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Fougères, Gustave
Mantinée et l'arcadie orientale: Contenant 80 gravures dans le texte, 6 heliogravures, 1 phototype et un plan de Mantinee hors texte, plus 2 cartes en 6 coleurs — Paris, 1898

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https://doi.org/10.11588/diglit.6381#0249

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LA RKLIGION MAXTINÉENNK.

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Us ne donnaient à aucun d'entre eux ni nom ni surnom, ne les
ayant jamais entendu nommer ». Ce passage a toujours paru
ênigmatique. Peut-être les exemples cités plus haut nous en
donnent-ils la clef ? Les Pélasges ignoraient les dieux personnels.
Us adoraient les phénomènes physiques à l'état brut, et sans les
désigner autrement que par les termes de la langue courante.
De môme ils adoraient sans doute certains animaux, en qui
s'incarnaient des forces surnaturelles ou des puissances mys
lérieuses, des pierres, des arbres. Ils ne connaissaient pas les
vocables spéciaux qui sont, dans la mythologie ultérieure.
Comme les noms de guerre des phénomènes déguisés en per-
sonnages divins. Pour eux, le Soleil, la Terre, la Mer, la Lune
«'aient dieux (I). Certains de ces dieux subsistèrent tels quels
en Arcadie, comme les Éclairs, les Tonnerres et les Ouragans
de Bathos; les autres confondus dans la personne du souverain
des cieux, Zeus, comme le Zeus Kéraunos de Mantinée. Ici
•e phénomène divinisé cesse d'être isolé : il apparaît comme la
manifestation d'une personnalité plus vaste.celle de Zeus. Encore
une étape, et celle-ci se dégagera de toute forme naturaliste,
prendra la haute main sur les phénomènes, en fera les instru-
ments dociles de sa toute-puissance et les signes de sa volonté
(AiQrtyufe). Zeus ne sera plus Zeus Kéraunos, mais Zeus KEoaûvioç,
««pontaïo;, Ppovxàiv, c'est-à-dire celui qui dispose à son gré de la
f(>udre, des éclairs et du tonnerre pour témoigner aux mortels
ses sentiments de colère ou de satisfaction.

Au reste, La conception représentée par Zeus Kéraunos se
retrouve légèrement modifiée dans le culte de Zeus Kataibatès,
c'est-à-dire qui descend en personne sous une forme matérielle.
Vrœci /ulrnen adorant, dit S* Cyrille (2). En effet, les Grecs n'ont
jamais cessé de croire à la présence de la divinité dans le
"létéore tombé du ciel. Ils s'imaginaient la foudre comme un
Composé de matières solides ; les pierres céraunites. les frag-
ments d'aérolithes étant à leurs yeux des morceaux de foudre

(') Cf. les expressions Ix TOÙ OeoC, sub Jove, sub Divo. De même, dans la
lAgende arcadienne, Nyctimos et Lycaon semblent dérivés des noms de la
nuit et du j0U1.( tombés du rang de dieux à celui de héros. On peut aussi
ral>proclier du texte d'Hérodote ce curieux passage de Platon (Cralyle, 397 c) :
« Les premiers habitants de la Grèce me semblent avoir considéré comme
•Meux seulement ceux qu'adorent maintenant beaucoup de barbares, le Soleil,
la Lune, la Terre, les Astres et le Ciel. •

(2) Calèches., 13.
 
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