Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 23.1881

DOI issue:
Nr. 4
DOI article:
Chesneau, Ernest: Charles Percier, [2]: 1764-1838
DOI Page / Citation link: 
https://doi.org/10.11588/diglit.22843#0377

DWork-Logo
Overview
loading ...
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
CHARLES PERCIER.

351

Le terme de sapension prolongée d'un an pour lui permettre d'achever
un projet de restauration de la colonne Trajane coïncidait avec la fin de
l'année 1790. Rome n'était pas révolutionnaire, les Français étaient
forcés de fuir ; Percier revint en France par le chemin le plus
long, traversant la Marche d'Ancône, les Légations, la Lombardie, des-
sinant partout, à Rimini, à Ravenne, à Venise, à Padoue, à Vérone, à
Mantoue, à Vicence, poursuivant jusqu'en Provence, à Arles, à Nîmes, à
Orange les moindres traces de l'art antique. Le retour lui prit plus d'un
an.

A Paris, où l'humble demeure de son père aux Tuileries était
transformée en corps de garde, le roi prisonnier, l'Académie supprimée,
Percier sans ressources, désespérant de l'avenir, retrouve Fontaine. Les
deux amis font vie commune, habitent ensemble une pauvre chambre
« située au fond d'une allée obscure clans une de ces petites rues tristes
et fangeuses qui vont ou plutôt qui allaient de la rue Saint-Denis à la
rue Saint-Martin 1 », acceptent des besognes, font des dessins pour les
architectes, notamment pour Ledoux, qui allait publier ses Barrières de
Paris.

C'est dans cet humble logis que la fortune vint frapper à leur porte.
Un habile ébéniste, nommé Jacob, avait été chargé quelques années au-
paravant d'exécuter les accessoires que Louis David voulait introduire
dans ses tableaux2. Quoiqu'il dessinât lui-même et non sans goût,

quelques années plus tard, on 1806, un élève de Percier, Hippolyte Lebas, n'hésitait
pas à s'engager comme soldat dans le corps des guides du prince Murât, pour faire le
voyage d'ttalie « aux frais du gouvernement ».

\. Mia Vila, par Fontaine. Manuscrit avec cette épigraphe : Morlo che sarù, che
nel pensier vostro io viva!

2. E.-J. Delécluze, dans ses Souvenirs sur Louis David, son école et son temps,
a déciit l'atelier du peintre des Horaces. Dans ces Souvenirs, il se désigne lui-môme
sous le nom d'Étienne.

« Si ses tableaux, dit-il, attiraient vivement l'attention par leur mérite, l'ameuble-
ment de l'atelier était, en son genre, un objet de curiosité non moins piquant. Jusqu'à
celte époque, les meubles des maisons, même les plus opulentes de Paris, étaient encore
fabriqués sur le modèle de ceux du temps de Louis XV ou de Marie-Antoinette, tandis
que ceux de l'atelier des Horaces portaient un tout autre caractère. Les chaises cou-
rantes, en bois d'acajou, sombres et couvertes de coussins en laine rouge avec des pat-
inettes noires près des coutures, avaient été copiées sur celles dont la représentation
est si fréquente sur les vases dits étrusques. Au lieu des deux bergères d'usage, on
voyait, d'un côté, une chaise curule en bronze, dont les extrémités des deux X se
terminaient en haut et en bas par des têtes et des pieds d'animaux, et de l'autre, un
grand siège à dossier, en acajou massif, orné de bronzes dorés, et garni du coussin et
 
Annotationen