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https://doi.org/10.11588/diglit.6381#0278
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MANTINÉE ET L'ARCADIE ORIENTALE.
C'est à la lisière de la plaine, au pied de la bordure mon-
tagneuse, que les deux puissances se neutralisent. Il y a là
une zone intermédiaire, qui n'est déjà plus le bas-fond détrempé
et n'est pas encore la roche. C'est le lieu d'élection de la
sécheresse productive et salubre. Il échappe à Poséidon, sans
échapper à Déméter. Il contraste avec le marécage, surtout
aux abords de la Plaine Inculte [Argon Pédion). Au milieu,
celle-ci présente le spectacle le plus attristant. Poséidon Hippios
s'y déchaîne ; Déméter s'y désole dans la stérilité, auprès d'un
katavothre impuissant, sans que la fête annuelle, célébrée dans
son sanctuaire, au pied de l'Acropole de Nestané, réussisse
à réveiller son inertie. Mais Poséidon perd ses droits dès les
premières pentes de l'Alésion. Aussi, ce domaine privilégié de
la sécheresse féconde, région neutre, entre les bas-fonds sub-
mergés et la roche abrupte, est-il placé sous la protection d'une
diviuité spéciale, Maira. C'est là qu'elle s'ébat comme en un
champ de danse (j^opoç Matpâç) (1).
Maira est une héroïne arcadienne, sœur de Maia, la nymphe
du Cyllène, et, comme elle, fille d'Atlas, le plus ancien roi
d'Arcadie (2). A.tlas, porteur du ciel (3), personnifie le haut
massif arcadien et ses soumets les plus élevés, colonnes de la
voûte céleste. Lui même est devenu une hypostase du ciel
lumineux, de Zeus ou d'Hélios (4). Sa tille Maira occupe, au
ciel, la place de la Canicule ou de Sirius. Elle personnifie donc
la chaleur extrême de l'été et la saison la plus sèche. Ennemie
de l'eau, elle siège aux endroits où sa présence s'impose pour
assainir le sol détrempé. Trônant à mi-côte sur les versants
cultivables, elle surveille les plaines marécageuses. Son regard
(1) Sur ce lieu-dit, voy. p. 9f. — Ce qui suit confirme l'emplacement que
nous lui attribuons, contrairement à l'opinion de Curtius. C'est une portion,
mais plutôt desséchée, de l'Argon Pédion.
(2) Apollod., III. 10, 1. — Denys d'Haï., 1, 01.
(3) De rXa, supporter. Cf. le nom de TâXexov donné au sommet du Taygète
(Pausan., III, 20, 4). Le même radical se retrouve dans Tantalos, héros pélo-
ponnésien (Wide. Lak. Kulte, p. 18), dans Talaos, héros argien, et dans le
géant Crétois Talos, identifié au Taurus.
(4) Hésych : TâÀwç'ôrjXioç. Cf. Zeus Talétitas (Foucart. Inscr. du Pélop-,
p. 144). Tallaios (C. I. G. 22JH. — Cauer. Del. inscr dial., II, 120,121), qu'il
faut peut être rapprocher du Zeus Télesios de Tégée (Pausan., VIII, 48, 6) : à
côté du monument de Zeus Télesios, sur l'agora de Tégée, Pausanias signale le
tombeau de Maira, tille d'Atlas, épouse de Tégéatès.
MANTINÉE ET L'ARCADIE ORIENTALE.
C'est à la lisière de la plaine, au pied de la bordure mon-
tagneuse, que les deux puissances se neutralisent. Il y a là
une zone intermédiaire, qui n'est déjà plus le bas-fond détrempé
et n'est pas encore la roche. C'est le lieu d'élection de la
sécheresse productive et salubre. Il échappe à Poséidon, sans
échapper à Déméter. Il contraste avec le marécage, surtout
aux abords de la Plaine Inculte [Argon Pédion). Au milieu,
celle-ci présente le spectacle le plus attristant. Poséidon Hippios
s'y déchaîne ; Déméter s'y désole dans la stérilité, auprès d'un
katavothre impuissant, sans que la fête annuelle, célébrée dans
son sanctuaire, au pied de l'Acropole de Nestané, réussisse
à réveiller son inertie. Mais Poséidon perd ses droits dès les
premières pentes de l'Alésion. Aussi, ce domaine privilégié de
la sécheresse féconde, région neutre, entre les bas-fonds sub-
mergés et la roche abrupte, est-il placé sous la protection d'une
diviuité spéciale, Maira. C'est là qu'elle s'ébat comme en un
champ de danse (j^opoç Matpâç) (1).
Maira est une héroïne arcadienne, sœur de Maia, la nymphe
du Cyllène, et, comme elle, fille d'Atlas, le plus ancien roi
d'Arcadie (2). A.tlas, porteur du ciel (3), personnifie le haut
massif arcadien et ses soumets les plus élevés, colonnes de la
voûte céleste. Lui même est devenu une hypostase du ciel
lumineux, de Zeus ou d'Hélios (4). Sa tille Maira occupe, au
ciel, la place de la Canicule ou de Sirius. Elle personnifie donc
la chaleur extrême de l'été et la saison la plus sèche. Ennemie
de l'eau, elle siège aux endroits où sa présence s'impose pour
assainir le sol détrempé. Trônant à mi-côte sur les versants
cultivables, elle surveille les plaines marécageuses. Son regard
(1) Sur ce lieu-dit, voy. p. 9f. — Ce qui suit confirme l'emplacement que
nous lui attribuons, contrairement à l'opinion de Curtius. C'est une portion,
mais plutôt desséchée, de l'Argon Pédion.
(2) Apollod., III. 10, 1. — Denys d'Haï., 1, 01.
(3) De rXa, supporter. Cf. le nom de TâXexov donné au sommet du Taygète
(Pausan., III, 20, 4). Le même radical se retrouve dans Tantalos, héros pélo-
ponnésien (Wide. Lak. Kulte, p. 18), dans Talaos, héros argien, et dans le
géant Crétois Talos, identifié au Taurus.
(4) Hésych : TâÀwç'ôrjXioç. Cf. Zeus Talétitas (Foucart. Inscr. du Pélop-,
p. 144). Tallaios (C. I. G. 22JH. — Cauer. Del. inscr dial., II, 120,121), qu'il
faut peut être rapprocher du Zeus Télesios de Tégée (Pausan., VIII, 48, 6) : à
côté du monument de Zeus Télesios, sur l'agora de Tégée, Pausanias signale le
tombeau de Maira, tille d'Atlas, épouse de Tégéatès.