L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré (10.1877)

I

2 Septembre 1877.

L'ÉCLIPSÉ, REVUE COMIQUE ILLUSTRÉE

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Trois cent soixante-cinq chroniques étant données
à alimenter, on peut d'avance établir le bilan d'une
année.

Il y a d'abord les éphémérides de l'histoire et les
anniversaires du calendrier, qui constituent un
véritable fonds de réserve, utilisé chaque année.

Exemple :

Le jour de l'an, les baisers de Judas, les bonbons,
les joujoux, etc.

Un peu plus tard, la mort de l'infortuné Louis XY1,
la Saint-Valentin, le Bœuf gras, l'anniversaire de
Racine, Corneille, Molière, Voltaire, Beaumar-
chais, etc., etc.; les fêtes religieuses, la fête des
Loges, de Saint-Cloud, etc., etc.; l'érection d'une
statue, .un journal qui se fonde, la rosière de Nan-
terre, le prix Montyon, les vacances, la Saint-Nicolas,
la Sainte-Catherine, les réceptions académiques, les
faits-divers, le livre à la mode, une première repré-
sentation, et les mots, et les anecdotes, et les nou-
velles à la main, et les éclipses, et les cours, les
théâtres, la ville, les courses, les voyages, les cocottes,
les bals de l'Opéra, les Cendres, le diable et son
train.

Rien qu'en énumérant les éléments d'une chro-
nique, en en écrirait au moins trois. Une suffira pour
aujourd'hui.

X. Y. Z.

SEULS

Ils sont deux.

Le premier s'appelle Nisus.
Il est blond et rose.
Le second s'appelle Euryale.
Il est noir et sombre.

Un jour, ils se sont rencontrés dans un café, et ils
se sont jetés dans la littérature.

Depuis ce jour, leurs plumes ne se sont pas arrê-
tées.

Nisus est ce qu'on appelle un homme « idées. Il
sort le matin, arpente deux fois toute la ligne des
boulevards, de la Madeleine à la Bastille, et, sa course
terminée, il rentre avec un sujet de pièce.

C'est le type rêvé par Emile de Girardin : « Une
Idée par jour. «

Nisus habite une vaste salle nue, qui servait d'a-
telier. Au milieu est une table de bois blanc, escortée
de deux chaises.

Sur la table, il y a du papier blanc, des plumes
et de l'encre.

Sur les murs, on lit les noms des théâtres de Pa-
ris et les adresses de tous les directeurs.

Un grand calendrier, maculé de nombreuses bar-
res à l'encre, indique les jours où un acte est achevé,
car j'oubliais de ^ous dire que Nisus et Euryale ne
font que des pièces en un acte.

Dans cette salle, Euryale attend Nisus.

Nisus arrive.

LA PÊCHE AUX GRENOUILLES (fin)

Mais, hélas! la planche perfide cède sous le poids — Tiens, môsieu Bigourat, que que vous faites donc là?...

et sous les pieds du trop amoureux huissier. — Je pèche aux grenouilles, mon ami !...

— En ce cas, je vous conseille de ne point pêcher colles de par chez nous... car elles ont des dents et elles
mordent.