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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 23.1881

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Nr. 5
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Müntz, Eugène: La collection de tapisseries de M. Spitzer
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https://doi.org/10.11588/diglit.22843#0425

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LES

TAPISSERIES

DE M. SPITZER.

395

dans la bordure de deux d'entre elles la signature Lefèvre. Or nous
savons que Jean Lefèvre ou Lefebvre, après avoir longtemps travaillé à
Florence, fut appelé par le roi à Paris, en 16/i7, avec son père Pierre, et
qu'à partir de ce moment il ne quitta plus la France1. Il eut l'honneur,
quelques années plus tard, d'être choisi pour entrepreneur des Gobelins,
position qu'il conserva jusqu'à sa mort, arrivée en 1702. Le brevet de
logement accordé aux deux artistes en 1655 constate qu'ils travaillaient
pour les particuliers. La Bacchanale est, sans aucun doute, un des pre-
miers produits de cet atelier, qui précéda les Gobelins et leur fraya en
quelque sorte la voie. Elle est faite pour donner la plus haute idée
de la valeur de Jean Lefèvre, de son entente des effets décoratifs, de la
distinction de son style. Ici, comme dans les séries précédentes, ce n'est
pas tant à l'action même qu'il faut nous attacher qu'à l'heureuse associa-
tion des couleurs, au groupement si pittoresque des satyres aux torses
bronzés et des nymphes aux carnations d'une blancheur éclatante. Ces
décorateurs hors ligne n'oubliaient pas qu'avant de parler à l'esprit il
fallait charmer les yeux.

La dernière en date des tapisseries de M. Spitzer, la Vierge allaitant
l'enfant Jésus, auquel le petit saint Jean-Baptiste, debout derrière le
couple divin, tend un bouquet de cerises, nous ramène à l'Italie. Bans
cette composition gracieuse, qui reproduit certainement un tableau de
maître, le dessin est d'une grande précision. Quant au tissage, sa finesse
tient du prodige. On éprouve quelque embarras à prononcer entre les
deux fabriques italiennes qui peuvent se disputer la paternité de cette
œuvre exécutée avec tant d'amour et de science. Florence et Rome ont
produit, au xvne siècle, des tentures également intéressantes. Cependant
eu égard à la perfection de la main-d'œuvre et à la pureté du goût qui
distinguaient l'atelier romain, nous croyons que c'est en sa faveur qu'il
faut trancher le problème.

La tapisserie n'occupe pas jusqu'ici dans nos musées la place à
laquelle elle a droit. Sachons donc gré à l'homme de goût qui a tenu à
réhabiliter un art si éminement décoratif et qui, en formant cette série
précieuse, nous a fourni l'occasion de passer en revue quelques-unes des
productions dont s'enorgueillissent le plus justement les Flandres, l'Italie
et la France.

eug. mûntz.

t. Yoy. les Nouvelles Archives de l'Art français,, 1 873, p. 69; '1879, p. 243, 2Zi5,
et mon Histoire de la Tapisserie italienne, p. 71.
 
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