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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
de les abriter, il convient de dire quelques mots du monument qui
s’achève.
Ainsi que notre collaborateur et ami H. Havard en a déjà fait la re-
marque, le nouvel édifice d’Amsterdam ne répond point, par ses appa-
rences, à l’idéal que nous nous faisons d’un musée. Sa façade en brique
et pierre percée de deux étages de hautes fenêtres, dont les divisions
semblent attendre des vitraux, ses combles immenses percés de lucarnes
et dominés par les toits plus hauts et plus aigus encore des avant-corps
qui flanquent l’entrée centrale et au sommet desquels tournent des
girouettes à l’extrémité d’épis fleuronnés, rien de tout cet ensemble d’ap-
parence gothique, malgré l’arc en plein cintre des fenêtres et la modernité
des sculptures, n’annonce des salles éclairées par le haut, ainsi qu’il con-
vient pour des tableaux. C’est que les galeries réservées pour ceux-ci
sont placées dans les arrière-corps, sur l’autre façade. Les toits y sont,
en effet, garnis de quelques vitrages qui versent une abondante lumière
sur la partie réservée à la peinture. Celle-ci se compose d’une vaste allée
centrale flanquée latéralement et à son extrémité de salons, nous allions
dire de chapelles, tant leur entrée est largement ouverte. Le mur termi-
nal de ce que nous appellerons l’abside est évidemment desiiné à cet
énigmatique chef-d’œuvre qu’on appelle si improprement la Ronde de
nuit, qui sera placé là comme un tableau sur un autel et qu’on pourra
apercevoir dès l’entrée.
Cette entrée, aussi large que la galerie centrale elle-même, s’ouvre
normalement sur une autre galerie qui longe la façade et qu’éclairent les
fenêtres que l’on projette de garnir de vitraux. Les pièces d’un concours
dont la figure d’Apelle était le motif en garnissent, en effet, quelques-
unes. N’a-t-on pas peur d’établir une lutte entre la peinture vue par
transparence et celle vue par reflet, dont la dernière serait inévitablement
la victime, et ne vaudrait-il pas mieux se contenter de grisailles d’orne-
ment, très simples, comme on en voit déjà d’anciennes et de fort élé-
gantes aux fenêtres du musée rétrospectif?
Celui-ci, qui est provisoirement installé à droite de l’entrée, dans les
galeries et dans les salles qui seront affectées au service des dessins et
des estampes, le sera définitivement dans les salles du rez-de-chaussée
du côté gauche, lorsque celles-ci auront été achevées. Or on les construit
et on les décore suivant les styles successifs qui ont régné dans les Pays-
Bas depuis l’époque carolingienne jusqu’à nos jours. La tentative est
louable et nous désirons qu’elle réussisse. Les choses exposées au-
ront, ce nous semble, une saveur autre dans des salles de même style
qu’elles.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
de les abriter, il convient de dire quelques mots du monument qui
s’achève.
Ainsi que notre collaborateur et ami H. Havard en a déjà fait la re-
marque, le nouvel édifice d’Amsterdam ne répond point, par ses appa-
rences, à l’idéal que nous nous faisons d’un musée. Sa façade en brique
et pierre percée de deux étages de hautes fenêtres, dont les divisions
semblent attendre des vitraux, ses combles immenses percés de lucarnes
et dominés par les toits plus hauts et plus aigus encore des avant-corps
qui flanquent l’entrée centrale et au sommet desquels tournent des
girouettes à l’extrémité d’épis fleuronnés, rien de tout cet ensemble d’ap-
parence gothique, malgré l’arc en plein cintre des fenêtres et la modernité
des sculptures, n’annonce des salles éclairées par le haut, ainsi qu’il con-
vient pour des tableaux. C’est que les galeries réservées pour ceux-ci
sont placées dans les arrière-corps, sur l’autre façade. Les toits y sont,
en effet, garnis de quelques vitrages qui versent une abondante lumière
sur la partie réservée à la peinture. Celle-ci se compose d’une vaste allée
centrale flanquée latéralement et à son extrémité de salons, nous allions
dire de chapelles, tant leur entrée est largement ouverte. Le mur termi-
nal de ce que nous appellerons l’abside est évidemment desiiné à cet
énigmatique chef-d’œuvre qu’on appelle si improprement la Ronde de
nuit, qui sera placé là comme un tableau sur un autel et qu’on pourra
apercevoir dès l’entrée.
Cette entrée, aussi large que la galerie centrale elle-même, s’ouvre
normalement sur une autre galerie qui longe la façade et qu’éclairent les
fenêtres que l’on projette de garnir de vitraux. Les pièces d’un concours
dont la figure d’Apelle était le motif en garnissent, en effet, quelques-
unes. N’a-t-on pas peur d’établir une lutte entre la peinture vue par
transparence et celle vue par reflet, dont la dernière serait inévitablement
la victime, et ne vaudrait-il pas mieux se contenter de grisailles d’orne-
ment, très simples, comme on en voit déjà d’anciennes et de fort élé-
gantes aux fenêtres du musée rétrospectif?
Celui-ci, qui est provisoirement installé à droite de l’entrée, dans les
galeries et dans les salles qui seront affectées au service des dessins et
des estampes, le sera définitivement dans les salles du rez-de-chaussée
du côté gauche, lorsque celles-ci auront été achevées. Or on les construit
et on les décore suivant les styles successifs qui ont régné dans les Pays-
Bas depuis l’époque carolingienne jusqu’à nos jours. La tentative est
louable et nous désirons qu’elle réussisse. Les choses exposées au-
ront, ce nous semble, une saveur autre dans des salles de même style
qu’elles.