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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 28.1883

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Nr. 2
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Havard, Henry: L' exposition d'Amsterdam, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24260#0192

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EXPOSITION D’AMSTERDAM.

183

Salon de cette année. Il vous suffira de savoir que, contrairement à ce qui arrive
généralement, l’exécution produit meilleur effet que le dessin.

Si cette façade manque un peu d’élégance, elle se sauve par le grandiose. Les
éléphants colossaux y jouent un rôle considérable ; on y voit Diogène, Alexandre,
d’autres personnages encore, beaucoup de palmes, beaucoup de masques, une grande
quantité de rinceaux, et cela se termine, au centre, par une grande draperie en zinc
peint simulant un gigantesque cachemire.

Cette façade fort extraordinaire donne accès dans les galeries de l’Exposition, où
les nations qui ont pris part à ce grand concours se succèdent en bon ordre. La
Néerlande occupe la tète; la Belgique vient ensuite, et cela se continue de la sorte
pour finir par l’Allemagne que précède la France. Tous les autres pays se trouvent
logés dans l’entre-temps.

Les industries d’art, comme cela était naturel, ont la place d’honneur; ce sont elles
qui avoisinent la nef centrale. Grâce à cette heureuse disposition, cette nef a un air
de fête et présente un intérêt tout exceptionnel.

Si quelque esprit morose venait vous dire que nos industries d’art courent des
risques graves, que le sceptre du goût vacille entre nos mains, que les étrangers nous
rejoignent à grands pas et sont près de nous distancer, n’on croyez rien. Nous gar-
dons notre avance. Bien que nos fabricants n’aient pas (généralement parlant) fait do
grands efforts en vue de l’Exposition d’Amsterdam, ils conservent cependant une su-
périorité incontestée, si bien reconnue, môme par nos concurrents les plus acharnés,
que le juré allemand de la classe 24 (ameublement) déclarait hier, en public et devant
tous ses collègues, que « la section française est le bouquet de l’Exposition ! »

La vérité est que la Belgique et la Hollande surtout ont, depuis cinq ans, réalisé de
très grands progrès. Elles ont profité de nos leçons, autant qu’il leur était possible, elles
nous prennent pour exemple; mais aucun de leurs industriels n'a la prétention d’entrer
en concurrence avec nous, do lutter avec nos grandes maisons françaises; et il y a
môme quelque chose de touchant dans la piété avec laquelle ils contemplent les ou-
vrages de nos artisans d’art, dans l’admiration avec laquelle ils analysent les œuvres
de Fourdinois, de Beurdelev, de Barbedicnne, de Dasson, de Christofle, de Froment-
Meurice et de tant d’autres.

L’Allemagne, elle, essaye par d’autres voies d’atteindre à une perfection dont elle
est encore très éloignée. Sur les bords de la Sprée, on s’est constitué une sorte de
style Renaissance qui n’est pas sans cachet. Mais les ouvrages produits sont com-
muns, insuffisants comme exécution, défectueux comme terminaison; c’est seulement
par le bon marché que nos voisins parviennent à séduire l’acheteur, — j’entends
l’acheteur doué de quelque goût et de quelque initiation artistique, car, pour les
autres, ils se laissent captiver par les défauts mêmes de ces ouvrages imparfaits.

Encore, si je suis bien renseigné, cette qualité persuasive du bon marché serait à
la veille d’être atténuée d’une façon singulière. Les grèves sévissent en ce moment
dans Tébénisterie allemande, et si l’on mène moins grand bruit à leur occasion qu’on
ne le fait chez nous, les fabricants et les ouvriers ne sont guère moins éprouvés qu’en
France.

Vainqueurs sur le terrain des arts industriels, nous le sommes également dans le
domaine des beaux-arts.

Ces derniers sont abrités dans un palais spécial, de proportions moins vastes et
moins confortables que leurs frères de l’industrie. La France et la Belgique sont très
 
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