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L'ÉCLIPSÉ, REVUE COMIQUE ILLUSTRÉE
2 Septembre 1877.
C'est donc, nu ; premier abord, une besogne
effrayante qu'un article de deux cents lignes par
jour; mais un travailleur bien outillé, qui saurait
organiser sa vie, trouverait encore de nombreux loi-
sirs pour écrire des vers, des romans, pièces de
théâtre, même ses Mémoires.
J'ai eu personnellement l'honneur de connaître
les chroniqueurs célèbres de notre époque, et tous
justifient, à différents degrés, le principe ci-dessus
exposé.
Autant de chroniqueurs, autant de systèmes.
L'un travaille le matin, l'autre la nuit, celui-là
dans la retraite, celui-ci dans le café, un autre
partout.
L'un se fie à sa mémoire, l'autre à son carnet.
11 y en a qui avalent des bibliothèques, d'autres
qui ne lisent rien, et qui cherchent dans la vie un
spectacle renouvelé tous les jours. Celui-ci se ren-
seigne en dévorant des montagnes de journaux,
celui-là en se promenant au hasard et en jetant
l'épervier dans les conversations. En matière de
chronique, le meilleur système est de n'en pas avoir,
c'est-à-dire de les avoir tous : se souvenir, prendre
des notes, lire les anciens et les modernes, les livres
et les journaux, causer, flâner, voir, penser, sentir
et comprendre : en un mot, vivre par curiosité.
*
* *
Après l'ensemble, le détail; après l'art, qui est
long et vient à son heure, le métier, qui est rapide.
Les compositeurs sont comme Louis XIV, ils n'atten -
dent pas. Jour et nuit les'machines à vapeur roulent.
Vous pouvez être eh retard, malade ou' mort, le
journal paraît à heure fixe, et ses colonnes sont
toujours pleines. C'est là qu'on apprend qu'un
homme peut être utile, mais jamais indispensable.
A huit heures, le peuple le plus spirituel de la
terre attend sa pâture : bonne ou mauvaise, il la
mange, et, chose admirable ! il la digère.
* ■
m * *
Le chroniqueur n'a point à se préoccuper la veille
de ce qu'il dira le lendemain. A Paris, clique jour
amène son pain, et c'est po rlui que le four chauffe.
A chaque tour de cadran, un événement surgit, un
homme est en vue, un livre paraît, une pièce se joue,
quelqu'un meurt, sans compter la politique et les
cancans, écume légère de la grande mer parisienne
qui roule le monde dans ses vagues troublées.
*
* * *
Les outils du chroniqueur ne sont ni rares ni pré-
cieux. Des encyclopédies, des journaux, des diction-
naires biographiques, quelques centaines de volumes
choisis, et l'univers est entre ses mains.
Si maintenant on veut des détails, le jeu n'est pas
difficile.
LA PÊCHE AUX GRENOUILLES (suite)
L'ÉCLIPSÉ, REVUE COMIQUE ILLUSTRÉE
2 Septembre 1877.
C'est donc, nu ; premier abord, une besogne
effrayante qu'un article de deux cents lignes par
jour; mais un travailleur bien outillé, qui saurait
organiser sa vie, trouverait encore de nombreux loi-
sirs pour écrire des vers, des romans, pièces de
théâtre, même ses Mémoires.
J'ai eu personnellement l'honneur de connaître
les chroniqueurs célèbres de notre époque, et tous
justifient, à différents degrés, le principe ci-dessus
exposé.
Autant de chroniqueurs, autant de systèmes.
L'un travaille le matin, l'autre la nuit, celui-là
dans la retraite, celui-ci dans le café, un autre
partout.
L'un se fie à sa mémoire, l'autre à son carnet.
11 y en a qui avalent des bibliothèques, d'autres
qui ne lisent rien, et qui cherchent dans la vie un
spectacle renouvelé tous les jours. Celui-ci se ren-
seigne en dévorant des montagnes de journaux,
celui-là en se promenant au hasard et en jetant
l'épervier dans les conversations. En matière de
chronique, le meilleur système est de n'en pas avoir,
c'est-à-dire de les avoir tous : se souvenir, prendre
des notes, lire les anciens et les modernes, les livres
et les journaux, causer, flâner, voir, penser, sentir
et comprendre : en un mot, vivre par curiosité.
*
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Après l'ensemble, le détail; après l'art, qui est
long et vient à son heure, le métier, qui est rapide.
Les compositeurs sont comme Louis XIV, ils n'atten -
dent pas. Jour et nuit les'machines à vapeur roulent.
Vous pouvez être eh retard, malade ou' mort, le
journal paraît à heure fixe, et ses colonnes sont
toujours pleines. C'est là qu'on apprend qu'un
homme peut être utile, mais jamais indispensable.
A huit heures, le peuple le plus spirituel de la
terre attend sa pâture : bonne ou mauvaise, il la
mange, et, chose admirable ! il la digère.
* ■
m * *
Le chroniqueur n'a point à se préoccuper la veille
de ce qu'il dira le lendemain. A Paris, clique jour
amène son pain, et c'est po rlui que le four chauffe.
A chaque tour de cadran, un événement surgit, un
homme est en vue, un livre paraît, une pièce se joue,
quelqu'un meurt, sans compter la politique et les
cancans, écume légère de la grande mer parisienne
qui roule le monde dans ses vagues troublées.
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Les outils du chroniqueur ne sont ni rares ni pré-
cieux. Des encyclopédies, des journaux, des diction-
naires biographiques, quelques centaines de volumes
choisis, et l'univers est entre ses mains.
Si maintenant on veut des détails, le jeu n'est pas
difficile.
LA PÊCHE AUX GRENOUILLES (suite)
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
La pêche aux grenouilles (suite)
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
S 25 / T 6
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
Public Domain Mark 1.0
Creditline
L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré, 10.1877, S. 2_074
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg