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L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré — 9.1876

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https://doi.org/10.11588/diglit.6770#0026
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L ' E C L 1 P S E

NOUVELLE PRISE GRATUITE

DE L'ECLIPSE

Donnée à tous les nouveaux abonnés d'un an ou aux abonnés
actuels qui renouvelleront leur abonnement d'un an
par anticipation.

L'ÉCLIPSÉ a acquis le droit d'offrir en p~ime à ses abon-
nés le nouveau vo.ume do Touchatout :

LES 50 LETTRES RÉPUBLICAINES

DE GERVAIS MARTIAL

Formant un beau et fort volume grand in-S°

Toute personne qui prendra un abonnement d'un an ou
qui renouvellera, par anticipation, son abonnement, éga-
lement pour un an, aura le droit de retirer gratuitement dans
les bureaux de l'Eclipsé un exemplaire des 50 LETTRES
RÉPUBLICAINES DE GERVAIS MARTI A.L. —Les abon-
nés des départements qui désireront recevoir le volume à
domicile devront euvoyer 8 fr. 80 c, représentant le prJx de
l'abonnement et les frais de port de la prime.

PROFILS DE CANDIDATS

Pourquoi n'aurions-nous pas notre petite réunion électo-
rale, nous aussi?

Toute réunion se compose d'électeurs, — c'est le public,
— et de candidats, — ce sont ceux-là qui donnent la co-
médie.

Parmi ces candidats, quelques-uns sont sérieux, — nous
savons ce que nous cii ferons; beaucoup sont comiques, —
ils nous appartiennent.

Avancez, s'il vous plaît, messieurs les comiques; la ga-
lerie s'impatiente en vous attendant.

Le candidat qui s'étonne lui-même.

« Messieurs, si quelqu'un a le droit de s'étonner de me
voir à cette tribune, c'est bien surtout moi-même. Sans les
sollicitations trôs-vivos d'un groupe nombreux d'élec-
teurs... »

Une voix. — Où est-il ?

« D'un groupe nombreux d'électeurs, je n'aurais jamais
eu l'idée do solliciter vos suffrages. Je doutais que mes
études antérieures m'eussent suffisamment préparé au rôle
de député. En effet, je no suis ni orateur, ni légiste, ni
administrateur, enfin, les questions politiques me sont
complètement étrangères. Je ne découvre pas ce qui a pu
me valoir l'honneur... »

Une voix. — Moi non plus.

« L'honneur d'être choisi par un groupe important d'élec-
teurs pour les représenter, à moins que ce no soit la bonne
foi avec laquelle je gère depuis trente ans la maison de
chapellerie, qui a gardé le nom de mon prédécesseur,
M. Lantimèche, rue... »

Une voix. — C'est inutile.

« Célérité, économie, exactitude, tels sont les seuls titres
que j'ai ambitionnés jusqu'ici; vous jugerez s'ils sont suffi-
sants, comme on est venu me le dire... »

Une voix. — Qui ça?

« Messieurs, du moment qu'il m'est impossible de dire
deux mots sans être interrompu, je renonce à m'expliquer
davantage. Mais croyez bien que si quelqu'un est étonné de
me voir à cette tribune... »

La voix. — C'est entendu!

Le candidat qui a une tartine à placer.

Celui-là est terrible. Il a préparé une longue tartine à
effet sur un sujet quelconque, le sujet que vous voudrez, la
question espagnole, si celui-là vous va mieux qu'un autre.

Il attend le moment de le placer avec d'autant plus d'im-
patience que le temps lui est mesuré à la tribune.

Cependant ça ne vient pas.

Alors, il prend un grand parti et se penchant vers un
auditeur imaginaire :

« Je crois que quelqu'un vient de parler de la question
espagnole... »

— Non, non! font cinquante voix.

C'est une veste, mais il ne so décourage pas, et se penchant
encore :

« Cette fois, j'ai bien entendu... »

— Non, non!

Il ne lui reste plus que le moyen décisif, celui auquel
rien ne résiste : le procédé de l'enchâssement forcé.

Ce procédé consiste à enchâsser dans sa phrase, n'im-
porte comment, sans hésitation, quand même, le mot qui
vous amènera sur le terrain souhaité.

Exemple

On demande au candidat s'il est partisan de l'instruction
obligatoire.

« Assurément, dit-il, il faut que l'éducation pénètre dans
les masses. La géographie doit surtout faire l'objet d'une
étude approfondie. Il est intolérable qu'en plein xixc siècle
les gens puissent croire que le mont Vésuve est en Au-
triche et que Londres est la capitale de l'Espagne... »

Ici est l'enchâssement.

« Et puisque je viens do prononcer ce mot d'Espagne,
permettez-moi, Messieurs... »
Cette fois, ça y est.

Le candidat qui se désiste.

A toutes les élections, il commence par se désister.

Ceci prouve au fond plus d'intelligence que sa complète
obscurité ne porterait à lui on accorder.

Le meilleur moyen de ne pas être brossé, c'est, en effet,
de se retirer avant le combat.

Combien de gens, — et des plus en vue! — se fussent
évité le désagrément d'un aplatissement électoral en met-
tant ce sage axiome en pratique !

Le brave homme en question s'appelle Chapuzot, Brise-
miche ou Brindavoine, l

On peut être certain qu'il choisira, pour se présenter, un
arrondissement où l'élection d'un personnage considérable
est d'avance assurée.

Ce candidat a pour lui cela de bon qu'il est bref.

S'il monte à la tribune, c'est uniquement pour prononcer
ce petit boniment :

« Messieurs, je ne voudrais pas qu'à cause de moi les
forces do notre parti fussent divisées. (Sourires.) Je suis
heureux de me désister en faveur de l'estimable M. X... »>

Voix nombreuses. —Très-bien ! très-bien!

Cette année, le candidat qui se désiste a un désistement

tout trouvé.

Il se désiste en faveur de Louis Blanc.

« Messieurs, un grand nombre d'entre vous m'offraient
leurs voix. Je les prie de les reporter sur M. Louis Blanc... »

Et, comme on rit : f

« Je m'étonne que lorsque je prononce le nom du grand
historien... »

Le brave homme n'imagine pas du tout que c'est do lui
qu'on rit.

Le candidat qui sauve son passé.

Salut à un do nos candidats les plus amusants.

Il so présente aujourd'hui comme un ardent républicain.
Ses convictions ne datent pas d'hier ; il les a soutenues
chaleureusement toute sa vie.

Au moins l'assure-t-il.

Le malheur est qu'il no s'est pas borné autrefois à célé-
brer l'empire dans ses paroles, mais encore pai des
écrits.

Un mauvais plaisant lui remet sous les yeux une brochure
signée de lui qui porte le titre trop significatif : Vive l'em-
pereur !

Le candidat avait peut-être prévu celle-là, car il ne se
trouble pas.

« Je m'étonne qu'en France, dans un pays où l'on sait ce
que parler veut dire, on puisse donner pour sérieuse une
œuvre qui trahit la pensée évidente d'une plaisanterie. »

— Comment cela?

« Sans doute. Qui pourrait se tromper à ce titre : Vive
l'empereur! Je no faisais à aucun lecteur l'injure de croire
qu'il prendrait un tel cri au sérieux. »

— Mais tout votre volume est un panégyrique de l'ère
impériale. Vous allez jusqu'à y dire : « Le jour où le pays
cesserait d'écouter la voix do cet homme providentiel, c'en
serait fait de sa gloire, de sa prospérité, de son bonheur. »

« Justement. C'était trop exagéré pour être vrai. »

— Et votre cantate du 45 août :

La France a besoin pour vivre de ses Napoléons !

« Eh bien) oui, de ses napoléons, de ses pièces do vingt
francs. »
(Murmures.)

« Ah ! si on île peut plus manier l'ironie ! »

Le candidat qui a une extinction de voix

Ce rôle convient à celui qui n'aime pas à entrer dans des
explications oiseuses.

— Qu'avez-vous à faire valoir en faveur de votre candi-
dature ?

Le candidat ouvre la bouche ; on n'entend rien.
Un de ses amis a eu la précaution de prévenir qu'il venait
d'attraper une extinction de voix,

— Etes-vous républicain ou monarchiste ?'

Le candidat ouvre la bouche; on n'entend pas davantage.

— Dites au moins si vous êtes clérical?'
Il ouvre la bouche... Néant !

Le public s'impatiente.

Le candidat cherche alors à expliquer ses opinions reli-
gieuses par un geste.

Et, comme l'assistance ne parait pas fixée, l'ami qui l'a
déjà présenté monte encore à la tribune pour répéter :

— Messieurs, le candidat réclame toute votre indulgence.
Il aune extinction de voix.

Pour éviter de répondre, ce procédé est excellent; mais
il est moins bon pour se faire élire.

PAUL PARFAIT.
--♦-

LES BONAPARTISTES ET LES RÉPUBLICAINS1

S'il ne vous convient pas de voter pour des légitimistes
ou des orléanistes, cherchez d'autres gens pour vous repré-
senter ; nommez, si c'est votre intérêt, nommez des bona-
partistes, des gens qui ne reculent devant rien, qui font
leurs coups la nuit, comme au 2 Décembre ; qui fusillent
tous ceux qui défendent les lois, qui les enchaînent deux à
deux, comme des galériens, et les envoient périr miséra-
blement à Cayenne, à Lambessa ou ailleurs; qui chassent
les plus honnêtes gens, lorsqu'ils leur résistent, les plus
grands hommes, qui faisaient l'honneur et la gloire de la
France, parce qu'ils osaient réclamer la justice. Oui, nom-
mez ces gens-là, si c'est votre intérêt : ce sera dur, ce sera
terrible, épouvantable, ce sera une tache éternelle pour la
nation.Mais vous ferez avec les bonapartistes commeles orléa-
nistes et les légitimistes font avec les jésuites depuis cinq ans:
ils leur dounent la main et votent avec eux, parce que
c'est leur intérêt. Us n'auront donc pas de reproches à vous
faire.

Mon cœur tremble de vous donner ce conseil, j'ai peur
do ne plus être un bon Français ; mais nous parlons d'in-
térêt ot non de patrie. Donc, si c'est votre intérêt, nommez
des bonapartistes ; seulement, au nom de vos femmes et
de vos enfants, et principalement de vous-mêmes, réflé-
chissez !

Je sais qu'un certain nombre d'entre vous disent en par-
lant de Napoléon III : « Il a pris l'affaire de décembre sur

(I) Ces pages, empreintes d un patriotisme si clairvoyant et d'un
raisonnement si serré, som extraites d une |jertkb d-un cultivateur
aux paysan», que le eél«,mi auteur de l'Histoire du Plébiscite rient de
publier à la Librairie Illustrée. — Prix : 5 centimes.

lui... cela le regarde !... Nous en avons profité ; nous avons
eu de bonnes années, nous avons -bien vendu nos récoltes,
nous avons bien vécu et nous avons même arrondi notre
avoir; le reste n'est pas notre affaire... Qu'il rende ses
comptes là-haut, nous n'avons rien à y voir... Et puis, il a
rétabli le suffrage universel, que les orléanistes et les légi-
timistes avaient détruit. »

Voyons un peu ce qu'il y a de vrai dôtM tout cela.

D'abord, pour ce qui regarde le suffrage universel; il est
bon de se rappeler que Louis-Napoléon Bonaparte, prési-
dent de la République française, avait fait proposer par ses
ministres la loi qui supprimait trois millions d'électeurs !
Il n'a donc rien réta&tt en 1802, il a simplement restitué ce
qu'il avait pris dans un but de politique, et pour mettre un
atout dans sonjeu, lorsqu'il risquerait la grande partie.

D'un autre côté, la nation avait beaucoup travaillé et
économisé pendant les dix-huit années de paix du règne de
Louis-Philippe ; on avait ouvert des routes par centaines,
creusé des canaux, construit les premiers chemins de fer,'
défriché des forêts, bâti des fabriques en masse. Quand
Louis-Philippe est parti, la France était riche : Bonaparte,
en arrivant, a trouvé la maison pleine de la cave au gre-
nier ; il avait les mains dans l'or jusqu'aux coudes. Il n'a
fait que dépenser et dépenser. Ce n'est pas bien malin de
dépenser à tort et à travers, de jeter l'argent par les fenê-
tres !... Mais ce qu'on a dépensé, on ne l'a plus.

Louis-Bonaparte a non-seulement dépensé les économies
du règne de l'autre, il nous a laissé quinze milliards de
dettes ! Il a aussi dépensé nos belles armées inutilement,
en. Crimée, en Chine, au Mexique ; on a vu à la ûn ce qu'il
en restait pour nous défendre.

Et puis, dans ce temps, les chemins de fer commençaient,
bien des choses qui n'avaient pas de valeur dans nos villages'
parce qu'on ne savait où les vendre, trouvèrent un débou-
ché dans les grandes villes et nous rapportèrent des écus.
Mais Louis-Bonaparte n'avait pas inventé les chemins de
fer; on en faisait avant lui, on en fait depuis qu'il n'est plus
là; les choses se seraient donc passées de même sous un
autre.

Ce n'est pas lui non plus qui nous a donné de bonnes
années, qui a fait tomber la pluie quand nous avions
besoin d'eau, et luire le soleil quand il nous fallait de la
chaleur pour mûrir les récoltes. Tout ce qui lui revient en
propre, c'est l'amour du luxe, des dépenses inutiles, des
loteries, des jeux de bourse, qu'il a encouragés par tous
les moyens; et puis les guerres qui nous ont criblés do
dettes, sans parler de la fin finale, où nous avons laissé
non-seulement notre ancienne gloire militaire, mais encore
l'Alsace et la Lorraine, qui nous donnaient plus de soldats
que dix autres départements ; de sorte qu'il faut aujourd'hui
que nos fils remplacent les soldats que fournissaient ces
deux provinces.

Voilà ce qui revient en propre à Napoléon III, avec son
coup de décembre.

Si vous nommez des bonapartistes, qu'est-ce qu'ils
feront ? Ce qu'ils ont déjà fait : un coup d'Etat pour rame-
ner le petit prince, l'héritier légitime de trois invasions !.
Le premier Bonaparte en avait deux sur son compte, le
second en a une; le troisième, s'il arrive, aura la sienne-
Je vous en préviens : bon chien chasse de race !

Mais je crois aussi que le coup d'Etat cette fois ne réussi-
rait pas, malgré tous les serments que le petit prince pour-
fait faire devant Dieu et devant les hommes ; trop de gens
s'y attendraient, trop de gens de tous les partis en seraient
menacés, et le peuple des villes serait là, qui pourrait bien
se soulever pour autre chose que pour Napoléon IV.

Alors les fils des paysans seraient donc forcés d'aller sou-
tenir le petit prince? Ce serait la guerre civile, la plus
grande guerre civile qu'on aurait jamais vue, puisque tous
les partis ensemble se trouveraient dedans, non par sur-
prise, mais préparés à se défendre.

Je ne vous dis rien des Allemands, qui n'attendent que
delà pour revenir avec l'idée bien .arrêtée de ne plus s'en
aller : ils ne se gênent pas pour l'écrire tous les jours dans
leurs gazettes.

Si c'est votre intérêt d'amener la guerre civile, de faire le
jeu des Prussiens, d'être envahis et conquis, nommez des
bonapartistes ! car ce que je vous annonce ne peut man-
quer d'arriver, si les bonapartistes sont en majorité à la pro-
chaine Assemblée nationale et au Sénat.

Ce sera la quatrième invasion et la dernière.

Vous n'aurez pas vos anciens seigneurs, ni vos dîmes, ni
vos corvées d'avant la Révolution; mais vous risquerez
d'avoir des maîtres de l'autre côté du Rhin, comme les
Alsaciens et les Lorrains, et de travailler à perpétuité pour
le roi de Prusse.

Restent les républicains.

Quel est l'intérêt des républicains? des gens qui ne sont
pas nobles, comme les légitimistes, ni archi-millionnaires
en venant aù monde, comme les orléanistes, ni très-dépen-
siers et risque-toiitji capables de jouer quitte ou double
pour s'tmrichir en un joùr et jouir plus vite, comme les
bonapartistes ; enfin des gens ordinaires : petits bourgeois,
négociants, industriels, ouvriers, travailleurs de toute sorte,
qui, dans les villes, demandent en masse la République,
parce qu'ils voient clairement que leur intérêt est de ce
côté ! — Est-ce que lo nôtre y est aussi? C'est ce qu'il faut
voir.

L'intérêt des républicains, c'est :

1° De garder les biens qu'ils ont acquis par leur travail,
ou par l'héritage de leurs anciens ; de les étendre et de les
faire fructifier autant que possible, ce qui ne peut arriver
que si personne ne prétend avoir d'anciens droits sur eux,
et n'essaye de les rétablir, en so faisant nommer représen-
tants du peuple, pour faire des lois contre l'égalité;

2° De permettre à tous de s'élever à tous les grades, à
tous les biens sans exception, par le travail, parle talent et
la bonne conduite, sans privilèges pour aucune classe et
sans recommandations ni protections d'aucune sorte. Il faut
que le fils d'un simple paysan puisse devenir président de la
République, comme en Amérique, s'il en est le plus digne
et le plus capable. Ça, c'est l'intérêt de la nation tout en-
tière. L'intérêt de la République, c'est que tous les enfants
reçoivent le plus d'instruction possible, et qu'on pousse gra'
tintement, jusqu'aux plus hautes écoles, ceux qui montrent
de bonnes dispositions, afin que l'esprit du pays ne rest»
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