Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Fougères, Gustave
Mantinée et l'arcadie orientale: Contenant 80 gravures dans le texte, 6 heliogravures, 1 phototype et un plan de Mantinee hors texte, plus 2 cartes en 6 coleurs — Paris, 1898

DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.6381#0263

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
LA RELIGION M ANTINÉENNE .

237

obligation. La corrélation intime entre les eaux de la Haute-
Plaine et leurs débouchés côtiers avait pu échapper à ses adora-
teurs primitifs. Mais leurs descendants ne manquèrent pas
de s'en aviser : la Mantinique et l'Argolide communiquaient
entre elles par les voies souterraines. Fidèle à son rôle, la
mythologie des deux pays traduisit ce phénomène naturel en
rites et en légeudes. Les Argiens expliquaient, non sans appa-
rence de raison, le tourbillon sous-marin de Diné comme le
débouché des katavotbres de l'Argon Pédion. L'eau douce du
Haut pays venait sous leurs yeux se mêler aux flots salés :
c'était comme Poséidon Hippios qui reparaissait, après un
parcours souterrain, pour fraterniser avec le Poséidon marin.
Aussi l'honoraient-ils en lui sacrifiant des chevaux tout bridés
qu'on noyait dans le tourbillon (1). Inversement, au dire des
Mantinéens, le dieu de la mer remontait chez eux sous la forme
d'une source salée, jaillissant dans leur adyton (2). Pour
compléter l'illusion, ou crut reconnaître dans le bruissement
du bois de chênes, autour de l'adyton, comme un écho du
mugissement de la mer, et le bois fut appelé Pélagoa (1). Ce
Prétendu filet d'eau salé, que nul n'avait pu goûter, ce faux
bruit de la mer, entouraient d'un cadre pseudo-pélagien le dieu
continental, finalement travesti en Poséidon de Trœzène ou de
Calaurie. Ce nouveau masque est, sans nul doute, d'importation
argienne. Peut-être faut-il chercher dans le nom de l'Argon
Pédion, qui alimentait le tourbillon de Diné, une preuve
complémentaire de cette liaison mythologique entre la Haute-
Plaine et l'Argolide.Peut-être aussi le jet d'eau salée, qui aveugle
te sacrilège .Epytos II, symbolise-t-il un fait historique : le
Poséidon argien accourant au secours de son congénère arcadien
signifie peut-être que les Argiens aidèrent leurs frères Aphei-
dantus à repousser une agression venue de l'Ouest (4).

En somme, Poséidon Hippios, né de la combinaison du dieu Type dMntta
Cheval indigène avec le Poséidon cbthonien introduit par les de

Poséidon llip|iios

(1) Paus. VIII, 7, 1. — Le môme rite existait en lllyrie. Prob. ad Virn.
Georg. |, 12. — puul Diac, p. 101, Mûllcr.

(2) Paus. VIII, 10, t. — Voy. sur les traces d'une source, p. 51 et 100. Pau-
Banias rappelle des légendes analogues sur l'Acropole d'Athènes et à Mylasa
(Paus. VIII, 10). AuTénare, il y avait une source OÙ l'on prétendait apercevoir
l'Image des ports et îles navires (III, 23, 7).

(3) Cf. l'expression inverse d'Eschyle : itoVrtOV âÀTo;, pour désigner la
mer. [Perses. 111).

(4) Voy. plus loin, p. 258.
 
Annotationen