DOI Heft:
Nr. 2
DOI Artikel:Duranty, Edmond: Les curiosités du dessin antique dans les vases peints, 4
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LES CURIOSITÉS DU DESSIN ANTIQUE.
103
Un peu plus tard, la draperie reste stationnaire et le nu se développe.
Les muscles du torse surtout préoccupent peu à peu l’art rouge. Tan-
dis que les figures noires se musclaient relativement plus à la jambe que
partout ailleurs, le dessin des rouges se porte vers le buste.
Je ne donnerai que quelques exemples comparatifs de ces recherches
de la musculature.
Dans le Géryon, que j’ai cité comme une des premières figures à
jambe et pied de face, la jambe de face ne montre que la longue ligne
médiane du tibia, rappelant bien par là l’accent tranché que donne à cet
os la sculpture égyptienne des dynasties de Sais, sculpture qui s’épanouit
du vne au ive siècle environ. Le modèle statuaire qui guide les peintres
peut donc ici leur être contemporain.
Quant à la rotule, elle se relie à la ligne du tibia en prenant une forme
de figure renversée. Le même dessin, tout à fait identique pour la mus-
culature delà jambe, se reproduit dans la figure, que j’ai citée aussi, du
Thésée barbu tuant le géant ou brigand Scyron, et qui me paraît d’une
époque ultérieure.
Dans les jambes de profil, les potiers reproduisent un muscle à l’assy-
rienne, qui part du jarret où il est enté sur le contour de la cuisse, puis
qui, après avoir cerné une partie du mollet, court tout droit le long de la
jambe et se termine par une sorte de crochet qui simule la cheville.
Mais bientôt l’art rouge en arrive à des figures comme celles du Titye
et de l’Apollon, ou de l’Antée et de l’Hercule, sur nos deux célèbres vases
du Louvre.
Le géant Titye a une ligne médiane générale qui partage tout son
corps ; le dessinateur lui a indiqué l’attache du ventre à la ceinture, le
nombril, le muscle abdominal, les deux lobes du thorax avec la ligne de
voussure des côtes, un muscle au poignet et un autre qui longe le tibia.
L’Apollon vêtu d’une tunique montre à l’un de ses bras un muscle en
long et un muscle transversal. Sa cheville est marquée, et sur chacune
de ses jambes passe un muscle entre le tibia et le mollet.
Les figures de l’Antée et de l’Hercule sont d’un dessin bien plus fort.
La fabrique d’Euphronios se distingue par l’abondance, la netteté, la con-
science et la science des détails.
L’Antée a les deux pectoraux avec les boutons de sein ; un muscle
continuant le pectoral jusque sur le deltoïde. Une ligne médiane générale
suit et dirige l’inflexion de son torse.
La voussure du thorax, trois arcs pour les côtes de gauche, deux lignes
limitant les lobes de la poitrine, deux lignes courbes traçant les deux
lobes au-dessus du ventre, deux autres lignes ondulant pour marquer les
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Un peu plus tard, la draperie reste stationnaire et le nu se développe.
Les muscles du torse surtout préoccupent peu à peu l’art rouge. Tan-
dis que les figures noires se musclaient relativement plus à la jambe que
partout ailleurs, le dessin des rouges se porte vers le buste.
Je ne donnerai que quelques exemples comparatifs de ces recherches
de la musculature.
Dans le Géryon, que j’ai cité comme une des premières figures à
jambe et pied de face, la jambe de face ne montre que la longue ligne
médiane du tibia, rappelant bien par là l’accent tranché que donne à cet
os la sculpture égyptienne des dynasties de Sais, sculpture qui s’épanouit
du vne au ive siècle environ. Le modèle statuaire qui guide les peintres
peut donc ici leur être contemporain.
Quant à la rotule, elle se relie à la ligne du tibia en prenant une forme
de figure renversée. Le même dessin, tout à fait identique pour la mus-
culature delà jambe, se reproduit dans la figure, que j’ai citée aussi, du
Thésée barbu tuant le géant ou brigand Scyron, et qui me paraît d’une
époque ultérieure.
Dans les jambes de profil, les potiers reproduisent un muscle à l’assy-
rienne, qui part du jarret où il est enté sur le contour de la cuisse, puis
qui, après avoir cerné une partie du mollet, court tout droit le long de la
jambe et se termine par une sorte de crochet qui simule la cheville.
Mais bientôt l’art rouge en arrive à des figures comme celles du Titye
et de l’Apollon, ou de l’Antée et de l’Hercule, sur nos deux célèbres vases
du Louvre.
Le géant Titye a une ligne médiane générale qui partage tout son
corps ; le dessinateur lui a indiqué l’attache du ventre à la ceinture, le
nombril, le muscle abdominal, les deux lobes du thorax avec la ligne de
voussure des côtes, un muscle au poignet et un autre qui longe le tibia.
L’Apollon vêtu d’une tunique montre à l’un de ses bras un muscle en
long et un muscle transversal. Sa cheville est marquée, et sur chacune
de ses jambes passe un muscle entre le tibia et le mollet.
Les figures de l’Antée et de l’Hercule sont d’un dessin bien plus fort.
La fabrique d’Euphronios se distingue par l’abondance, la netteté, la con-
science et la science des détails.
L’Antée a les deux pectoraux avec les boutons de sein ; un muscle
continuant le pectoral jusque sur le deltoïde. Une ligne médiane générale
suit et dirige l’inflexion de son torse.
La voussure du thorax, trois arcs pour les côtes de gauche, deux lignes
limitant les lobes de la poitrine, deux lignes courbes traçant les deux
lobes au-dessus du ventre, deux autres lignes ondulant pour marquer les