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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 23.1881

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Chesneau, Ernest: Charles Percier, [2]: 1764-1838
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https://doi.org/10.11588/diglit.22843#0378

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352

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Jacob, qui avait obtenu la fourniture du mobilier de la Convention,
en demanda les modèles à Percier et Fontaine. Ils y appliquèrent leurs
études antérieures, y introduisirent les formes renouvelées du mo-
bilier antique. Le succès fut tel qu'il leur valut de nombreuses com-
mandes du même genre pour toutes les industries de luxe ; ils dessinent
des étoffes, des meubles, des tapis, des papiers peints, font des modèles
pour les bronzes, les cristaux et l'orfèvrerie. L'éminent Raoul-Rochette
faisant Yéloge de Percier en 18/1O, parle fort bien à ce sujet de l'action
effective des deux jeunes artistes, bien plus noblement que ne le fera
Halévy dans son éloge de Fontaine en 1854. Halévy ne cache pas son
dédain pour ces occupations indignes d'un lauréat, pour ces travaux
obscurs où sou esprit s'éteint, pour la lutte stérile qu'il soutenait depuis

de draperies rouges et noires; le tout avait été fidèlement imité de l'antique et exécuté
par le plus habile ébéniste de ce temps, Jacob, d'après les dessins de David et do
Moreau, son élève, près duquel devait travailler le jeune Étienne.

« Enfin le complément de ce meuble était un lit également à l'antique, mais qu'ha-
bituellement on reléguait, pour gagner de la place, dans ce grand espace obscur peu-
plé de mannequins et plein de poussière, vers lequel Étienne avait jeté les yeux en
arrivant.

« Au surplus, tous ces objets, exécutés d'après le goût et sur les ordres de David,
étaient, à proprement parler, des meubles d'atelier, puisqu'en effet ce peintre les a
copiés dans ses ouvrages. C'est ce dont on pourra s'assurer en confrontant la description
qui précède avec les meubles qui se trouvent dans les tableaux de Socrale, de Bridas,
A'Hélène et Paris, et dans le portiait ébauché de Mme Récamier.

« 11 est à propos de ne pas oublier que tout ce meuble était exécuté déjà depuis
six ou sept ans lorsque, en 1796, Etienne le vit pour la première fois. Alors, dans le
public, ce goût no faisait que commencer à se répandre. On citait comme une nou-
veauté les meubles de Jacob d'après l'antique; Quinquet était peut-être moins fier de
l'invention de ses lampes que des ornements étrusques que les élèves de David pei-
gnaient sur leurs montures, et l'on surprenait souvent les coiffeurs, dans le fond de
leur boutique, réfléchissant sérieusement, devant une tète à perruque, pour imiter la
coiffure des sœurs des Horaces, ou de la femme et des filles de Brutus, des tableaux
de David.

« Mais revenons à la décoration de l'atelier. La face opposée à celle où s'ouvrait la
grande et unique fenêtre était divisée en trois portions. Celle du centre, la plus large,
se terminait en haut par une archivolte au milieu de laquelle on avait pratiqué un
grand œil-de-bœuf vitré qui laissait distinguer un autre mauvais escalier en bois fai-
sant suite au premier et conduisant à un étage supérieur dont on aura plus d'une fois
l'occasion de parler. Des petites portes formaient les deux divisions latérales de cette
face, et elles étaient remarquables par leur décoration, qui consistait en toiles vertes
retroussées par des clous d'or, absolument de la même manière que le sont celles de la
grande tenture qui garnit le fond sur lequel se détachent la femme et les filles de Bru-
tus, dans le tableau de ce nom. »
 
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