Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (2.Pér. 28.1883)

L’EXPOSITION RÉTROSPECTIVE

D’AMSTERDAM

L’exposition universelle d’Amsterdam, qui porte
un titre si compliqué, a été, comme d’habitude, l’occa-
sion d’une exposition rétrospective, et, comme d’habi-
tude encore, nous avons à en rendre compte.

Ceci nous rappelle que, voyageant jadis en Rretagne,
en usant de tous les moyens de locomotion alors usités,
même de nos jambes — c’était avant l’ère des chemins
de fer, — nons nous retrouvions, à l’heure de la dinéè
ou du souper, autour de la vaste cheminée des cuisines
d’auberge où l’on préparait de plantureux repas qui ne
coûtaient guère, avec quelques voyageurs de commerce
que notre conduite intriguait. Ils ne nous voyaient
jamais entrer chez aucun des marchands des petites
villes ou des bourgades que nous visitions de conserve,
si bien que l’un finit par nous demander « dans quelle
partie nous voyagions? » — Dans celle des vieux monu-
ments, lui répondîmes-nous.

Aujourd’hui nous pourrions répondre que nous voya-
geons dans les expositions rétrospectives. En avons-nous vu! Sans parler
de celles que nous avons organisées, et de combien a rendu compte
« notre plume aussi infatigable qu’ennuyeuse », ainsi que l’a qualifiée
un critique indulgent ! Aujourd’hui tâchons d’être bref, si c’est possible,
et sans rien promettre d’ailleurs.

D’abord, le gouvernement néerlandais faisant les frais considérables
d’un nouveau musée destiné à servir d’abri définitif aux œuvres d’art qu’il
possède, tableaux, dessins, estampes et antiquités de toute espèce et de
tous pays, aujourd’hui dispersés dans quelques modestes logis peu dignes