-2-3 Décembre 1877. L'ÉCLIPSÉ, REVUE COMIQUE ILLUSTRÉE 203
AU SKATINGr-CONCERT
— Moi, mon petit bon, je ne patine pas sans glace. Offre-m'en une et je te ferai — Tranquillisez-vous, noble étranger, rien de cassé ; les chutes, ça me connaît,
voir mon agilité.
des malheureux mineurs, privés de la vue bienfai-
sante du soleil pendant des années entières?
M""'" Graindorge. —Monsieur Grêlon, encore un
peu de barbue... C'est votre poisson de prédilec-
tion.
M. Grêlon. — Volontiers. Je ferais des folies pour
la barbue.
Crochu. — Avez-vous pensé quelquefois au sort
de vos frères qui ne se nourrissent que de nœuds
d'épée et d'immonde charcuterie?
M. Grêlon. — S'il fallait penser au tiers et au
quart, on n'en finirait plus.
Crochu. — Que voilà bien Fégoïsme de la bour-
geoisie !
M. Grêlon, avec dignité. —Sachez, monsieur, que
je n'ai jamais refusé le denier de la veuve au men-
diant qui l'implore.
Crocuu. — Et parce que vous donnez aux pauvres
un sou tous les quinze jours, vous vous croyez quitte
envers l'humanité?
Mmo Graindorge. — Un peu de sauce, monsieur
Grêlon?
M. Grêlon. — Merci, j'en ai plein mon assiette...
Quant à mes aumônes, je n'ai jamais compté avec
M. Crochu, et j'ignore pourquoi...
Mme Graindorge. — Du citron.
M. Grêlon. —Mille grâces... Et j'ignore pourquoi
il se permet de dire que je ne donne que deux sous
par mois.
Crochu. — Du reste, je ne vous en fais aucun re-
proche. L'aumône est avilissante. Procurez du tra-
vail à l'ouvrier, cela vaudra mieux.
M. Grêlon. — Je fais travailler comme tout le
monde, ni plus ni moins.
Crochu. — Et ce n'est guère.
M. Grêlon. — Je ne peux pourtant pas m'encom-
brer de paletots et de bottes pour faire aller le com-
merce.
Crochu. — Ne vous étonnez pas, alors, d'entendre
crier contre vous. Allez, quand le jour de la liquida-
tion sera venu, il y aura des pleurs et des grince-
ments de dents!
Mme Graindorge. — Je vous en supplie, monsieur
Crochu, ne nous dites pas de ces chuses-là, vous me
faites venir la chair de poule.
M. Étienne. — C'est insupportable ! on ne peut
pas dîner tranquille avec lui.
Crochu. — Monsieur, je suis ici au même titre que
vous, et je m'étonne...
M. Bienourri. — Eh ! fichez-nous la paix, avec vos
menaces éternelles.
M. Grêlon. — S'il faut se battre, on se battra.
Crochu. — Vous brûlez du désir de tirer [sur le
peuple ?
AU SKATINGr-CONCERT
— Moi, mon petit bon, je ne patine pas sans glace. Offre-m'en une et je te ferai — Tranquillisez-vous, noble étranger, rien de cassé ; les chutes, ça me connaît,
voir mon agilité.
des malheureux mineurs, privés de la vue bienfai-
sante du soleil pendant des années entières?
M""'" Graindorge. —Monsieur Grêlon, encore un
peu de barbue... C'est votre poisson de prédilec-
tion.
M. Grêlon. — Volontiers. Je ferais des folies pour
la barbue.
Crochu. — Avez-vous pensé quelquefois au sort
de vos frères qui ne se nourrissent que de nœuds
d'épée et d'immonde charcuterie?
M. Grêlon. — S'il fallait penser au tiers et au
quart, on n'en finirait plus.
Crochu. — Que voilà bien Fégoïsme de la bour-
geoisie !
M. Grêlon, avec dignité. —Sachez, monsieur, que
je n'ai jamais refusé le denier de la veuve au men-
diant qui l'implore.
Crocuu. — Et parce que vous donnez aux pauvres
un sou tous les quinze jours, vous vous croyez quitte
envers l'humanité?
Mmo Graindorge. — Un peu de sauce, monsieur
Grêlon?
M. Grêlon. — Merci, j'en ai plein mon assiette...
Quant à mes aumônes, je n'ai jamais compté avec
M. Crochu, et j'ignore pourquoi...
Mme Graindorge. — Du citron.
M. Grêlon. —Mille grâces... Et j'ignore pourquoi
il se permet de dire que je ne donne que deux sous
par mois.
Crochu. — Du reste, je ne vous en fais aucun re-
proche. L'aumône est avilissante. Procurez du tra-
vail à l'ouvrier, cela vaudra mieux.
M. Grêlon. — Je fais travailler comme tout le
monde, ni plus ni moins.
Crochu. — Et ce n'est guère.
M. Grêlon. — Je ne peux pourtant pas m'encom-
brer de paletots et de bottes pour faire aller le com-
merce.
Crochu. — Ne vous étonnez pas, alors, d'entendre
crier contre vous. Allez, quand le jour de la liquida-
tion sera venu, il y aura des pleurs et des grince-
ments de dents!
Mme Graindorge. — Je vous en supplie, monsieur
Crochu, ne nous dites pas de ces chuses-là, vous me
faites venir la chair de poule.
M. Étienne. — C'est insupportable ! on ne peut
pas dîner tranquille avec lui.
Crochu. — Monsieur, je suis ici au même titre que
vous, et je m'étonne...
M. Bienourri. — Eh ! fichez-nous la paix, avec vos
menaces éternelles.
M. Grêlon. — S'il faut se battre, on se battra.
Crochu. — Vous brûlez du désir de tirer [sur le
peuple ?
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Au skatin-concert
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
S 25 / T 6
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)