DOI Heft:
Nr. 1
DOI Artikel:Duret, Théodore: Les expositions de Londres: Dante Gabriel Rossetti
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.24260#0055
LES EXPOSITIONS DE LONDRES
DANTE GABRIEL ROSSETTI
’est l’Angleterre, pays d’initiative in-
dividuelle, qu^ la première, a connu les
expositions d’art organisées par des
sociétés particulières ou des groupes
d’artistes. La coutume des expositions
multiples, qui commence à s’introduire
en France, est donc depuis longtemps
acclimatée chez elle. L’exposition an-
nuelle de la Roval-Academy, quelque
dominante qu’elle soit, n’a, de la
sorte, jamais eu l’importance exclusive
qu’avait notre Salon, alors qu’il était le seul lieu où nos artistes pussent
se montrer et se faire connaître. De nos jours, elle est devenue avant tout
un endroit privilégié pour les peintres arrivés à la renommée : ils y
prennent les meilleures places, y envoient le plus grand nombre de
tableaux et laissent ce qui peut rester d’espace aux jeunes et aux débu-
tants. L’exposition de la Royal-Academy est ainsi assez mal appropriée aux
talents indépendants et inconnus qui cherchent à se produire; aussi ont-
ils à peu près renoncé à en forcer les portes et vont-ils exposer ailleurs.
La Royal-Academy, cénacle des peintres depuis longtemps connus et
des vieux maîtres, est, dans l’art, ce qu’est la Chambre des Lords dans
la politique, le centre des principes conservateurs et des bonnes tradi-
tions. Tous les ans, l’ouverture de son exposition est fêtée par un ban-
quet auquel prennent part les membres de la famille royale, où l’on boit
les meilleurs vins, en prononçant des discours d’une esthétique transcen-
dante. Une sorte d’inventaire minutieux des tableaux exposés est fait par
les journaux, et les critiques laissent, à cette occasion, couler leurs robi-
nets d’eau tiède à travers d’interminables articles. L’exposition, depuis
XXVIII. — 2e PÉRIODE. 7
DANTE GABRIEL ROSSETTI
’est l’Angleterre, pays d’initiative in-
dividuelle, qu^ la première, a connu les
expositions d’art organisées par des
sociétés particulières ou des groupes
d’artistes. La coutume des expositions
multiples, qui commence à s’introduire
en France, est donc depuis longtemps
acclimatée chez elle. L’exposition an-
nuelle de la Roval-Academy, quelque
dominante qu’elle soit, n’a, de la
sorte, jamais eu l’importance exclusive
qu’avait notre Salon, alors qu’il était le seul lieu où nos artistes pussent
se montrer et se faire connaître. De nos jours, elle est devenue avant tout
un endroit privilégié pour les peintres arrivés à la renommée : ils y
prennent les meilleures places, y envoient le plus grand nombre de
tableaux et laissent ce qui peut rester d’espace aux jeunes et aux débu-
tants. L’exposition de la Royal-Academy est ainsi assez mal appropriée aux
talents indépendants et inconnus qui cherchent à se produire; aussi ont-
ils à peu près renoncé à en forcer les portes et vont-ils exposer ailleurs.
La Royal-Academy, cénacle des peintres depuis longtemps connus et
des vieux maîtres, est, dans l’art, ce qu’est la Chambre des Lords dans
la politique, le centre des principes conservateurs et des bonnes tradi-
tions. Tous les ans, l’ouverture de son exposition est fêtée par un ban-
quet auquel prennent part les membres de la famille royale, où l’on boit
les meilleurs vins, en prononçant des discours d’une esthétique transcen-
dante. Une sorte d’inventaire minutieux des tableaux exposés est fait par
les journaux, et les critiques laissent, à cette occasion, couler leurs robi-
nets d’eau tiède à travers d’interminables articles. L’exposition, depuis
XXVIII. — 2e PÉRIODE. 7