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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 23.1881

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Nr. 5
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Müntz, Eugène: La collection de tapisseries de M. Spitzer
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https://doi.org/10.11588/diglit.22843#0424

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39k GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

reparaissent des difficultés analogues à celles avec lesquelles nous avons
déjà eu à compter dans l'examen de l'Histoire de la statue de Notre-
Dame-de-Sablon. Ici encore, la nationalité de l'œuvre est en jeu. Se
fondant sur la ressemblance de certaines figures, notamment des satyres,
avec les types créés par Jules Romain, le plus fécond d'entre les dessi-
nateurs de cartons de la Renaissance, quelques amateurs ont cru avoir
affaire à un travail italien; d'autres ont mis en avant l'Ecole de Fontai-
nebleau, d'autres encore l'Ecole flamande. La technique et le style de
la Bacchanale expliquent clans une certaine mesure une telle divergence
d'opinions; mais ces critères nous permettent en môme temps d'écarter
les hypothèses auxquelles nous venons de faire allusion. Et tout d'abord,
en ce qui concerne la technique, il est certain que Paris, héritier des
traditions des grands tapissiers flamands de la Renaissance, était seul
capable, à ce moment, de fondre si habilement les tons, de donner au
coloris une harmonie et une distinction si grandes. Le style ne plaide
pas moins en faveur d'une origine parisienne : quoique les types aient
quelque chose d'indécis et d'impersonnel, on ne saurait méconnaître leur
parenté avec les productions de notre école de peinture du milieu du
xvir siècle. C'est à cette époque, en effet, — certains détails de coiffure et de
costume dans la pièce représentant la toilette d'une dame de la cour de
Louis XIV permettent de l'affirmer, — qu'appartient la Bacchanale. En
comparant sa bordure, qui se détache sur un fond de soie jaune d'une
richesse éblouissante, à celle de la Toilette de Flore tissée par J. Lefebvre
aux Gobelins et conservée au Garde-meuble national, nous avons
acquis la preuve presque palpable de cette parenté : dans l'une comme
dans l'autre Dianes d'Ephèse, chiens accroupis, rinceaux de la plus
grande élégance. Le nom des Gobelins aurait donc pu être mis en avant
sans trop de témérité, si le manque de parti pris dans les types, comme
l'archaïsme de certaines figures, peut-être copiées sur des cartons plus
anciens, ne nous avaient fait hésiter.

Nous en étions là de nos doutes, lorsque nous avons reçu de
M. Darcel, que nous avions consulté à ce sujet, une lettre qui résout le
problème de la manière la plus satisfaisante. Le savant administrateur des
Gobelins nous écrit qu'en examinant les photographies de quatre ten-
tures appartenant à la même suite que celles de M. Spitzer, il a découvert

d'autres encore à courtiser des nymphes peu farouches. Quant à la quatrième pièce,
dont la disposition est d'ailleurs absolument identique à celle des tentures précédentes,
elle nous fait assister à la toilette d'une jeune dame autour de laquelle s'empresse
un essaim de suivantes. Il ne serait pas surprenant que cette dernière composition
ait été ajoutée après coup à une suite plus ancienne.
 
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