LE SYNŒCISME.
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sanctuaire vénéré y attirait, surtout aux jours de panégyrie. un
grand concours de peuple. Par le (ait du synœcisme, le (jûuTr^a.
B-^jxwv cessait, d'être seulement la personne morale de l'Etat ; il
prenait corps en une ville. Chaque bourgade contribuait pour
sa quote-part à la population de la nouvelle capitale, sans pour
cela disparaître elle-même. Elle subsistait comme centre d'ex-
ploitation agricole dans tel ou tel coin de la région, mais son
âme babilail désormais les murs de la ville. Connue la citadelle
primitive, la ville avait ses murailles, et possédait en outre tous
les organes de la vie publique en Grèce : agora, prytanée, bou-
leutérion, théâtres, i>ymnase, stade, hippodrome, temples
divers. Le patriotisme s'y fortifiait par le contact quotidien des
citoyens; l'esprit original et la vie intellectuelle pouvaient s'y
développer dans la sécurité d'une existence assurée du lende-
main ; l'esprit particulariste des dèmes isolés se tondait en un
sentiment commun pour la patrie unitiée. Enfin, le rempart
protecteur favorisait l'accumulation de la richesse en réserves
durables. L'Etat synœcisé cessait donc d'être le jouet des forces
environnantes. Si la fondation d'une TrxôXtç marquait la première
étape des sociétés ilottantes de la période primitive vers l'orga-
nisation politique, le synœcisme symbolisait l'essor définitif des
unités historiques.
Selon les pays et les circonstances, cet acte important avait
lieu plus ou moins lot. Sous ce rapport Athènes fut un des Etals
les plus précoces. Dans les riches plaines ouvertes sur la mer
ou mal fermées par la nature, l'insuffisance des citadelles primi-
tives se faisait vivement sentir : le groupement des habitants en
une ville close s'y imposait de bonne heure. Au contraire, les
vallées intérieures dotées d'un rempart montagneux pouvaient
se fier à leurs défenses naturelles et ajourner le synœcisme : ce
que fit Sparte (1). De même les tribus montagnardes en Arcadie,
(I) Il y Put dans la vallée de l'Eurntas une série de syniecismes partiels
qui finirent par grouper en une seule communauté achéo-dorienne les ancien-
nes principautés laconiennes (Ëptaore ap. Strab. VIII ;><>0. — Pausan. IX.
22, II). Mais Thucydide (I. 10) dit expressément que Sparte était bâtie à l'an-
cienne manière, c'est-à-dire formait une agglomération de bourgades ouvertes :
ours ;uvoixcà9efol)C toXsio; , oute iesotç x.a.1 y.;t7a<7Xîja!(; ■^OAuréXz'ji
/_pT|<jau.ÉvY,ç. xorrà xoSaaç 8e t<5 TtaXa'.<ù tt,; 'EXÀiooi; tsgtuo olxtff6efff7)ç.
La ville n'était pas enclose (Plut. Apupht. Lac. Agesilaus. 29. — Senec.
Suasor. 2, 3). Vers 3It>, on éleva des fortilications partielles (Justin. H, ii)
qui furent renforcées en 30(1 et en 372. Nabis compléta ces travaux par des
lignes de remparts et des fossés (Pausan. VII. 8, 4. — Plut. Pyrrhus, 27) ;
mais l'enceinte ne fut jamais complète (Tit. Liv. XXXIV, 27) ; les parties ouvertes
étaient gardées par des postes, œpoûpia (Pausan. III, 13, 8).
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sanctuaire vénéré y attirait, surtout aux jours de panégyrie. un
grand concours de peuple. Par le (ait du synœcisme, le (jûuTr^a.
B-^jxwv cessait, d'être seulement la personne morale de l'Etat ; il
prenait corps en une ville. Chaque bourgade contribuait pour
sa quote-part à la population de la nouvelle capitale, sans pour
cela disparaître elle-même. Elle subsistait comme centre d'ex-
ploitation agricole dans tel ou tel coin de la région, mais son
âme babilail désormais les murs de la ville. Connue la citadelle
primitive, la ville avait ses murailles, et possédait en outre tous
les organes de la vie publique en Grèce : agora, prytanée, bou-
leutérion, théâtres, i>ymnase, stade, hippodrome, temples
divers. Le patriotisme s'y fortifiait par le contact quotidien des
citoyens; l'esprit original et la vie intellectuelle pouvaient s'y
développer dans la sécurité d'une existence assurée du lende-
main ; l'esprit particulariste des dèmes isolés se tondait en un
sentiment commun pour la patrie unitiée. Enfin, le rempart
protecteur favorisait l'accumulation de la richesse en réserves
durables. L'Etat synœcisé cessait donc d'être le jouet des forces
environnantes. Si la fondation d'une TrxôXtç marquait la première
étape des sociétés ilottantes de la période primitive vers l'orga-
nisation politique, le synœcisme symbolisait l'essor définitif des
unités historiques.
Selon les pays et les circonstances, cet acte important avait
lieu plus ou moins lot. Sous ce rapport Athènes fut un des Etals
les plus précoces. Dans les riches plaines ouvertes sur la mer
ou mal fermées par la nature, l'insuffisance des citadelles primi-
tives se faisait vivement sentir : le groupement des habitants en
une ville close s'y imposait de bonne heure. Au contraire, les
vallées intérieures dotées d'un rempart montagneux pouvaient
se fier à leurs défenses naturelles et ajourner le synœcisme : ce
que fit Sparte (1). De même les tribus montagnardes en Arcadie,
(I) Il y Put dans la vallée de l'Eurntas une série de syniecismes partiels
qui finirent par grouper en une seule communauté achéo-dorienne les ancien-
nes principautés laconiennes (Ëptaore ap. Strab. VIII ;><>0. — Pausan. IX.
22, II). Mais Thucydide (I. 10) dit expressément que Sparte était bâtie à l'an-
cienne manière, c'est-à-dire formait une agglomération de bourgades ouvertes :
ours ;uvoixcà9efol)C toXsio; , oute iesotç x.a.1 y.;t7a<7Xîja!(; ■^OAuréXz'ji
/_pT|<jau.ÉvY,ç. xorrà xoSaaç 8e t<5 TtaXa'.<ù tt,; 'EXÀiooi; tsgtuo olxtff6efff7)ç.
La ville n'était pas enclose (Plut. Apupht. Lac. Agesilaus. 29. — Senec.
Suasor. 2, 3). Vers 3It>, on éleva des fortilications partielles (Justin. H, ii)
qui furent renforcées en 30(1 et en 372. Nabis compléta ces travaux par des
lignes de remparts et des fossés (Pausan. VII. 8, 4. — Plut. Pyrrhus, 27) ;
mais l'enceinte ne fut jamais complète (Tit. Liv. XXXIV, 27) ; les parties ouvertes
étaient gardées par des postes, œpoûpia (Pausan. III, 13, 8).