15 Juillet 1877.
L'ECLIPSE, REVUE COMIQUE ILLUSTRÉE
23
commune, ce sont des hommes intègres, voués au
bien du peuple, de ce peuple... »
— Oui, oui, très-bien, vous étiez un sauveur de la
patrie. Tout le monde a plus ou moins sauvé la
patrie. Le métier est gâté.
— Je parlais avec conviction, comme aujourd'hui.
J'étais capitaine de la garde nationale et abonné à la
Réforme.
— Je n'en doute pas.
— L'homme est le jouet des événements, et alors,
en étudiant mon Guide du député, j'ai trouvé ma pe-
tite affaire à la page 263.
— Et vous avez franchi comme cela de la page 20
à la page 263?
— D'une enjambée.
— C'est un saut bien périlleux. En rhétorique,
nous avons la transition... Que ferez-vous à la
Chambre?
— Du bruit.
—■ Parlerez-vous?
— En interrompant, je dirai : « Très-bien! à l'or-
dre ! la clôture ! »
— C'est très-hardi.
— Tout n'est pas rose dans la députation. Il faut
que les électeurs voient mon nom de temps en temps.
Savez-vous ce que je suis prêt à dépenser pour ma
campagne électorale ?
— Je sais que vous m'interrogez. C'est à moi de
vous le demander.
— Je dépenserai vingt mille francs ronds.
— C'est un joli chiffre.
— Je ne compte pas. Chacun prend son plaisir où
il le trouve. J'aimerais à voir mon nom dans l'Of-
ficiel, je voyagerais, et puis, j'habiterais Paris pen-
dant la session.
— Je vous donne une boule blanche. Vous êtes
reçu député. Tâchez d'être exact et zélé.
— Je voterai comme un seul homme.
z. z. z.
HÉLÈNE
Au temps heureux où j'entretenais avec les lec-
teurs du Journal littéraire — Francisco Sarcey con-
sule — une correspondance des plus étendues, il
est arrivé une petite aventure qui me revient en
mémoire.
Chaque semaine, Sarcey proposait des problèmes
variés sur les proverbes, ou des questions sur des
formules de langage, véritables rébus dont les solu-
tions composaient une série de lettres très-intéres-
santes. De mon côté, je soumettais aux lecteurs des
problèmes chiffrés sur la cryptographie, des ques-
tions sur les usages de la politesse chez les diffé-
rents peuples, etc.
Un jour, je posai cette question :
« Si vous étiez prisonnier, et condamné à ne lire
quun seul ouvrage, lequel choisiriez-vous ? »
En dépouillant la volumineuse correspondance
qui pleuvait chaque semaine, je.trouvai une lettre
d'enfant, réglée au crayon.
Boire les lignes, on lisait en gros caractères irré-
guliers :
« Je demanderais Bossuet, parce qu'on a Bossuet
dans la première classe.
L'ECLIPSE, REVUE COMIQUE ILLUSTRÉE
23
commune, ce sont des hommes intègres, voués au
bien du peuple, de ce peuple... »
— Oui, oui, très-bien, vous étiez un sauveur de la
patrie. Tout le monde a plus ou moins sauvé la
patrie. Le métier est gâté.
— Je parlais avec conviction, comme aujourd'hui.
J'étais capitaine de la garde nationale et abonné à la
Réforme.
— Je n'en doute pas.
— L'homme est le jouet des événements, et alors,
en étudiant mon Guide du député, j'ai trouvé ma pe-
tite affaire à la page 263.
— Et vous avez franchi comme cela de la page 20
à la page 263?
— D'une enjambée.
— C'est un saut bien périlleux. En rhétorique,
nous avons la transition... Que ferez-vous à la
Chambre?
— Du bruit.
—■ Parlerez-vous?
— En interrompant, je dirai : « Très-bien! à l'or-
dre ! la clôture ! »
— C'est très-hardi.
— Tout n'est pas rose dans la députation. Il faut
que les électeurs voient mon nom de temps en temps.
Savez-vous ce que je suis prêt à dépenser pour ma
campagne électorale ?
— Je sais que vous m'interrogez. C'est à moi de
vous le demander.
— Je dépenserai vingt mille francs ronds.
— C'est un joli chiffre.
— Je ne compte pas. Chacun prend son plaisir où
il le trouve. J'aimerais à voir mon nom dans l'Of-
ficiel, je voyagerais, et puis, j'habiterais Paris pen-
dant la session.
— Je vous donne une boule blanche. Vous êtes
reçu député. Tâchez d'être exact et zélé.
— Je voterai comme un seul homme.
z. z. z.
HÉLÈNE
Au temps heureux où j'entretenais avec les lec-
teurs du Journal littéraire — Francisco Sarcey con-
sule — une correspondance des plus étendues, il
est arrivé une petite aventure qui me revient en
mémoire.
Chaque semaine, Sarcey proposait des problèmes
variés sur les proverbes, ou des questions sur des
formules de langage, véritables rébus dont les solu-
tions composaient une série de lettres très-intéres-
santes. De mon côté, je soumettais aux lecteurs des
problèmes chiffrés sur la cryptographie, des ques-
tions sur les usages de la politesse chez les diffé-
rents peuples, etc.
Un jour, je posai cette question :
« Si vous étiez prisonnier, et condamné à ne lire
quun seul ouvrage, lequel choisiriez-vous ? »
En dépouillant la volumineuse correspondance
qui pleuvait chaque semaine, je.trouvai une lettre
d'enfant, réglée au crayon.
Boire les lignes, on lisait en gros caractères irré-
guliers :
« Je demanderais Bossuet, parce qu'on a Bossuet
dans la première classe.
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Les tramways de autrefois
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
S 25 / T 6
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
Public Domain Mark 1.0
Creditline
L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré, 10.1877, S. 2_023
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg