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L'ÉCLIPSÉ, REVUE COMIQUE ILLUSTREE
8 Avril 1877.
éva. — H y a des maigrichonnes qui pourraient
bien se tortiller de toutes les manières sans rien
ajouter au plaisir du public.
m"" turquin. — Grosse insolente 1
éva. — Eclialas rageur!
LE RÉGISSEUR. — Voyons, voyons, ne recommen-
çons pas. Reprenez votre morceau, Éva.
La reprise demandée a lieu, mais d'une si singulière
façon que le chef d'orchestre en parait affecté.)
le chef d'orchestre. — Mademoiselle ! mademoi-
selle !
éva. — Eh bien, quoi?
le chef d'orchestre. — En mesure donc!...
éva. — Pourquoi ne me suivez-vous pas?
le chef d'orchestre.—Vous changez tous les mou-
vements.
ÉVA. — Je mets trop de sentiment, voilà tout.
le chef d'orchestre. — Et vous n'avez jamais
chanté si faux qu'aujourd'hui.
éva. — Ah ! mon vieux lapin, si vous croyez que
je donne cinq cents francs par mois à votre direc-
teur pour chanter juste, vous vous mettez joli-
ment l'archet dans l'œil, vous !...
L. Y.
CE QU'ON LIT
L'ACADÉMIE DE GUERRE DE BERLIN1
La publication des documents relatifs à l'ensei-
gnement militaire en Allemagne est un réel événe-
ment.
Pour la première fois, en effet, le public va se
trouver à même de juger sur pièces authentiques la
méthode d'enseignement adoptée de l'autre côté du
Rhin.
La traduction littérale des instructions du célè-
bre chef de l'Académie de guerre et des dispositions
prises pour les écoles de guerre, l'état de l'enseigne-
ment militaire supérieur en Europe, le parallèle
entre ces différents enseignements, etc., font de ce
livre un ouvrage précieux, nécessaire pour les spé-
cialistes, les professeurs, les officiers, comme pour
tous ceux qui s'intéressent aux progrès de l'instruc-
tion en France.
Un liseur.
ÉCHOS DE LÀ SEMAINE
Dialogue à l'imprimerie :
— Imbécillité prend deux / et imbécile n'en prend
qu'un.
1. En vente chez tous les libraires. PRIX : 5 fr.
— Imbécile s'écrit indifféremment avec un l ou avec
deux.
— Il a deux /.
— Eh bien, envole-toi !
comédie dans la rue
Deux jeunes gens, un ivrogne, sa femme. — Il est une
heure du matin.
Le premier jeone homme. — Tiens, qu'est-ce que
c'est que ça?
Le second. — Je crois que cela ressemble à un
homme. (Ils s'approchent.)
L'ivrogne (murmurant d'une voix éteinte).—M'sieu,
m'sieu!...
Premier jeune noMME. — Mon bonhomme, vous
arrêtez le cours de ce paisible ruisseau.
L'ivrogne. —M'sieu, m'sieu, m'sieu !
Premier jeune homme. — Demeurez-vous loin?
L'ivrogne (après une pause). — J'suis un peu bu.
Le jeune uomme. — Où demeurez-vous?
L'ivrogne. — M'sieu, sifflez.
Le jeune homme. — Siffler?
L'ivrogne. — Oui, m'sieu.
Le jeune homme. — Vous ne pouvez donc pas
siffler?
L'ivrogne. — Non, m'sieu, j'suis trop bu.
Le jeune homme. — Bon. (On entend s'ouvrir une
fenêtre du cinquième étage.)
Une voix de femme. — Ah! te voilà, grand filou,
grand soulard, voleur! t'as mangé ta semaine, et tu
rentres mort-ivre? J'vas descendre, attends! (La
fenêtre se referme.)
L'ivrogne. — Merci, m'sieu, j'suis reconnu.
Méry était fanatique de la musique de Rossini.
Un jour, à Ems, un de ses amis, qui aimait à ex-
citer sa verve paradoxale, lui soutint que les papa-
papoum qui revenaient à chaque entrée de Gessler
étaient d'une faiblesse pitoyable :
— Eh bien ! dit Méry, puisqu'il fallait battre aux
champs sur son passage, c'était assez bon pour un
mauvais tyran de quatre sous comme lui !
Conjugaison des verbes : — Se marier.
Je l'aime.
Tu l'adores.
Il l'épouse.
Nous nous ennuyons mutuellement.
Vous vous envoyez promener.
Et ils sont heureux.
Tout le monde.
L'ÉCLIPSÉ, REVUE COMIQUE ILLUSTREE
8 Avril 1877.
éva. — H y a des maigrichonnes qui pourraient
bien se tortiller de toutes les manières sans rien
ajouter au plaisir du public.
m"" turquin. — Grosse insolente 1
éva. — Eclialas rageur!
LE RÉGISSEUR. — Voyons, voyons, ne recommen-
çons pas. Reprenez votre morceau, Éva.
La reprise demandée a lieu, mais d'une si singulière
façon que le chef d'orchestre en parait affecté.)
le chef d'orchestre. — Mademoiselle ! mademoi-
selle !
éva. — Eh bien, quoi?
le chef d'orchestre. — En mesure donc!...
éva. — Pourquoi ne me suivez-vous pas?
le chef d'orchestre.—Vous changez tous les mou-
vements.
ÉVA. — Je mets trop de sentiment, voilà tout.
le chef d'orchestre. — Et vous n'avez jamais
chanté si faux qu'aujourd'hui.
éva. — Ah ! mon vieux lapin, si vous croyez que
je donne cinq cents francs par mois à votre direc-
teur pour chanter juste, vous vous mettez joli-
ment l'archet dans l'œil, vous !...
L. Y.
CE QU'ON LIT
L'ACADÉMIE DE GUERRE DE BERLIN1
La publication des documents relatifs à l'ensei-
gnement militaire en Allemagne est un réel événe-
ment.
Pour la première fois, en effet, le public va se
trouver à même de juger sur pièces authentiques la
méthode d'enseignement adoptée de l'autre côté du
Rhin.
La traduction littérale des instructions du célè-
bre chef de l'Académie de guerre et des dispositions
prises pour les écoles de guerre, l'état de l'enseigne-
ment militaire supérieur en Europe, le parallèle
entre ces différents enseignements, etc., font de ce
livre un ouvrage précieux, nécessaire pour les spé-
cialistes, les professeurs, les officiers, comme pour
tous ceux qui s'intéressent aux progrès de l'instruc-
tion en France.
Un liseur.
ÉCHOS DE LÀ SEMAINE
Dialogue à l'imprimerie :
— Imbécillité prend deux / et imbécile n'en prend
qu'un.
1. En vente chez tous les libraires. PRIX : 5 fr.
— Imbécile s'écrit indifféremment avec un l ou avec
deux.
— Il a deux /.
— Eh bien, envole-toi !
comédie dans la rue
Deux jeunes gens, un ivrogne, sa femme. — Il est une
heure du matin.
Le premier jeone homme. — Tiens, qu'est-ce que
c'est que ça?
Le second. — Je crois que cela ressemble à un
homme. (Ils s'approchent.)
L'ivrogne (murmurant d'une voix éteinte).—M'sieu,
m'sieu!...
Premier jeune noMME. — Mon bonhomme, vous
arrêtez le cours de ce paisible ruisseau.
L'ivrogne. —M'sieu, m'sieu, m'sieu !
Premier jeune homme. — Demeurez-vous loin?
L'ivrogne (après une pause). — J'suis un peu bu.
Le jeune uomme. — Où demeurez-vous?
L'ivrogne. — M'sieu, sifflez.
Le jeune homme. — Siffler?
L'ivrogne. — Oui, m'sieu.
Le jeune homme. — Vous ne pouvez donc pas
siffler?
L'ivrogne. — Non, m'sieu, j'suis trop bu.
Le jeune homme. — Bon. (On entend s'ouvrir une
fenêtre du cinquième étage.)
Une voix de femme. — Ah! te voilà, grand filou,
grand soulard, voleur! t'as mangé ta semaine, et tu
rentres mort-ivre? J'vas descendre, attends! (La
fenêtre se referme.)
L'ivrogne. — Merci, m'sieu, j'suis reconnu.
Méry était fanatique de la musique de Rossini.
Un jour, à Ems, un de ses amis, qui aimait à ex-
citer sa verve paradoxale, lui soutint que les papa-
papoum qui revenaient à chaque entrée de Gessler
étaient d'une faiblesse pitoyable :
— Eh bien ! dit Méry, puisqu'il fallait battre aux
champs sur son passage, c'était assez bon pour un
mauvais tyran de quatre sous comme lui !
Conjugaison des verbes : — Se marier.
Je l'aime.
Tu l'adores.
Il l'épouse.
Nous nous ennuyons mutuellement.
Vous vous envoyez promener.
Et ils sont heureux.
Tout le monde.