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L'ÉCLIPSÉ, REVUE COMIQUE ILLUSTRÉE
15 Juillet 1877.
LE MANUEL
DU PARFAIT DÉPUTÉ
EXAMEN D'UN CANDIDAT
L'examinateur de rhétorique.—Monsieur Lesac,
vous vous présentez ici pour subir votre examen de
candidat aux prochaines élections?
M. Lesac. —Oui, monsieur.
— Alors je vais vous interroger sur l'éloquence...
Pourriez-vous me citer quelques exemples d'élo-
quence parlementaire actuelle?
— D'abord, moi, je ne suis pas ce qu'on peut
appeler'un orateur.
— Je ne vous demande pas non plus de me réciter
un de vos futurs discours. Citez-moi quelques traits
de vos collègues.
— Je suis de la droite.
— Choisissez ce que vous voudrez.
— C'est qu'il n'y a guère d'orateurs de mon côté.
— Alors citez quelque chose de la gauche.
— Des utopistes, des rêveurs...
— La rêverie n'exclut pas l'éloquence. Jean-Jac-
ques a de belles pages.
— Des démagogues, des chicaniers, des buveurs
de sang, des hommes qui foulent aux pieds...
— Les sentiments les plus sacrés, les plus saintes
croyances.
—■ Oui, monsieur, c'est cela, des hommes qui se
font un jeu du désordre, des socialistes, des enne-
mis de ce qui fait la force...
— La gloire, la grandeur d'un pays.
— Oui, monsieur.
— Vous ne répondez pas à ma question. Ce que
vous dites là rentre dans ce que les anciens appe-
laient des lieux communs, cet arsenal oratoire où ils
puisaient des arguments tout préparés.
— Je ne lis que le Constitutionnel.
— Lisez Tacite, monsieur, lisez Tacite.
— Je ne sais pas le latin.
— Cependant, si vous voulez être député, il est
au moins nécessaire que vous parliez à vos élec-
teurs.
— Oh ! oui, je vais les voir, je leur parle, je trin-
que avec eux.
— Tous les moyens sont bons pour arriver à la
persuasion.
— V Impartial me soutient, il plaide ma cause.
— Oui. Mais si vous êtes dans un banquet, com-
ment vous y prenez-vous?
— Je porte un toast comme un autre, et je vide
assez bien ma flûte.
— Ne ferez-vous pas une profession de foi?
— Certainement.
— Eh bien, voyons, nous allons peut-être trouver
là quelque étincelle, quelque mouvement oratoire.
Oue- diles-vous à vos électeurs?
— Ma foi, j'ai acheté un livre où il y a des modè-
les de professions de foi de toutes les couleurs. J'ai
trouvé cela sur les quais en 1848. A cette époque
j'ai choisi celle qui est à la page 29 :
« Citoyens!
« Je ne me présente pas à vous comme un fils
illustre de la République. Ce qu'il faut à cette mère
LES TRAMWAYS D'AUTREFOIS
Le tilbury était par qxcelleuce la voiture de campagne. Nos mères elles-mêmes
daignaient s'asseoir sur la banquette du frêle véhicule.
L'ÉCLIPSÉ, REVUE COMIQUE ILLUSTRÉE
15 Juillet 1877.
LE MANUEL
DU PARFAIT DÉPUTÉ
EXAMEN D'UN CANDIDAT
L'examinateur de rhétorique.—Monsieur Lesac,
vous vous présentez ici pour subir votre examen de
candidat aux prochaines élections?
M. Lesac. —Oui, monsieur.
— Alors je vais vous interroger sur l'éloquence...
Pourriez-vous me citer quelques exemples d'élo-
quence parlementaire actuelle?
— D'abord, moi, je ne suis pas ce qu'on peut
appeler'un orateur.
— Je ne vous demande pas non plus de me réciter
un de vos futurs discours. Citez-moi quelques traits
de vos collègues.
— Je suis de la droite.
— Choisissez ce que vous voudrez.
— C'est qu'il n'y a guère d'orateurs de mon côté.
— Alors citez quelque chose de la gauche.
— Des utopistes, des rêveurs...
— La rêverie n'exclut pas l'éloquence. Jean-Jac-
ques a de belles pages.
— Des démagogues, des chicaniers, des buveurs
de sang, des hommes qui foulent aux pieds...
— Les sentiments les plus sacrés, les plus saintes
croyances.
—■ Oui, monsieur, c'est cela, des hommes qui se
font un jeu du désordre, des socialistes, des enne-
mis de ce qui fait la force...
— La gloire, la grandeur d'un pays.
— Oui, monsieur.
— Vous ne répondez pas à ma question. Ce que
vous dites là rentre dans ce que les anciens appe-
laient des lieux communs, cet arsenal oratoire où ils
puisaient des arguments tout préparés.
— Je ne lis que le Constitutionnel.
— Lisez Tacite, monsieur, lisez Tacite.
— Je ne sais pas le latin.
— Cependant, si vous voulez être député, il est
au moins nécessaire que vous parliez à vos élec-
teurs.
— Oh ! oui, je vais les voir, je leur parle, je trin-
que avec eux.
— Tous les moyens sont bons pour arriver à la
persuasion.
— V Impartial me soutient, il plaide ma cause.
— Oui. Mais si vous êtes dans un banquet, com-
ment vous y prenez-vous?
— Je porte un toast comme un autre, et je vide
assez bien ma flûte.
— Ne ferez-vous pas une profession de foi?
— Certainement.
— Eh bien, voyons, nous allons peut-être trouver
là quelque étincelle, quelque mouvement oratoire.
Oue- diles-vous à vos électeurs?
— Ma foi, j'ai acheté un livre où il y a des modè-
les de professions de foi de toutes les couleurs. J'ai
trouvé cela sur les quais en 1848. A cette époque
j'ai choisi celle qui est à la page 29 :
« Citoyens!
« Je ne me présente pas à vous comme un fils
illustre de la République. Ce qu'il faut à cette mère
LES TRAMWAYS D'AUTREFOIS
Le tilbury était par qxcelleuce la voiture de campagne. Nos mères elles-mêmes
daignaient s'asseoir sur la banquette du frêle véhicule.
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Les tramways de autrefois
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
S 25 / T 6
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
Public Domain Mark 1.0
Creditline
L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré, 10.1877, S. 2_022
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg