Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (2.Pér. 28.1883)

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

était habité par des djinns ; c’est là que la nature volcanique du sol est
le plus visible; la chaleur intérieure affleure, la végétation est clair-
semée , les habitations sont rudimentaires, la nature entière semble avoir
la fièvre.

Je me rappelle ce minuscule campo-sanlo de Casamicciola, sur uu
cap rocheux, déchiqueté, strié de couches de lave superposées, qui re-
garde Cumes et Nisida, avec la calotte d’un petit dôme blanc, ensevelie
sous des ifs pyramidaux dont on ne sait pas l’âge, prise en biais par les
rayons du soleil qui décline...

Qui pourrait dire le sort que l’avenir réserve à Ischia? La supersti-
tion douce de ses habitants aura-t-elle vu dans la récente catastrophe
l’annonce d’une fin prochaine? Les croyances millénaristes du moyen âge
furent raffermies par l’apparition de fléaux qui n’étaient pas plus pro-
pres à ébranler la conscience humaine que ne le sont ces terribles se-
cousses géologiques. L’Epomeo va-t-il s’entr’ouvrir? Un nouveau cratère,
un Monte Nuovo se formera-t-il à côté? Ou, si l’ile reste habitable, les
habitations neuves resteront-elles fidèles au style primitif de celles que
nous avons connues? Torre del Greco a été rebâtie onze fois sur le même
emplacement. Et qui sait? peut-être qu’lschia, désertée par les villey-
gianti de passage, retrouvera dans sa sauvagerie et sa solitude un attrait
qui remplacera celui qu’elle a perdu avec sa sécurité riante et paisible
d’autrefois.

ARY RENAN.

J SCSi JA