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par l'immense orgueil avec lequel ces nobles seigneurs regardent
le monde, sans voir la poutre dans leurs propres yeux, par l'absence
complote de compréhension pour la mentalité allemande et pour
tout ce qui constitue l'Allemagne. On serait tenté de prendre la
plume et de composer une satire qui ferait rougir mi"'me le Gar-
gantua de Rabelais. Quelque admiration qu'on éprouve pour la
force de l'Angleterre et son implacable logique, pour son génie
commercial et son art politique — il y a rependant des limites : il
ne faudrait pas que la naïveté devint de la bêtise, l'amour-propre
de l'infatuité et l'art politique un mensonge.

« Les colossales armées allemandes possèdent nu courage qui
égale celui des soldats anglais Ce courage, que nous ne pouvons
nous expliquer, est fortifié par une haine contre nous, dont nous
autres anglais sommes incapables étant donné notre tempérament
flegmatique », ainsi parla Lord Curzon, cet homme qui salua avec
des cris d'allégresse le jour où ses chers Gurkhas (tribu indienne),
allaient se vautrer dans les châteaux de Potsdam. *

On n'a qu'à analyser ses paroles pour reconnaître toute la lierté
de l'Albion : l'Allemand possède un courage qui égale celui des
Anglais, ce qui est inexplicable — c'est la thèse de Lord Curzon,
ex vice-roi des Indes Et Lord Curzon est un homme honorable, et
honorables, ils le sont tous. Mais que comprend cet homme au cou-
rage allemand et anglais ï

Que les troupes coloniales de l'Angleterre se soient battues'avec
bravoure, c'est ce qu'aucun Allemand ne voudrait nier. Cependant,
au lieu d'envoyer à la guerre ses propres enfants, heureux de
mourir pour leur patrie, l'Angleterre a, depuis le commencement
de la guerre, appelé à son secours, dans un accès d'hystérie, le
Japon, la Grèce, le Portugal, a fait venir des soldats du Canada, de
l'Afrique du Sud, de l'Australie. Au lieu de développer, par un
service militaire général, l'esprit natioual, elle a envoyé, sur le
théâtre de la guerre, toutes sortes île sauvages de couleur. Et où
sont donc les héros sur mer? Où sont leur » Emden », leur
■ Karlsrulie », leur • Leipzig » ï et leur Spee, leur Millier et Wed-
digen ! Qui peuvent-ils opposer aux héros de Tsingtau, de Tonga?

Non, ce n'est pas seulement dans les tranchées d'Vprcs, sur les
champs de glace et dans les marais de la Pologne, dans les ténèbres
de la forêt de l'Argonne, dans les airs, que les Allemands donnent
a Sa Seigneurie infatuée des preuves de ce courage « inexplicable ».
Non, c'est précisément là où, d'après un mythe évanoui, l'Angle-
terre devrait se montrer l'héritièie de l'héroïsme, nous voulons dire
sur mer. Et ceci s'explique, non seulement par » la haine ■, mais
aussi par certains sentiments de l'âme allemande qui, pour lord
Curzon et les siens, restera une énigme éternelle. Celte âme n'a
rien I faire avec « business », avec le profit.

« Npus voyons devant nous le plus sublime spectacle », écrivait
dernièrement un Suisse, - que le monde ait jamais eu devant les
yeux : un peuple uni en armes, que tout le monde sert, avec un
égal dévouement, aussi bien ceux qui, au dehors, luttent et meurent
que ceux qui. au dedans, peinent et souffrent, »

Est-ce que jamais un Suisse, un Français, un Danois, même un
Anglais, oit entonné un hymne pareil sur le peuple anglais?

< Nous souffrons avec l'Europe, nous espérons avec l'Allemagne,
nous nous réjouissons des défaites russes, mais nous avons honte
de l'Angleterre. * Voilà ce que dit le peuple suisse.

Mais lord Curzon est un homme honorable, et honorables ils le
sont tous. « Un courage qui égale celui des soldats anglais * — pour-
quoi Sa Seigneurie n'a-t-elle pas parlé aussi du courage du peuple
anglais?

Nous en trouvons la réponse dans le silence de Kitchener sur la
marche du recrutement et dans le tableau que ce Danois trace des
recrues : " petites, tortues, myopes », et qui doivent éblouir la
France par leur nombre, « des individus plus ou moins déchus au
point de vue moral » et qui ne peuvent, tout au plus, servir que de
chair à canon.

Nous autres, Allemands, nous envoyons sur le champ de bataille
la fleur de notre jeunesse, nos hommes mûrs et sérieux, nos pères
de famille, l'élite de la nation, tandis que l'Angleterre n'y envoie
que la lie. Nous défendons à lord Curzon de faire la comparaison :
On peut lutter avec nous, mais on n'a pas le droit de nous offenser!
Où sont les Barbares?

M. Gustave Hervé publie, dans la • Guerre Sociale », un artielo
dans lequel il conjure la Chambre de mettre tin à une honte inouïe,
l'internement des femmes et des non-militaires dans les campements
dits de concentration, l'honneur de la France courant le risque de
se flétrir irrémédiablement. M. Hervé accuse le quai d'Orsay
de (olérer l'indigne mensonge que la France était envahie par les
espions. Les récits des premières défaites purent servir de pré-
texte et d'excuse à la fureur effrénée de la population. Les préfets
perdirent la tète. Plus de cent mille innocents eurent à subir le
sort de véritables forçats, peut-être pis encore, y compris des mil-
liers de femmes françaises qui n'eurect d'autre tort que d'avoir
épousé des étrangers.

Jamais on ne saura au juste le nombre et les tribulations des
enfants victimes de ces monstruosités. Et c'est là le plus fâcheux
des griefs (pie l'Etranger pourra formuler contre la France.

Encore les rapports contre les Allemands.

Paris, Il janvier IMS.

Un jurisconsulte parisien, Charles Gide, écrit à la Guerre sociale
qu'il faut prévenir le Gouvernement contre la propagation des
rapports officiels sur les prétondues atrocités de l'armée allemande.
L'es rapports n'auraient qu'un effet repou«.*.ant sur l'étranger
neutre. Les journaux ont refusé de les reproduire.

La même opinion est émise par V Humanité qui, pourtant, a
donné un large extrait de ces - rapports *.

Feuilles volantes pessimistes a Paris.

Paris, 21 janvier 1915.
De même qu'hier VEchode l'aris, aujourd'hui le Petit l'.irisien
se plaint qu'on réponde à Paris des pamphlets affirmant que les
rapports officiels sur la guerre contiennent des mensonges. Ces
avertissements auraient même été affichés dans les stations du
Métro, et rendraient le public nerveux.
(J'te crois !| — Lu Rédaction.

Un vapeur anglais coula.

Amslerdim, i3 janvier 1915
Le vapeur anglais ■> Durward ■ a été coulé par un sons-marin
allemand. L'équipage, se composant de 21 hommes, fut sauvé par
les Allemands et transporté plus tard à Hoek van Holland.

Le ■ Durward » appartenait à l'entreprise Campbell, Gilson et
Soinmerville, à Lcith.

Lai exploits de la ■ Karlaruhe ».
On mande de San-Juan (Porto-Riroi que le vaisseau de guerre
allemand • Kurlsruhe > croise toujours au Pacifique sans être
dérangé. Dans le courant de la dernière quinzaine, la • Kartsruhf
n'aurait pas coulé moins de onze bateaux de commerce, appartenant
aux Alliés.

Pour la paix.

Rome, 18 janvier 1015. — Le pape a ordonné, par décret, des
prières spéciales pour la paix, à réciter à jours tixés, selon une
formule spéciale. Dans toutes les cathédrales métropolitaines et
églises paroissiales de l'Europe, le 7 février, et dans celles des
autres continents, le 21 mars, seront célébrés des services spéciaux
conformément à un ordre établi.

Le nombre des blessés français.

Le gouvernement français vient de publier un tableau des pertes
subies pendant la guerre. Le nombre des blessés figurant sur ce
tableau est de 4118,000 hommes.

Parlant de ce chiffre, le journal républicain > Lyon » dit : Il est
inutile que le gouvernement français essaye de cacher le chiffre
exact des blessés français, car nous savons très bien que dans ce-
chiffre ne figurent pas les blessés qui sont l'objet de soins spéciaux
En évaluant à .mimumi hommes, le nombre de soldats morts sur lu
champs de bataille et en ajouiant à ce chiffre un nombre égala>
prisonniers, nous arrivons au total de 1,200,000 hommes perdus par
la France.

La guerre et la ■ philosophie » de M. Boutroux.

M. Emile Boutroux, de l'Académie française, accueille la guerre,
sinon comme un bienfait, du moins comme un événement qui aura
des conséquences bienfaisantes.

De la guerre, comme de toutes choses, dit-il, la raison conseille
de tirer lo meilleur parti possible, et il ajoute

« La guerre est une destruction. Mais à côté de tant de destruc-
lions déplorables, il en est d'utiles. D'une manière générale, la
crise actuelle favorisera une poussée nouvelle de la vie; et, à cons-
truire sur une table rnse, nous pourrons donner pleine satisfaction
aux exigences de l'hygiène, nous ouvrirons à l'art une libre car-
rière. I

« La guerre a créé et maintient parmi nous de précieuses habi-
tudes. Elle nous apprend la sobriété, l'endurance, toutes les virilat
vertus physiques Elle guérit nos intelligences de la sophistique et
du dilettantisme, en confrontant, à chaque pas, nos idées avec les
réalités. Elle nous fait oublier nos divergences d'opinion et prati-
quer la coopération, l'aide mutuelle, la fraternité active; ces vertu»,
il s'agira de les conserver.

« Enfin, la guerre nous donne de grandes leçons ; ne point sen-
dormir dans une fausse sécnrMé; réaliser la coopération de l'Etat,
des sociétés libres et des individus ; envisager toutes les questions
à un point de vue. non seulement national, mois international, etc.
Leçons que nous devrons nous gnrder d'oublier.

■ C'est donc un véritable renouveau de tout"S nos activités \ italei
qui peut résulter de la présente épreuve. Plus nous méditons sw
les enseignements de cette guerre, plus nous sommes fondés a
penser que, dans l'intérêt du monde comme dans notre intérêt
propre, il est à souhaiter que notre action s'iusnire, plus que jamib.
de notre idéal national, des idées de liberté, de droit, d'humauiie.
de beauté et de grondeur morale. »

Heureux M. Koutroux ! Le voilà satisfait devant le spectacle de
l'effroyable catastrophe tombée sur l'Europe.

Cephilosophe optimiste est peu connu— hors de France. Il figure
cependant dans le Larousse, qui lui consacre ces deux lignes ;
■ Boutroux itroui, Emile, professeur et philosophe français, ne a
Montrouge (Selnet, en L841V. ■

Pourquoi Larousse met-il ce mot « trou » entre parenthèses
après le nom de l'académicien ? C'est probablement pour jug»r
d'un mot sa philosophie. Mais il eût du écrire le mot au pluriel, car
il y a beaucoup de trous dans cette doctrine.
 
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