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Parla, 1S décembre IM4, soir.

En Belgique, dans la région de Steenstraete, une attaque enne-
mie a été refoulée, et nous avons fait de sensibles progrès aux
abords du l'abaret-Korteker.

Les troupes britaiii)ii|iies ont j>enlu. du coté de Neuve-Chapelle,
quelques-unes des tranchées conquises hier. Utndis que le corps
hindou a progressé de quelques centaines de mètres vers Riche-
boiirp-l'Avoué.

L'ennemi H montré de l'activité vers Thiepval et \ers Lilions.
Kn ce dernier point, une troupe ennemie a été surprise.

H" l'i lis" aux Vosges, aucun incident à noter.

l'an», ÏO déeumbru 1914. ï heures.

Ile la mer :i la Lys, nous avons gagné un peu de terrain en
avant de Nieupurt et Saiut-ljeorpes. A l'est et au sud d Ypres, où
l'ennemi renforce ses organisations défensives, il y a eu des com-
bats d'artillerie et nous avons propressé légèrement.

De la Lys a l'Oise, les force* alliées se sont emparées d'une
partie des tranchées de première lipne allemandes, sur le front de
Kichebourp-1 Avoué-' iivenche-Ies Labassée.

Au sud-est d'Albert, la tranchée que nous avons enlevée le
1~ décembre et que nous avons perdue le l« décembre a été reprise
hier.

Dans la répion de Linons. ]es Allemands ont attaqué deux fois
très vivement pour reprendre les tranchées que nous avons conqui-
ses le IH décembre, ils furent repoussés.

De l'Oise à l'Arponne. la supériorité de notre artillerie s'est
manifestée par l'interruption du lir de 1 adversaire et la destruction
d abris, de mitrailleuses et d observatoires et la dispersion d'un
rassemblement

Kn Argonne. dans le bois de la (jiurie, nous avous repoussé
trois attaques deux sur Fontaine-Madame et une sur St-Hubert.
Entre l'Arponne et les Vosges, il n'y a aucuu incident notable.

Pans, tfl la*.....bre 1911, noir.

La situation est inchanpée sur tout le front

NOUVELLES DIVERSES

Vienne. £l itiVembre IH« (OBBctf).

V i '""s-marin français - t urie • fut bombardé et coulé près de
Gloire ci ''' liar des batteries de côte et par des vaisseaux'de garde,
sans qu'il eilt P" se livrer à une attaque.

Aotr*so ■%>■*•»■ ' W • le 21 décembre, dans la passe d'Otrante.
attaqua la tto 'u' fr«»' f>'!i« composée de lo grands vaisseaux. Deux
fois il lança a '•■ *ur '<' bateau amiral (type Courbeti et le

toucha deux foi,

Le désordre • urveiiu dans la ilotte française, la proximité de
plusieurs bateaux t 1 la t(*mpéte.compliqué.; d'un temps très sombre.
emi>echcrent |e *>u* mariu d*1 s'enquérir du sort de ce bateau.

Une voix espagnole.

M. Poincaré a prononce ■ 11 f f quelque temps, un discours contre
la paix. Il y a dit que la Fra. nc'* at" f**fa>t pas la paii. tant que les
alliés n'auraient pas atteint le ur 1,llt ÛBfl, l'anéantissement total de
l'AIJeiuapue. Est-ce que M. Po.'llcare croit vraiment ce qu i! dit ?
Dans ce eus il ne verrait jaim is pais avec l'AIlemapne.

D'après l'opinion de José Jumt ' ■'identi*, M. l'oincaré a prononcé
son discours belliqueux, ou plutôt k' ■ dû prononcer ce discours
uniquement pour neutraliser le désir .«nient de la ]>aix qui s'aup-
*M*)ttfl de jour en jour en France fade-ras s'iwcupe de savoir qui.
en France, souhaite la paix et qui ne la veut pas. Il arrive à un
resu'tat asse/ intéressant U oppose au pouvoir d'aujourd'hui, qu'il
appelle la - République des Camarades un<» nouvelle France
qu oi] devine à I hori/.on politique. Les hommes actuellement au
pouvoir ne veulent pas la paix et cela à cause des affaires, Cadenas
nous dit

■ Depuis la mort de Jaurès, qui. lui seul, aillait pu se prononcer
pour la paix, tous les autres politiciens, formant aujourd'hui la
République de- i amaradi-s. sont condamnés a se taire. Les politi-
ciens d'aujourd'hui, c'est comme l-s banques de crédit, ils tirent
des avantapes du ■ moralorium - Iteauconp de prandes entreprises
redoutent la lin de la puerre qui les forcera de répler leur position
financière Pour les politiciens, la chose est très simple. Tant que
la guerre persistera, le paya devra combattre et ne pourra leur
demander des comptes. Mais quand la puerre sera terminée ï Quand
ils devniut répondre des 11 ans de la République ?

Les politiciens ont peur de cette échéance, ils tâchent de traîner
la puerre jusqu'à une victoire délinilive. afin que le peuple français,
dans, sa joie, puisse oublier bien des choses. Entre temps, on fapote
tant que la puerre dure. Je crois que ces politiciens d'affaires .se
trompent. Sans doute, en France, un miracle s'est accompli, auquel
beaucoup de monde, il est vrai, ne croit pas encore.

Une France nouvelle s'est révélée, une France qu'on a méconnue
qu'on a crue sans force et morte. Les membres du gouvernement
nous ont caché cette France, eux qui avaient fondé la République
des camarades telle, qu'à la lin même, l'assassinat commis par une
femme de ministre, fut pour ainsi dire co-sidéré comme permis.
La nouvelle France a préparé héroïquement la résistance contre un
ennemi terrible, cette France se.bat courapeusèment, et si elle ne
peut empêcher la débâcle — consistant dans le fait, que la sixième
partie de la France est occupée par l'ennemi, qu'on ne peut même
pas chasser avec l'aide des peuples extraeuropéens — si elle ne
peut eui|«'cher cette débâcle, elle aura du moins fuit un tour de
force, dont ou ne l'eut pas jugée capable.

Aujourd'hui la France sait, qui est responsable des défauts de la
préparation à la puerre ; celle-ci une fois terminée, il y aura encore
beaucoup de choses à régler. Voilà les raisons, pour lesquelles les
politiciens d'affaires actuels travaillent désespérément pour la con-
tinuation de la puerre. tandis que l'opinion publique préfère la paix.
Le peuple français commence à s'émouvoir de la longue durée do la
puerre et n'apprécie pas les petits avantapes annoncés par les bul-
letins olliciels. Kn même temps il se rend compte que l'entreprise
de bloquer l'AIlemapne et de lui couper les vivres, n'est pas si facile
qu'on l avait cru.

Les pertes allemandes, jusqu à présent, consistent dans l'occu-
pation de quelques colonies de valeur douteuse et la destruction de
plusieurs centaines de bateaux de commerce. La France, au con-
traire, voit que dix départements sont occupés, et si elle croit que
les Allemands les quitteront au jour de la victoire déiiuitive. eh
bien, dans ce moment, ils sont encore là! l'eu à peu et très lente-
ment, ces raisonnements eutrent dans l'âme du peuple français.

L'Anpletei're risque très peu dans combat. Son industrie tra-
vaille fiévreusement, pour supplanter le commerce allemand dans
le inonde entier; mais, en même temps, les commerçants anpluis
ii li.Mt. ni pas de conquérir aussi la clientèle de la Belgique et de
la France Esi-ce que les Français croient qu'on leur rendra, après
la puerre. les marchés perdus?

Si la France demandait la paix?

Les Français sont des pens pratiques, et même ceux d'entre eux
qui hésitent et attendent, doivent savoir que ce serait une excel-
lente alïaire jwur la nation. Un peut dire aujourd'hui que si la
France, libérée de ses Alliés, demandait la paix, les conditions
seraient tout à fait honorables |iour le peuple Français: il n'y
aurait ni vainqueur, ni vaincu, et pas de dédommapeinents fabuleux.
Même si les Alliés gagnaient la victoire, la France ne doit pas se
faire de prandes illusions : les dégâts ne seront jamais restitués. Et
ce rêve d'anéantir l'Allemagne, restera un rêve dans tous les cas.
Que l'on songe au relèvement de la France après la puerre de |fl70-
1871. Est-ce que' la nation allemande, plus riche en population et
en énergie, né serait pas debout, de nouveau, en beaucoup inoins
de temps ?

t'es réflexions peuvent bien influencer le peuple Frauçais, niais
il y a encore des raisons plus graves. Les Français commencent a
s'apercevoir que la France, dans ce combat, ne joue pas le premier
rôle, malgré son très gros eujeu. La guerre atteint son puiul culmi-
nant dans le combat gigantesque entre les Anglais et les Allemands,
ce sont les combattants de première lipne. Les autres nations
doivent se contenter de rôles moins brillants, de seconde et de
troisième lipne. On pourrait s'imaginer la France se sacriliant pour
la victoire définitive, si la gloire du triomphe devait lui revenir-
Mais elle.soupçonne que, non seulement, les avantages matériels
sont réservés à l'Angleterre seule, mais que les lauriers du
triomphe — s'il y en a — seront accaparés uniquement par 1 Angle-
terre. Tout cela commence à blesser l'orpueil des Français.

Si la France demandait la i>aix. elle serait le champion' Elle
pourrait se vanter de délivrer le monde de la tyrannie «l'une Angle-
terre victorieuse, et du désavantape d'une Allemapne triomphante.

Si la France disparaissait 'le cette guerre, celle-ci serait réduite
* ce qu elle est en vérité, et ce qu'elle devrait être, a un duel for-
midable entre deux pays riches, qui s'affaiblissent mutuellement et
qui se dévorent! Aujourd'hui la France combat, hypnotisée par sa
haine contre les Allemands. Ue même que la Belgique fut sacrifiée
à l éu-oisme anglais, la France sera mutilée pour les beaux yeux de
la Grande-Bretagne

En même temps que les Français enterrent la Ileur de leur jeu-
nesse, que dans (es hôpitaux pleurent liOO.OtlII blessés, et que la
faim et le froid accomplissent l'ceuvro de destruction, à Londres les
théâtres restent ouverts, les plaisirs de toute sorte sont restés les
moines, les commerçants s'enrichissent et les revues de modes
montrent des toilettes dernier cri. [| est vrai que les ouvrières
modistes de Londres ont remplacé celles de Paris. Et pendant ce
temps, des millions d'hommes luttent dans les tranchées AU! si la
France demandait la paix! •

Quoique des réflexions de cette espèce n'ont guère d'importance
pratique, elles sont tout de même intéressantes, parce qu'elles
viennent d'un camp neutre, parce qu'elles proviennent de la - acenr
latine » au delà des Pyrénées.
 
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