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N' 18.

Rethel, le 1" Février 191B.

GAZETTE DES ARDEHHES

Le Bilan Ou Républicanisme et du Parlementarisme

Dans le courant des six première mois de guerre, plu-
sieurs représentants de la classe instruite se sont livrés à
des réflexions surJa réelle valeur des différentes constitu-
tions, et en ont déjà tiré des conclusions pour l'avenir.

En France, la population do 40 millions, pour ies neuf
dixièmes, est composée de paysans, petits bourgeois ot
ouvriers, c'est-à-dire d'hommes qui ne sont ni avides du
sang des ennemis, qui n'aspirent pas à la gloire, et qui
n'ont pas envie d'exposer leur vie. Ce qu'ils désirent plutôt,
c'est un travail assidu durant 30 ans, qui leur permettra de
vivre de leurs rentes, encore pendant 80 années.

Quelques avocats, arrivistes et intrigants, soutenus par
l'argent de collègues anglais, ont réussi à s'emparer du pou-
voir ; ils ontmis la presse du pays sous leur influence, autre-
ment ditsous l'influence anglaise—pas pour rien bien entendu

— et poussé ies pauvres gens, dont nous parlons, dans une
guerre formidable et désastreuse. L'allié de cette clique
d'ambitieux sans conscience, est, en même temps, leur plus
grand débiteur ! Les hommes au pouvoir n'ignorent pas que
la Russie ne peut se libérer de ces lieues auprès des petits
bourgeois français économes, que par uno guerre, qui ren-
versera tout La Russie n'a rien à perdro. sauf ses hommes,
qui, nous le savons tous, n'ont pas grande valeur auprès du

— Petit Père -, voire auprès du grand duc généralissime !
Kt pis encore : les électeurs et les bourgeois économes se
laissent tenir fermes dans cette guerre désespérée par cette
clique franco-anglaise !

Et l'Angleterre, qui prend toujours ses précautions per-
fides, s'est fait confirmer par écrit, par les Gouvernements
actuels de la France et de la Russie, que ceux-ci ne pour-
raient jamais faire la paix à eux seuls, c'est-à-dire sans la
permission bienveillante de l'Angleterre, qu'un écrivain
espagnol u nommée récemment, avec juste raison, le ■ bour-
reau de lu France ». Et tout cela, sans que la chance d'arriver
aux deux buts de la guerre fut devenue meilleure pour la
France. Ces deux buts sont :

1° La revanche, ou du moins la reconquête de l'Alsace-
Lorraine;

2" Lji volonté ferme de devancer l'invasion allemande, tou-
jours crainte par la France, sans aucune raison d'ailleurs.

Et le résultat de cette désastreuse guerre préventive?
Elle leur a envoyé les Allemands dans leur propre pays
français; le sol sacré de la France a été envahi par l'ennemi

— qui, auparavant, n'était point un ennemi. Et les Fran-
gaiSj logiquement, doivent se poser cette question ; Comment
pourrons-nous chasser les Allemands de notre pays, si nous
n'y arrivons pas par la force de nos armes? Est-ce que le
peuple souverain trouvera enfin le courage de se débar-
rasser, une fois pour toutes, de ces pitres parleméntaires,
qui leur soutirent la dernière goutte de sang et leur tirent
le dernier sou de leurs poches !

Oc se demande si le peuple français ne comprend pas
encore pourquoi les Anglais se sont fixés partout sur la
côte française de la Manche ; sait-on que les officiers anglais
ont loué des villas pour trois ans, pour eux et leurs familles I

Est-ce que les électeurs français connaissent bien le
contenu intégral de ce fameux traité du 5 septembre 1914? Ii
serait intéressant de savoir si, dans ce traité, on a prévu le
cas, où les chers alliés anglais pourraient se trouver dans
la nécessité de se fixer, pour toujours, sur le continent, afin
de sauvegarder leurs propres côtes ? ? Est-ce que le petit
bourgeois se rend bien compte que les Allemands sont
contraints à des réquisitions de toutes choses sur le sol
français, y compris les matières premières (comme la laine,
le coton, le cuir, le cuivre, le bois, etc.), uniquement parce
que le cher allié, au mépris cynique du droit de navigation,
fait une chasse éhontée aux bâtiments des pays neutres,

déclarant contrebande de guerre tout ce qui lui plait?
Est ce qu'on ne s'aperçoit pas que toutes ces machinations
perfides n'ont qu'un seul but : affamer l'Allemagne et lui
couper l'approvisionnement des matières premières?

Et puisque l'Angleterre nous fait prévoir une guerre de
trois ans. ii faut bien que l'Allemagne prenne ses précau-
tions pour cette durée de temps.

Sait-on que dans les centres industriels de l'Angleterre,
presque personne ne s'est fait inscrire recrue volontaire
pour la guerre en France? La raison est cependant bien
simple, c'est que l'Angleterre pense, en première ligne, au
« business », c'est qu'elle veut vendre pjus cher ses
produits industriels à ses Alliés, dont elle a déjà détruit,
pour longtemps, le commerce extérieur.

Et les Belges? 84 ans bien sonnés, ils se sont imaginés,
et ils s'en vantent encore, que, parleur ■ parlementarisme »,
ils ont réduit leur monarque à un rôle de figurant. On sait
pourtant que la neutralité des petits pays, garantie par les
grandes puissances, n'est pas un don de noble cœur, dicté
par l'amour du prochain.

On conservait un petit pays pour des raisons plutôt
égoïstes et parce que la grande puissance craint que le
concurrent voisin ne le mette dans sa poche. Voilà pour-
quoi on déclare inviolable le territoire des petits pays
neutres. Donc, pas d'illusions inutiles ! Pour le petit pays
même qui, par sa neutralité, sera protégé des terreurs d'une
guerre, où il serait plutôt objet passif que participant actif,
cette déclaration est naturellement un bienfait. Et ce côté
de la neutralité est le seul qui devrait intéresser le politi-
cien du petit pays. Ce côté, essentiel pour la Belgique, ne
fut aucunement menacé par la - violation de sa neutralité ».
Si les Belges avaient permis aux Allemands de traverser la
Belgique — et c'était absolument nécessaire en raison des
préparatifs français et anglais — aucun malheur ne serait
arrivé. Et si vraiment quelques champs eussent été endom-
magés, si certains achats avaient dû momentanément rester
impayés, les propriétaires ou les marchands auraient fait
excellente affaire, car l'empire allemand est « une maison de
premier ordre ! »

Au lieu de tout cela, le roi des Belges déclare fa guerre à
l'Allemagne ; sur son ordre, les francs-tireurs assassins se
ruent sur des soldats allemands, commettent des atrocités
inouïes et forcent l'armée allemande d'entreprendre la con-
quête de la Belgique, ce qui n'était pas prévu dans le plan
de guerre. Et ces étourdis, d'accord avec leurs chers alliés,
dévastent, maintenant, leur propre pays, contrairement aux
Allemands qui ne détruisent que ce qui est absolument néces-
saire et se mettent à la reconstruction immédiatement après.

Et que font les Anglais, si fiers de leur * self-govern-
ment * et de leur « liberté ». Ils ne disent rien si trois
ou quatre dictateurs leur débitent des mensonges sur les
traités conclus par eux. Ils ne disent rien, quand ces hommes
les poussent dans une guerre dangereuse et — ce qui jiour
l'Anglais est le pire — très coûteuse.

Ensuite, ils se laissent mentir sur les événements guer-
riers, ils se tiennent coi si l'on interdit tous les journaux
étrangers et si leurs propres journaux ne peuvent imprimer
que les mensonges fournis par le gouvernement.

Français. Belges et Anglais, dans leur vie privée, sont
tous très intelligents : ils ont de grands savants et ils sont
des hommes d'affaires rusés ; mais, quant à la politique, ils
sont des enfants. Et s'ils sont des entants, c'est la faute de
ce grand mensonge : « liberté ». de cette grande machinerie
parlementaire de tromperie et de supercherie.

Cette machinerie est mise en mouvement par un groupe
minime à l'avantage de ses membres, ou à l'avantage de ce
que quelques têtes bornées prennent pour le bien de l'Etat.
Et avec ces meneurs les citoyens patients, pensant qu'il
sont souverains, quand ils croient ce qu'on leur raconte, se
font suggérer une « opinien publique ». Et si on les entraine
dans une guerre funeste, ils s'imaginent, que cela se fait
selon leur propre volonté.

Voilà les vrais avantages de cette conception de régime
parlementaire.
 
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