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Fougères, Gustave
Mantinée et l'arcadie orientale: Contenant 80 gravures dans le texte, 6 heliogravures, 1 phototype et un plan de Mantinee hors texte, plus 2 cartes en 6 coleurs — Paris, 1898

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https://doi.org/10.11588/diglit.6381#0274

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MANTINÉE ET L'ARCADIE ORIENTALE

rappelant à ce propos la butte consacrée à Artémis-Kallisto
dans le Ménale. La présence de Pénélope à Mantinée proposait,
aux esprits pénétrés de la tradition homérique, une énigme de
même nature que celle d'Ulysse à Phénéos. Elle fut, en somme,
résolue par le même procédé. Il se forma sur place une de ces
légendes explicatives où se trahit le désir de concilier, avec
un fait embarrassant, les fantaisies des aèdes. Le râipoç Yl^welorrr^
représente un culte primitif : tel est le fait sur lequel s'est
greffée la glose rapportée par Pausanias. Laissons donc celle-ci
de côté pour l'instant, et essayons de recoustituer, en dehors
d'elle, le personnage original de Pénélope. En Arcadie, Pénélope
nous apparaît comme une divinité ou comme une nymphe de
la Nature, comme un doublet de l'Artémis arcadienne ou de
Kallisto. Elle est localisée à Mantinée, où son tertre avoisine
un sanctuaire démotique d'Artémis et le stade du coureur
Ladas. Elle a une légende purement arcadienne, qui s'est
développée en dehors de la tradition épique et où s'affirme son
caractère naturaliste et pastoral. En effet, elle constitue une
triade avec les principales divinités pastorales du pays :
d'Hermès, déguisé en bouc, elle a engendré Pan (1). Evidem-
ment, cette maternité résulte d'un jeu de mots, dont la forme
Iloc/sXrâa a fourni le motif. Mais, si cette fable a pu trouver
crédit en Arcadie, c'est que le caractère personnel de Pénélope
n'y répugnait pas. Pan et Arcas sont donnés, par les légendes
lycéennes (2), comme jumeaux, fils de Callisto. Il en résulte que
Pénélope, mère de Pan, d'après les légendes du Cyllène, est une
hypostase d'Artémis-Kallisto. En cette qualité, sans qu'on soit
en état de préciser davantage ses fonctions, elle rentre dans la
catégorie des personnifications agrestes ou pastorales, du genre
d'Arné,d'Artémis Heurippa,d'Artémis Aiginaia,d'Athéna Hippia.
C'est ainsi que l'a célébrée Nonnos, dans ses Dionysiaques (3) :

tov ZI vo|j.a!ç o;<ov Noutov tptXov, otttiits vûaa>7jç

osjav.ov ayox'jXoto otîTrys Il'rlv£/';7:£''TjÇ,

iroiuevfv) ijûstyy: aeu.7]XÔTa.
L'infatigable fileuse d'Ithaque ne semble-t-elle pas se souvenir

(1) Hérod.11,46, 145. — Theocr. Syr. 1 et Schol.VII. 10!). — Cic. De nat. deor.
III, 22. 56.— Hygin. Fab., 224. — Plut, de def. or., 17.— Lucien. Dial. deor.,
22. — Servius in Virg /En,, II, 44 et Georg , I, 16. — Scliol Vatic. in Eurip.
Rhet., 36 (Fr hist. gr., IV, p. 318). — Cf. Roscher. Die Sugen von der Gelmrl
des Pan. [Phiiologus, LUI (1894), p. 368].

(2) Scliol. in Eurip Rhes., 36.

(3) Dionys. XIV, 8T sqq.
 
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