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Hulot, Jean [Ill.]; Fougères, Gustave [Ill.]
Sélinonte: la ville, l'acropole et les temples ; [Colonie dorienne en Sicile] — Paris, 1910

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https://doi.org/10.11588/diglit.6832#0049
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^4

SÉLINONTE

Néapolis (aujourd'hui Nabeul)1 : le trajet de Néapolis à Sélinonte prenait au
minimum deux jours et une nuit2.

De Sélinonte à la Cyrénaïque, le trajet direct demandait dix à douze jours: on
pouvait le couper par l'escale de Mélité (Malte), à deux jours et demi de Sélinonte.
Mais, en général, les navigateurs préféraient, avec l'aide du courant, côtoyer le
nord de la Libye depuis Néapolis3.

En été, les jvents dominants du nord et du nord-ouest favorisaient le passage
de Sicile en Libye4; au printemps et en automne, le sirocco et le ponente, quand
ils [ne soufflaient pas en tempête, favorisaient le voyage en sens inverse5.

Désavantages de la situation. — A côté de ces avantages, il faut mettre en
balance quelques inconvénients dus aux conditions climatériques et à la position
géographique de Sélinonte. Les plus graves provenaient de la violence des vents et
des courants, qui ensablaient les estuaires et les changeaient en marécages. Le
curage des 'ports et l'insalubrité des vallées imposaient aux Sélinontiens une lutte
continuelle contre les sables, les inondations, la pestilence.

L'histoire ne fait que constater des antinomies: il n'y a guère de privilège
dont elle n'aperçoive la contre-partie. Ainsi, les avantages de sa position avancée
et la facilité des relations avec l'Afrique devaient se retourner contre Sélinonte et
consommer sa ruine après avoir créé sa prospérité. Tout d'abord, le voisinage et
l'amitié de Carthage l'enrichirent. Placée à l'avant-garde des autres colonies
grecques, elle devançait leur concurrence; mais, par le fait même, elle s'isolait
des cités-sœurs et perdait le bénéfice de la solidarité hellénique. Aussi se
trouva-t-elle seule et sans secours en face du barbare, devenu jaloux et menaçant.
Carthage ne devait pas tolérer indéfiniment cette puissance rivale ni l'opulence
indiscrète des armateurs et négociants sélinontiens.
Elle le leur fit bien voir!

1. Strabon, XVII, 3, 16, p. 834. —■ Distance de Sélinonte au port de Cossyra (Panteliaria), situé sur la pointe
nord-ouest de l'île, 107 kilomètres; de Cossyra à Néapolis, 115 kilomètres; de Cossyra au cap Bon, 85 kilomètres
(un jour de navigation, d'après Skylax. Périple, 111) ; de Lilybée à Cossyra, 118 kilomètres (un jour de mer, d'après
Skylax, Ibid.). De Néapolis à Carthage, par terre, environ 65 kilomètres. Skylax [Périple, 110) compte 180 stades
(32 kil.) pour la seule traversée de l'isthme, qui est en réalité large de 40 kilomètres entre Nabeul et l'estuaire du Sfa.

2. Thucydide, VII, 50.

3. Thucydide, Ibid.—Skylax. Périple, 108-111.

4. C'est ainsi que Virgile imagine qu'Enée, Iparti de Drépanon pour faire voile vers l'Italie, fut repoussé par
l'aquilon sur la côte de Carthage. [Enéide, I, 34; III, 715.)

5. Dion fit en quatre jours la traversée des Syrtes à Héracleia-Minoa (Plutarque, Dion, 25.)
 
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