LES DÉCORATIONS DU PANTHÉON. !j01
Je veux bien croire avec Fr. Grille que les sujets principaux, ou plutôt
les titres des pendentifs, étaient arrêtés dès l'origine dans l'imagination
du peintre. M. Henry Gérard possède un certain nombre de compositions
importantes, cherchées au crayon par son oncle, particulièrement pour le
sujet de la Justice, et il en est parmi elles qui avaient été conçues dans
un ordre plus simple, plus sobre et peut-être plus grandiose d'expres-
sion et d'effet que celle définitivement réalisée en peinture. M. Henry
Gérard a bien voulu nous montrer aussi diverses combinaisons peintes
pour le sujet de la Mort, qu'il aurait été intéressant de faire connaître
dans l'exposition de peintures décoratives ouverte dernièrement au pu-
blic par le Musée des arts décoratifs; elles y auraient tenu place à côté
de l'esquisse de la coupole de Gros, prêtée par la ville de Paris, et à
côté de l'étude, peinte encore par Gros, pour le groupe de Glovis et.Glo-
tilde destiné à la même coupole. Dans ces préparations dessinées ou
peintes pour les pendentifs, je ne vois rien d'un caractère exclusivement
religieux, et c'est toujours l'esprit d'allégorie morale qui fait le fonds
des inventions de Gérard. Faudrait-il admettre que ces diverses pensées
qui nous restent de l'artiste soient toutes postérieures à l'invitation que
lui adressait si directement, en septembre 1830, M. Guizot, relativement
aux « changements que réclamaient les compositions précédemment arrê-
tées, dans un sens purement patriotique et national? » M. l'abbé Ouin
Lacroix dit bien que « les plans et les dessins des compositions étaient
choisis et arrêtés lorsque éclata la révolution de Juillet ; mais des cartons
composés pour une église ne pouvaient plus convenir à la nouvelle des-
tination de l'édifice. Gérard alors, avec sa souplesse de talent et sa puis-
sance d'imagination accoutumées, changea entièrement ses plans. » Sans
être aussi convaincu que l'abbé Ouin Lacroix que les plans aient été
entièrement changés, on est bien obligé de convenir que telle des
figures les plus apparentes et les plus expressives, celle de Napoléon,
par exemple, n'est certainement point venue là de l'agrément de
Louis XVIII ni de Mgr de Quélen.
« Gérard, continue M. Ouin Lacroix, commença les travaux en '1833; mais, ayant
ressGnti en 1814 les premières atteintes de la maladie qui devait l'emporter peu d'an-
nées après, il dut les interrompre. Se voyant gravement malade, il ordonna de les
détruire entièrement ; ayant recouvré un peu de santé, il reprit son œuvre commencée
et y consacra les deux dernières années de sa vie..La mort ne lui permit pas cepen-
dant d'y mettre la dernière main. 11 expira le t2 janvier '1837. Le gouvernement se
chargea alors de rentier achèvement des quatre pendentifs, terminés enfin le 27 juillet
1837. par un des élèves du grand artiste, dont la pensée vit tout entière dans la com-
position et l'agencement des quatre sujets : la Mort, la Pairie, la Justice, la Gloire. »
xxiii. — 2e période.
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Je veux bien croire avec Fr. Grille que les sujets principaux, ou plutôt
les titres des pendentifs, étaient arrêtés dès l'origine dans l'imagination
du peintre. M. Henry Gérard possède un certain nombre de compositions
importantes, cherchées au crayon par son oncle, particulièrement pour le
sujet de la Justice, et il en est parmi elles qui avaient été conçues dans
un ordre plus simple, plus sobre et peut-être plus grandiose d'expres-
sion et d'effet que celle définitivement réalisée en peinture. M. Henry
Gérard a bien voulu nous montrer aussi diverses combinaisons peintes
pour le sujet de la Mort, qu'il aurait été intéressant de faire connaître
dans l'exposition de peintures décoratives ouverte dernièrement au pu-
blic par le Musée des arts décoratifs; elles y auraient tenu place à côté
de l'esquisse de la coupole de Gros, prêtée par la ville de Paris, et à
côté de l'étude, peinte encore par Gros, pour le groupe de Glovis et.Glo-
tilde destiné à la même coupole. Dans ces préparations dessinées ou
peintes pour les pendentifs, je ne vois rien d'un caractère exclusivement
religieux, et c'est toujours l'esprit d'allégorie morale qui fait le fonds
des inventions de Gérard. Faudrait-il admettre que ces diverses pensées
qui nous restent de l'artiste soient toutes postérieures à l'invitation que
lui adressait si directement, en septembre 1830, M. Guizot, relativement
aux « changements que réclamaient les compositions précédemment arrê-
tées, dans un sens purement patriotique et national? » M. l'abbé Ouin
Lacroix dit bien que « les plans et les dessins des compositions étaient
choisis et arrêtés lorsque éclata la révolution de Juillet ; mais des cartons
composés pour une église ne pouvaient plus convenir à la nouvelle des-
tination de l'édifice. Gérard alors, avec sa souplesse de talent et sa puis-
sance d'imagination accoutumées, changea entièrement ses plans. » Sans
être aussi convaincu que l'abbé Ouin Lacroix que les plans aient été
entièrement changés, on est bien obligé de convenir que telle des
figures les plus apparentes et les plus expressives, celle de Napoléon,
par exemple, n'est certainement point venue là de l'agrément de
Louis XVIII ni de Mgr de Quélen.
« Gérard, continue M. Ouin Lacroix, commença les travaux en '1833; mais, ayant
ressGnti en 1814 les premières atteintes de la maladie qui devait l'emporter peu d'an-
nées après, il dut les interrompre. Se voyant gravement malade, il ordonna de les
détruire entièrement ; ayant recouvré un peu de santé, il reprit son œuvre commencée
et y consacra les deux dernières années de sa vie..La mort ne lui permit pas cepen-
dant d'y mettre la dernière main. 11 expira le t2 janvier '1837. Le gouvernement se
chargea alors de rentier achèvement des quatre pendentifs, terminés enfin le 27 juillet
1837. par un des élèves du grand artiste, dont la pensée vit tout entière dans la com-
position et l'agencement des quatre sujets : la Mort, la Pairie, la Justice, la Gloire. »
xxiii. — 2e période.
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