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Hulot, Jean [Ill.]; Fougères, Gustave [Ill.]
Sélinonte: la ville, l'acropole et les temples ; [Colonie dorienne en Sicile] — Paris, 1910

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https://doi.org/10.11588/diglit.6832#0115
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SON HISTOIRE AU V" SIÈCLE JUSQU'EN 410

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des Grecs du continent, pas plus qu'il n'était alors libre de leur venir
en aide. Aussi mit-il la Sicile en état de se défendre par ses seuls moyens

Parmi ses auxiliaires, il ne put compter Sélinonte. Depuis ses échecs, la
prudence avait maintenu cette ville dans l'orbite de Carthage. Peut-être cependant
aurait-elle alors cédé à l'impérieuse attraction du sentiment hellénique et de
Syracuse, si Gélon ne s'était pas fait en 483 le bourreau de Mégara Hyblaia 2. La
métropole de Sélinonte fut par lui dépeuplée et rasée sans pitié. Sans doute,
nombre de Mégariens Hyblaiens se dérobèrent à la naturalisation syracusaine
imposée par le vainqueur et reçurent à Sélinonte asile et droit de cité. Comment
ces cruautés n'eussent-elles pas irrité et consterné Sélinonte? Trois ans après,
la rancune contre le tyran, avivée par les réfugiés, rendait encore tout rappro-
chement officiel impossible entre les deux cités. D'ailleurs, isolée aux confins de
la province punique, Sélinonte se savait exposée la première aux représailles des
Carthaginois, si elle s'avisait de leur faire ouvertement défection. Aussi, lorsque
Hamilcar eut débarqué à Himère, au printemps de 480, à la tête d'une flotte et
d'une armée formidables, alors que l'hellénisme sicilien aux abois avait besoin de
toutes ses forces, il n'est pas surprenant que, seule, Sélinonte ait préféré lier
partie avec le barbare 3, tout au moins en apparence. En effet, un doute subsiste
sur la sincérité de son dévouement à Carthage.

Si les anecdotes de Diodore méritent créance, la première preuve qu'elle lui
en donna aurait précisément tourné à la perte des Carthaginois. On peut alors
se demander si ce résultat n'était pas l'effet prémédité d'une diplomatie à double
face. Traîtresse à la cause grecque par contrainte et par politique, Sélinonte
lui aurait prouvé son attachement par un service occulte. Ce bienfait, en
apparence dû au hasard, la réhabilitait aux yeux des Grecs, sans que l'adversaire
fût induit à lui en faire grief. Au dire de Diodore, la flotte carthaginoise avait
perdu dans la traversée ses navires-écuries avec les chevaux et les chars.
Hamilcar n'avait plus rien à opposer à la brillante cavalerie syracusaine, qui lui
enleva 1.000 hommes d'un coup. Aussi pressa-t-il ses auxiliaires, et notamment
Sélinonte, de lui envoyer leurs cavaliers. Sélinonte répondit qu'il les recevrait
au jour fixé; mais, par une malechance peut-être combinée, le messager porteur
de la lettre tomba entre les mains des fourrageurs syracusains qui l'amenèrent à
Gélon. Celui-ci s'avisa aussitôt d'un stratagème. A l'heure convenue, un
détachement de ses cavaliers se présenta dans le camp carthaginois comme s'il
était le contingent sélinontien, massacra Hamilcar sur l'autel où il sacrifiait et mit

1. Il offrait aux Grecs, en 480, à condition d'être généralissime de l'armée grecque, 200 trières, 20.000 npplites,
2.000 cavaliers, 6.000 hommes de troupes légères (Hérodote, VII, 158). D'après Diodore (XI, 21), son armée à
Himère comptait plus de 50.000 fantassins et 5.000 cavaliers.

2. Voir ci-dessus, p. 74.

3. Diodore, XIII, 55.
 
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