DOI Heft:
Nr. 2
DOI Artikel:Havard, Henry: L' exposition d'Amsterdam, [1]
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.24260#0191
L’EXPOSITION D’AMSTERDAM
A MONSIEUR LE DIRECTEUR DE LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
Mon cher ami.
Vous me demandez de vous renseigner sur la grande solennité internationale qui
attire en ce moment les étrangers sur les bords de l’Amstel, et je m’empresserais de le
l'aire avec tout le détail possible, sans le court temps depuis lequel je suis en Hol-
lande et l’étonnante complexité de cette exhibition. Mais il me semble que ce serait
beaucoup se hasarder que de se permettre, après trois jours coupés d’occupations
nombreuses et pressantes, un jugement définitif sur l’art et l’industrie de cinq ou six
nations. La seule chose que je puisse faire aujourd’hui, c’est d’essayer de tracer hâti-
vement un aperçu général, une vue d’ensemble; ne m’en veuillez donc pas si je re-
mets l’étude que vous me demandez à un courrier plus ou moins prochain.
Aujourd’hui donc je me bornerai a constater que l’Exposition d’Amsterdam, quoi-
qu’elle soit seulement une entreprise privée, est fort réussie. Les bâtiments qui la
renferment sont situés dans un vaste terrain qui, il y a un an à peine, était encore
une herbeuse prairie et autour duquel commence à s’élever une ville nouvelle, dont
les rues bien alignées ne tarderont pas à aller rejoindre cel'es qui ont pris naissance
autour du Vondelspark.
La façade de l’Exposition est précédée par un gigantesque bâtiment construit en
briques et en pierres, avec une énorme toiture en ardoise. Ce premier bâtiment est
appelé à devenir le musée royal et à remplacer cette incommode Trippenhuis, contre
laquelle nous avons si longtemps et à tant de reprises protesté.
Ce musée, réclamé, désiré, attendu avec une fébrile impatience, a une grande
tournure; sa vaillante façade mire ses lignes austères dans les eaux odorantes du
Singel. C’est une fort belle bâtisse; le seul défaut que je lui découvre, c’est de ne
ressembler que médiocrement à un musée. Elle n’a pas le caractère de son emploi;
ce pourrait être aussi bien un ministère, une grande administration, un établissement
charitable ; sauf'cela, ses belles proportions font bonne et honnête figure à la place qu’on
lui a choisie. Quant à l’intérieur, il n’est pas encore achevé et on ne le visite pas.
Derrière cet énorrtie monument se dresse la façade de l’Exposition, façade dessinée
par un de nos compatriotes, le peintre Motte. Vous avez pu en voir l'élévation au
A MONSIEUR LE DIRECTEUR DE LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
Mon cher ami.
Vous me demandez de vous renseigner sur la grande solennité internationale qui
attire en ce moment les étrangers sur les bords de l’Amstel, et je m’empresserais de le
l'aire avec tout le détail possible, sans le court temps depuis lequel je suis en Hol-
lande et l’étonnante complexité de cette exhibition. Mais il me semble que ce serait
beaucoup se hasarder que de se permettre, après trois jours coupés d’occupations
nombreuses et pressantes, un jugement définitif sur l’art et l’industrie de cinq ou six
nations. La seule chose que je puisse faire aujourd’hui, c’est d’essayer de tracer hâti-
vement un aperçu général, une vue d’ensemble; ne m’en veuillez donc pas si je re-
mets l’étude que vous me demandez à un courrier plus ou moins prochain.
Aujourd’hui donc je me bornerai a constater que l’Exposition d’Amsterdam, quoi-
qu’elle soit seulement une entreprise privée, est fort réussie. Les bâtiments qui la
renferment sont situés dans un vaste terrain qui, il y a un an à peine, était encore
une herbeuse prairie et autour duquel commence à s’élever une ville nouvelle, dont
les rues bien alignées ne tarderont pas à aller rejoindre cel'es qui ont pris naissance
autour du Vondelspark.
La façade de l’Exposition est précédée par un gigantesque bâtiment construit en
briques et en pierres, avec une énorme toiture en ardoise. Ce premier bâtiment est
appelé à devenir le musée royal et à remplacer cette incommode Trippenhuis, contre
laquelle nous avons si longtemps et à tant de reprises protesté.
Ce musée, réclamé, désiré, attendu avec une fébrile impatience, a une grande
tournure; sa vaillante façade mire ses lignes austères dans les eaux odorantes du
Singel. C’est une fort belle bâtisse; le seul défaut que je lui découvre, c’est de ne
ressembler que médiocrement à un musée. Elle n’a pas le caractère de son emploi;
ce pourrait être aussi bien un ministère, une grande administration, un établissement
charitable ; sauf'cela, ses belles proportions font bonne et honnête figure à la place qu’on
lui a choisie. Quant à l’intérieur, il n’est pas encore achevé et on ne le visite pas.
Derrière cet énorrtie monument se dresse la façade de l’Exposition, façade dessinée
par un de nos compatriotes, le peintre Motte. Vous avez pu en voir l'élévation au