche? C’est ce qu’il ne nous est guère possible de savoir4.
Nous nous rappelons que le dernier principal pilier de la troisième travée double, vers le
1. Aux retombées des arcs doubleaux, les tor.es sont munis de congés fort simples, du moins ils ne commencent à
se dégager que quelques centimètres au-dessus des tailloirs. Il n’en est pas de même aux ogives.
2. V. ci-dessus, pp. 112 et 115.
3. V. ci-dessus, p. 314.
4. Peut-être voulut-on donner une entrée occidentale à l’église. Ce serait apparemment afin de laisser une place suffi-
sante en avant de celte porte sur le mamelon sur lequel s’élève l’église q i on aura démoli la première demi-travée do.
la nef de ce côté.