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PRIX

5 CE M TIMES

Charleville, le 7 Mai 1916.

Gazette des Ardenn

JOURNAL DES PAYS OCCUPÉS PARAISSANT QUATRE FOIS PAR SEMAINE

On s'abonne dans tous les bureaux de poste

UN PETILPEUPLE

L'on conçoit que la nation française ait besoin qu'on
lui expliqua pourquoi les patriotes irlandais, que la
tradition intellectuelle et politique de la France a cou-
tume de considérer, depuis des siècles, comme des mar-
tyrs, deviennent tout d'un coup des » traîtres » pour
la presse officielle.

Ce n'est évidemment pas facile. Car il y a sans douta
des Français qui se souviendront d'un certain discours
adressé par M. Vivioni, il y a juste un an (voir les jour-
naux parisiens du a moi iç,i5), à une délégation irlan-
daise.

« Pourquoi », disait alors le chef du gouvernement
'français, « pourquoi les nations alliées se sont-elles

levées ?----Pour défendre l'indépendance des nations

faibles, que la loi du plus fort a voulu opprimer!____

Pour élever vert la vie, vers la liberté, les peuples !____

Nous irons jusqu'au bout, c'est-à-dire jusqu'à ce que
la justice se lève et que le châtiment retombe. »

Ainsi parlait, au printemps 1915, le président du
Conseil français. Aujourd'hui le sang des patriotes ir-
landais coule de nouveau à Dublin et leur voix s'élève
pour que « justice se fasse », pour qu' «t une nation
faible soit enfin libérée » d'un joug séculaire. Si les
paroles prononcées au nom de la France par M. Viviani
furent autre chose que des phrases creuses, hypocrites
et mensongère^ c'est le moment de le montrer 1 Or,
que fait la France officielle P

A la face de cette phalange d'Irlandais irréductibles,
qui osent revendiquer réellement, au prix de leurs vies,
ce «droit des petits peuples» que ne cessent de célé-
brer et de proclamer, dans leurs pathétiques discours,
les politiciens français, elle ose jeter le mot « Traîtres »|
Le vieux «démocrate» Clemenceau va même jusqu'à
te* appeler »'Boches d'Irlande! » — Oh honte et
cruelle ironie I

Mais en Angleterre même, les hommes honnêtes et
sincères rougiront, en ic rappelant qu'il fut un temps
où l'Impérialisme britannique sut exploiter à son profit
l'idéalisme humanitaire de cet ardent patriote irlandais.
Sir Roger Cascment, qu'on vient d'arrêter et que la
grande presse de Londres et de Paris accable aujour-
d'hui de ses outrages. La protestation qu'il éleva jadis
contre les cruelles pratiques de l'administration belge
■u Congo fut fort bien accueillie à Londres, comme
tout ce qui jette le discrédit sur la politique coloniale
d'un pays qui n'est pas l'Angleterre. A l'époque de la
« Congo Reform Association», Sir Roger Casement
était considéré comme un héros de l'humanité par ces
mêmes Anglais qui s'efforcent de salir aujourd'hui sa
conscience de patriote !

Combien tout cela est laidl Mais il fallait bien qu'un
Jour ce voile d'hypocrisie se déchirât. Partie en guerre
pour « libérer » les peuples soi-disant u asservis » par
"l'Allemagne et l'Autriche, ce sont les Alliés qui voient
se dresser contre leur duperie la révolte du. droit et de
la vérité I Ce n'est pas à Strasbourg, ce n'est pas à Pra-
gue, ce n'est pas à Trieste, c'est au pays des Boers du
vieux Krueger, c'est dans la verte Irlande des Shane
O'N'eil et Dcsmond, des Allin7 Larltin et O'Brien, dans
la patrie du pocle Sullivan qu'a été arboré le drapeau
de libération et qu'a coulé, sous la mitraille des brutales
répressions, le bang des faibles opprimés I

Ces faite, qui sont un verdict implacable de l'IUs-
toiie, il n'est fjas facile de les déguiser I II ne autîit
vraiment pas de crier puérilement au « complot alle-
mand ». C'est là un refrain qui ne prend plus.

Pour soihr de la gêne, où les événements de Dublin
ont mis les n avocats libérateurs » qui gouvernent à
Paris, ils ont besoin de toute leur agilité et de celle de
leurs aides journalistes.

Pour s'acquitter de pareille besogne, qui pouvait
être plus expert que ce GuBtave Hervé que Y « Action
Française » a baptisé la « girouette nationale » ? Parmi
les maîtres du reniement politique, on ne saurait en

imaginer do plus complet. Aussi no nous étonnerons-
nous pas de le voir expliquer « officieusement » à son
crédule lecteur pourquoi les révoltés irlandais avaient
raison hier et pourquoi ils ont tort aujourd'hui. Ecou-
tons-le (« Victoire » du 27 avril) :

• Evidemment, les Irlandais ont eu beaucoup à se
plaindre de l'Angleterre Soumis par les Anglo-Saxons au
cours du Moyen Age, rattachés à la couronne d'Angleleire
tout comme leurs frères, les Bretons de notre Bretagne, ont
été rattachés au domaine de la royauté française, U leur est
arrivé, au cours de la Révolution d'Angleterre du dix-eep-
tième siècle, un grand malheur. Les Anglais étaient ilevtnes
protestants, et ils manifestaient des tendances républicaines ;
ils se permirent même un jour de faire subir à leur roi,
Charles |*( un traitement comparable à celui que nos
granda-pères de la Révolution française firent subir au roi
Louia XVI.

a Le* pauvres Irlandais, restés catholiques et royalistes,
tout comme en 179a la plupart des Bretons de mon doux
pays de Bretagne, prirent la défense du trône et de l'autel, et
ils firent leur chouannerie.

« Alors, les révolutionnaires protestants anglais leur
firent subir un traitement pire que celui que noi grands-
pères de 179,3 infligèrent à la Bretagne et à la Vendée.....

« Les révolution noires protestants anglais furent durs
pour l'Irlande vaincue ; ils commencèrent par s'installer
dans le coin nord-est de l'île, la province d'L'lster, et par
y établir des colons anglais, prolestants lunatiques, en
refoulant dans le rtste de l'Irlande les malheureux Celle*
catholiques. Dans le reste de l'Ile, ils enlevèrent les terres
aux seigneurs du lieu, les donnèrent à de grands seigneurs
anglais protestants et transformèrent les malheureux Ir-
landais en une véritable race de serra.

« Deux fois, une première lois sous Louis XVI, uns
autre fois sous lu Révolution, nous avons essuyé de les sou-
lever.... ; tout ce qu'y gagna l'Irlande fut la sopprew in
de son Parlement local, établi à Dublin, qui fut supprimé
en 1801.

«A partir de ce moment, lu persécution et lu misère
furent si atroces que des millier? d'Irlandais quittèrent leur
malheureuse fit et allèrent se réfugiar en Amérique, où fis
apportèrent leur haine de Icura persécuteurs. ....»

Mais alors, — les Irlandais n'ont-ils pas raison do
se soulever pour secouer leur joug P « Non » I répond \v
portc-parolu de M. lîriand. Et pourquoi, s'il vous plaît ?
Parce qu'il y a eu un homme d"Htat anglais, Uladetôni,
qui a compris un jour qu'il fallait alléger le sort des
Irlandais 1

Mais ce que 1' « historien » Hervé se garde bien do
dire à son naïf lecteur, c'est que lo fumeux « lluu.o
Rule », dont Gladstone accepta le principe en 18S0 déjù,
« toujour» pratiquement échoué. Celte loi, qui ùewit
donner à l'Irlande une relative autonomie, a bleu clé
promulguée enfin, le 1/1 septembre ins'i, cc^i-.t d.io
sous lu pression extérieure de la guerre, mais son appli-
cation a été deux fois déjà ajournée ! Elle le restera
jusqu'à la paix. Et m lors P

Les Irlandais savent qu'alors recommencera la résis-
tance acharnée du parti de l'Uloter de Sir Caiso;i, qui
s'apprêtait en 1 g 14 à empêcher pur les armes Li léuii-
Bûfion de la loi irlandaise, et contru lequel les ofiicic.s
anglais refusèrent de marcher.

Comment, après tant de siècles d'une histoire san-
glante, les patriotes Irlandais pourraient-ils 'croire: uii-
core à la générosité anglaise P Ils ont pu croire jadis ù
l'amitîé française. Aujourd'hui ils peuvent lire dans
Y « Echo de Paris », officieux et catholique, qu'ils no
sont que « des malfaiteurs publics qu'il faut frapper
implacablement » (38 avril).

Quel beau langage, n'est-ce pas, dans la bouche d UQ
« défenseur des petits peuples » ! L'Histoire enregi&nvfa
cette nage nouvelle de la tragédie irlandaise. Et quel
que soit le sort que l'Angleterre de Kilchenev, qui s'y
connaît en répressions brutales, puisse faire à la re-
vendication populaire des patriotes irlundais, la prêtât
gouvernementale de Paris elle-même ne parviendrai
jamais à effacer ce démenti nouveau, inflige à l'hy \ o-
crîsie anglaise et à la complicité des dirigeants fiançais I

BULLETINS OFFICIELS ALLEMANDS

F t LILLE ION DE LA «GAZfiTTfl Dfli ARDEKNESé 13

LA GUERRE FATALE

Par le Capitaine DANR1T

Ne se souvient-on pas d'ailleurs que pendant la guerre
de Sécession, l'Alaoamu, saui aucun point d'appui fortifié,
mit tenu la mer pendant vingt mois, détruisant la canon-
nière fédérale flatteras, brûlant ou relâchant sous caution
la navires de commerce dont les coques seules atteignaient
la valeur de a5 millions de francs, et infligeant au com-
merce fédéral des pertes incalculables, résultant des assu-
rances ainsi que (Tu renchérissement du fret et des solaires ?

A la fin d'août un événement plus giava encore pour le
aommerce anglais s'était produit : un des nouveaux sous-
marin* lancés a Rochefort, l'fmpiucable n" 9, avait pu
atteindre les Açores k l'insu des Anglais et des Portugais,
et sans avoir eu besoin de s'immerger plus de trois fois pour
échapper aux vues. Là, par le aa* degré de longitude, il
avait coulé deux grands paquebots armés do la Royal Mail
Packet qui escortaient un convoi de grains de Buenoi-

AïrDès lois les convois de l'Amérique du Sud ne passèrent
plus et à la Un de juillet le spectre de la famine était
apparu. . .

C'était à Londres qu'il s'était montré tout d abord ; la
16 juillet, une multitude h4ve, déguenillée, grouillante,
était sortie du East-End, le quartier misérable de Londres J
de Wilechapel, de Schadwcll, de Wuppiug, de Stepncy,
elle s'était portée sans cesse grossissanlo sur Cannon-Slreel
et Mansion-Housc, dominée par de loqueteuses bannières
sur lesquelles on lisait :

BUEAD OR DEATI! (1)
Une charge de police avait refoulé la manifestation sur les
docks Sainte Catherine et l'avait acculée maladroitement a

Çlj Du pain tu la mort.

la Tamise. Une effroyable poussée s'était produite sur le"
pont de la Tour ; plusieurs centaines de manifestant* éLneut
tombés à l'eau,'bon nombre s'étaient noyés ; l'exaspération
des autres était devenue extrême et, dans la soirée, un
incendie formidable avait dévoré les Docks, pans que les
pompiers, oirélés par une populaoe furieuse, pussent coni-
boltre le feu.

Trois jours aptes, une autre manifestation paivenuil ù
percer vers les bâtiments de la Banque d'Angleterre tt du
Royal-Exchange : celle-là était reçue à coups de fusil et la
foule se a-eliruit en laissant prés de aoo morts dans Coruhill
et Lombard-Strcct.

Pendant tout le mois de juillet, ces scènes se réinjec-
tèrent ; en août, lea pommes de terre avaient définitivement
remplacé le pain, pour les classea pauvres; dès lors, les
affames transformés en loups dévorants, livrèrent de \én-
tablea batailles à la police, obligèrent le gouvernement à
faire venir k Londres 80,000 hommes de troupes de volon-
taires et de milices et organisèrent le pillage mélhodiqae
des boulangeries et des rnoiobéa.

De Londies, la contagion du pillage gagna toutes ki
grandes agglomérations : Lcicesler, Dlackburn, Manchester,
Prcston, riewcostle, Glasgow furent ensangluntes par des
émeutes ; des grèves redoutables éclatèrent partout.

La faim, celte terrible conseillère, allait faire comprendre
aux Anglais mieux que ne l'avaient pu faire la justice et la
moiule. quelle criminelle folie avait commise leur gouver-
nement en déclarant la gueire.

Rien d'ailleurs ne pourra mieux faire comprendre lu situa-
tion créée à la Grande-Bretagne par quatre mois de guerre,
que l'exposé de ses ressoun.es alimentants en temps de paix
et la démonstration, par le» chiffres seuls, do son impuissante
à se passer pour vivre du reste du monde.

On l'a comparée fort justement k un ventre sans corps,
un ventre de pieuvre : ses tentacules jetées sur tous les
points du globo y aspirent tes différents produits que ne peut
lui donner son sol ; elle les paie en colons, en aciers, en
produits manufacturés ; que ces ventouses cessent de fonc-
tionner, la poche stomacale se dégonfle, s'affaisse et 1 ani-
mal crève, car on ne se nourrit ni do coton ni d'acier.

Pour qu'on ne nous accuse pas do faire du ruinait dan»
une question oû notre oui est de pruuuer iju'on peut et qu'on
doit venir à bout du l'Angleterre, nuus empruntons Iffl
chiffres qui suivent k une étude des plus sfciMIMltfl

Grand Qui

f général, 4 mai 101 G.

Théâtre de la guerre à l'Ouest.

Dans le secteur cnlre Armentièies et Arras, l'activité
dc_combat fut partiellement vive. La lutte de mines le
fut particulièrement au nord-ouest de Lcns et prés de
Souciiez et de Neuville. Au nord-ouest de Lens une
poussée anglaise, tentée à la suite d'explosions de
ruines, échoua.

Dans la région de la Meuse la canonnade réciproque
atteignit par moments, au cours de la journée, de
même que plusieurs fois pendant la nuit, une grande
'.violence. Une attaque française contre nos positions sur
l'arête de la hauteur du «nloit Homme » tombant VCM
l'ouest, fut repoussée. Au versant sud-ouest de celle
arête l'ennemi a pris pied dans une position d'avant
posle.

De plusieurs avions ennemis, qui ont jeté ce matin
des bombes sur Ostende, lesquelles n'atlcigrfîrent que
le jardin du Château royal, l'un fut abattu en combat
aérien près de Middelkci ke. L'aviateur, un officier
français, est mort. A l'ouest de Liévin trois avions
tombèrent sous le feu de nos canons spéciaux et de nos
mitrailleuses. Dans la contrée du fort de Vaux, deux
biplans fiançais furent mis hors de combat par nos
aviateurs.

Théâtre de la guerre à l'Est.
Sur le front la situation est en général sans change-
ment.

Nos dirigeables ont attaqué, avec succès constaté,
les installations de chemin de fer à la ligne de* Molo-
deczno à Minsk, ainsi que le point de bifurcation de
Luniniee, au nord-cet de Pinsk.

Théâtre de la guerre aux Balkans.

Aucun événement essentiel.

Grand Quartier général, 5 mai I91G
Théâtre de ta guerre à l'Ouest.

Hier également, l'activité de combat fut vive sur le
front anglais, entre. Armenlièrcs et Arras. Près de
Givcnchy-cii-GoheUe des combats à la grenade se déve-
loppèrent autour d'un entonnoir, où l'ennemi avait
pu pénétier passagèrement.

Au sud de la Somme, des détachements allemands
de reconnaissance ont pénétre nuitamment dans la
position ennemie, ont repoussé une contre-attaque et
fait prisonniers 1 officier et 45 hommes.

A gauche de la Meuse nos troupes pénétrèrent dans
des organisations do défense française formant sail-
lant h l'ouest d'Avocourl. L'ennemi les avait aban-
données sous l'effet do notre feu ; elles furent détruites
et dv nouveau évacuées méthodiquement. Au sud-est
de Haucourt plusieurs tranchées françaises furent en-
levées et nous avons fait des prisonniers. Une attaque
ennemie répétée contre le contrefort ouest de la hau-
teur du « Mort-Homme u, 3 ^effondra complètement.

A droite de la Meuse l'artillerie fut très active, sur-
tout pendant la nuit

A la côt*\ non loin de la frontière hollandaise, un
biplan anglais portant les insignes françaises toniha
indemne entre nos mains ; les aviateurs so sauvèrent
sur territoire neutre. Une escadre allemande jeta avec
succès de nombreuses bombes sur les installations de
Chemin de fer dans les vallées de la Noblctte et de
l'Aube, en Champagne, de même que sur le port
d'aviation de Sirippes.

La lutte aérienne est devenue très étendue et a aug-
menté d'.icliarnement sur le front ouesl, au cours
d'avril, puiliculièrcment dans la deuxième moitié du
mois. Le combat singulier est de plus en plus remplacé
par des combals de gr'oupcs et d'escadrilles, qui ont,

pour la plupart, ont eu lieu au delà de nos lignes. Au
cours de ces combats au mois d'avril.

aG avions ennemis furent abattus par nos avions de
combat ;

9 de ceux-ci sont tombés en notre position en deçà
de notre ligne de front. En ootre

10 avions succombèrent dans le feu de noB canons
spéciaux.

.Nos propres perles par contre ('élèvent à un total
de 22 avions ; de ceux-ci

1/1 furent perdus en combat aérien ;

4 ne sont pas revenus ;

4 furent abattus par feu de terre.

Théâtre de la guerre à l'Est et Ihéàlrè de la guerre
aux Balkans.

11 ne s'est rien passé de particulier.

BULLETINS OFFICIELS FRANÇAIS

Paris, 29 avril 1016, soir.,
La journée n'a élé inarquée que par des aclions d'arlil-
lene, particulièrement vives en Belgique do Bixactioola)
et en Argonna, dans le secteur nu nurd de La Harazée.

Dans la région de Verdun, l'ennemi a bomburdé no*,
positions du bois d'Avocourl, de la cote 304, la région au
sud d'Haudromont et les aecleurs du pied des Côles'-de-
Meuse. Notre artillerje a partout contrebaUu les batteries
ennemies.

Une de nos pièces a. longue portée a canonné, en gara
d'Heudicourt (nurd-est dfl Saint-Mihiel), un train don t plu-
sieurs wagons ont été détruits.

La ij .eue ûêrimn* : Dans la ami du V8 avril, une de nus esca-
drillea a boniburdu une usine en pkiuo activité a Hnyungc (Lor-
raine annexée) et des bivouacs a l'csl d'Azannca. Celle opération,
exécutée en dépn d'un vent très violent, constitue lo ceiiUèaw
bombardement c'Icctuè par U même escadrille.

Paris, 30 avril 1010, 3.heures.

Dans la région de Lassigny, les Allemands, après
une vive canonnade, ont dirige hier soir une petite attaque
sur nos positions entre Alticbe et Le HameL L'ennemi,
qui avait pris pied dans un élément de tranchée, en u été
rejeté aussitôt par notre contre-attaque.

Sur la rive gauche de la Meuse, bombardement du sec-
teur d'Avocourl et de la région d'Esnes. Hier, en tin da
journée, nos troupes on! enlevé une tranebée allemande au
nord du Mort-Homme. Cinquante-trois prisonnière, dont
un officier, sont restés entre nos mains.

Sur la rive droite et en Woevre, activité .intermittente"
d'artillerie.

Duus les Vosges, l'onnemi, au cours de la nuit, a tcnlA
trois coupa de nlain sur nos trancliéea : dans le Ban-de-
Supt. k la Têle-de-l'aux et au sud de Largitzen. Partout
il a été repoussé avec des pertes.

La guerre aérienne : Va avistih a de contraint d'altcrrir dans
la vallée do ia Biosmc (Argonnc) après un combat contre rtoa
avions de chasse. L'appareil esl intact. Lca deux officiers qui lo

moulaient ont etâ laits prisonniers.

_ Pans, 30 avril J910, soir.

A l'ouesl de ia Meu^e, bombardement violent de nos pre-
mières et de nos deuxièmes lignes dans la légion du MurU
Homme.

Au nord de Cumicrea, nos troupes ont enlevé une h .ni-
chée atTETmande au coûTs de la journée et fuit trente pri-
sonniers.

A l'est de la Meuse et en Woevre, journée relativement

calme.

Sur le resle du front, aucun événement important 4
signaler en dehors de la canonnade habituelle.

La guerre aérienne : L'n de nos avions a attaque deux foKI i-rs,
au-dessus des lignes allemandes, dans la région de llove. 1. '.□
des deux appareils, mitraille a quinm cculs meu es d alUlude, *cat
Ccraso sur lo ad ; I autre a cle- coutrauit d'altcrrir.

Deux autres lokkcra oui etc abattus par nos avions de combat:
l'un pies dus Hpargcs, l'autre au sud do Uou^uiuont.

L'un] avions cruiomia ont lance des •bombes sur la région sud
de Verdun. i\os avions de chasse, lances a leur poursuite, ont
réussi à en abattre deux. Un troisième a éle descendu pnr le lir
do nos canons spéciaux.

documentées (1) sur la 11 Dépendance économique de ce
pajs au point du vue des denrées alimentaires ».
Le bM d'abord :

Au DommsOcernent du siècle, l'Angleterre put supporter
la lutte uvee iNapoléon I" et les redoutables effets du blocus
continental, parce que le pays se suffisait pour les neuf

dixièmes.

En 1870, l'Angleterre élait déjà obligée d'acheter à 1 étran-
ger 10 millions de quintaux de blé.
En iqo3, il lui en faut 6'5 millions.

Les Etats-Unis lui en fournissent pour a3o millions de
francs, ia HrpuMiquc Argentine, pour 1S0 millions, le
Canada pour 90 millions, la Russie pour 60 millions ; au
total, il lui faut 770 millions de blé du dehors.

L'Australie cl l'Inde qui eu fournissaient jadis, n'en ont
plus trop pour elles-mêmes.

La surface employée pour l'ensemencement du blé, qui
était de i,5oo,ooo heclaies en iSflo, en Angleterre, n'est
plus que de 600,000 hectares en igo3.

On a calculé que, pour parer a un blocus de six mois,
(^Angleterre~dsnut faire un approvisionnement de 5o mil-
lions d'hectolitres de blo ; le gouvernement britannique n'a
jamais pu, bien entendu, emiaager celte éventualité, car
les conséquences entraînées par la création de greniera
nationaux eussent été assez difficiles 1 déterminer, et la
seule nouvel If que le cabinet de Saint-Juntes se disposait à
accaparer de pareils stocks de blé, eut amené sur les grains
une hausse considérable. Or, tous les gouvernements qui
so sont succédé en Angleterre ont eu pour préoccupation
principale de maintenir le pain ù bon marcha.

Donc aucune réserve n'est et ne sera possible et, au point
de vue de celle denrée première, l'Angleterre est à la iheret
de ses convois.

La viande, maintenant :

L'auylo-sdxon est, on le sait, grand mangeur de viande ;
elle lui est nécessaire pour garder sa force et son énergie.
Le soldat anglais mal nourri se bat mal et nos voisins n'ont
jamais pu aiiniiier nos volontaires do 1793, dont on disait ;
« La gloire était leur nuurrilure », pane qu'ils no les com-
prenaient pas A eux, il faut le roastbcef, et le ham, «L en
quantité copieuse. En moyenne l'Anglo-saxon mange annuel-

(1) Edouaid Picard, docteur en droit: Questions diplomatie
1» BCtohre 1901.

lement t3a livres de viande ; or, sur ce chiffie, 60 sont d im>
portnlion étrangère et pourtant l'élevage du bétail a fait
des progrès séneux en Angleterre depuis trente ans.
• Les iniportatlons de viande atteignaient en inoi un
milliard de francs.

Les États-Unis, le Canada, la République Argentine et
l'Australie août, k ce titre, les pays pourvoyeurs de l'Angle-
terre. La viande geléo de l'Amérique du Sud a fait son appa-
rition sur les marchés anglais depuis quelques années seule-
ment, et c'est déjà par 3 et ioo millions qu'elle arrive *ur
des bateaux spécialement aménagés

Le lait, les œufs, le beurre constituent après le blé et la
viande les principaux facteurs du commerce des denrées
alimentaires.

Chaque Anglais absorbe en moyenne an.5 litres de lait par
an : sur ce chiffre, 36 seulement sont d'origine anglaise.

L'Angleterre a acheté en 1900 pour 541 millions de
beurro et pour 137 millons d'eeufs au dehors.

Le Danemark, la France, la Hollande, la Russie et la
Suède sont ses principaux centres d'approvisionnement

Les pommes de terre consommées en Angleterre sont
.seules un produit de la culture nationale et formaient au
commencement de septembre l'unique nourriture du quart
de la population du Royaume Uni.

Quant aux boissons, chacun sait que la France constitue,
pour les grands buveurs que sont les Anglais, le plus impor-
tant marché des v in?. De tout temps bordeaux a eu des
relations constantes aveo Londres et il est même à remor-
quer que la pensée d'uno gueire avec l'Angleterre esl beau-
coup moins populaire dans le Sud Ouest de la Fronce qu'en
Normandie ou en Bretagne. Avec la France, trois pays,
l'Espagne, le Portugal et l'Italie fournissent do Vin la Grande-
Bretagne.

Pour la bière, cette dernière se suffit, mais k condition
d'acheter k l'Allemagne pour ao millions de francs de hou-
blon et i3o millions d'orge.

Telto esl la situation d'asservissement économique do I An-
gleterre vls-il-vls du reste du monde. Pour la résumer par
un chiffre, par Un total plus éloquent que tous les arguments,
il faut qu on sache qu'elle a Importé en rooi cher elle pour
quatre milliards do denrées alimentaires.

En Angleterre, pour un homme employé aux travaux
des champs, six le sont dans des manufactures et il y a
autant de marchands que d'agriculteurs.

M enivre.J
 
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