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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
la statue d’Hestia de la villa Giustiniani, de la Pallas sans tête de Dresde,
de l’Artémis coloriée de Naples. 11 est rare qu’elle rappelle celle de l’autel
des Douze dieux. Cette dernière procède par une large retombée d’étoffe
sur la poitrine ; des deux coins de cette retombée descendent de petits plis
en gradins.
Sur les vases, au contraire, les gradins des plis commencent en haut
de la retombée de l’étoffe, de sorte que le large étalement de celle-ci ter-
mine la descente des gradins, tandis qu’à l’autel des Douze dieux il la
commence.
Lorsque l’attitude est simple, que le personnage se tient debout, que
le vêtement le cache tout entier ou à peu près, sans que ses membres
aient à faire de grands gestes, des gestes accentués, écartés ou de pose
un peu difficile, l’accord de la draperie avec le corps va bien ou assez
bien. Mais dès qu’il faut retrouver nettement le nu sous la draperie, ex-
primer sous ses plis des mouvements, des contournements, le peintre-
potier prend bien de la peine. La difficulté l’intéresse évidemment, mais
comme il est rare qu’il soit le plus fort dans sa lutte avec elle !
La draperie rouge tendit un moment, et dans certaines fabriques, à
faire disparaître la saillie des seins et celle du contour entre les reins et
la cuisse. Elles reparurent ailleurs; ailleurs encore on les supprima, et
elles ne furent tout à fait et définitivement installées dans les usages du
dessin que par la période d’habileté et de savoir.
Au début, tantôt le sein sort trop haut des replis du vêtement, comme
dans l’art noir, et là il se voit à travers leurs lignes. Plus loin, deux seins
se montrent en perspective sous les plis ondulés d’une tunique. D’un
autre côté, le bas seulement d’un corps, à partir de la ceinture, apparaît
entre les plis du vêtement. Sur tel vase, la draperie recouvre un buste de
face, mais un bas de corps en profil avec un pied de face qui ne se rat-
tache, pour le regard, à aucun membre.
Dans la coupe de Musée et Linus, qui passe pour un modèle de l’art
fin et épuré, les deux jambes sont croisées et recouvertes par les mêmes
plis rectilignes de la draperie, qui ne tient aucun compte des ondulations
qu’elle devrait suivre pour épouser les saillies si différentes de ces deux
membres.
Souvent la draperie, au lieu de se creuser entre les deux seins, se
gonfle en une seule courbe sous le cou, comme si elle enveloppait un
potiron.
Lorsqu’elle passe sur les genoux de gens assis, quelques traits trans-
versaux indiquent bien que le peintre a une idée générale de la direction
des plis, mais aucun de ceux-ci n’a une valeur d’exactitude ou d’étude,
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
la statue d’Hestia de la villa Giustiniani, de la Pallas sans tête de Dresde,
de l’Artémis coloriée de Naples. 11 est rare qu’elle rappelle celle de l’autel
des Douze dieux. Cette dernière procède par une large retombée d’étoffe
sur la poitrine ; des deux coins de cette retombée descendent de petits plis
en gradins.
Sur les vases, au contraire, les gradins des plis commencent en haut
de la retombée de l’étoffe, de sorte que le large étalement de celle-ci ter-
mine la descente des gradins, tandis qu’à l’autel des Douze dieux il la
commence.
Lorsque l’attitude est simple, que le personnage se tient debout, que
le vêtement le cache tout entier ou à peu près, sans que ses membres
aient à faire de grands gestes, des gestes accentués, écartés ou de pose
un peu difficile, l’accord de la draperie avec le corps va bien ou assez
bien. Mais dès qu’il faut retrouver nettement le nu sous la draperie, ex-
primer sous ses plis des mouvements, des contournements, le peintre-
potier prend bien de la peine. La difficulté l’intéresse évidemment, mais
comme il est rare qu’il soit le plus fort dans sa lutte avec elle !
La draperie rouge tendit un moment, et dans certaines fabriques, à
faire disparaître la saillie des seins et celle du contour entre les reins et
la cuisse. Elles reparurent ailleurs; ailleurs encore on les supprima, et
elles ne furent tout à fait et définitivement installées dans les usages du
dessin que par la période d’habileté et de savoir.
Au début, tantôt le sein sort trop haut des replis du vêtement, comme
dans l’art noir, et là il se voit à travers leurs lignes. Plus loin, deux seins
se montrent en perspective sous les plis ondulés d’une tunique. D’un
autre côté, le bas seulement d’un corps, à partir de la ceinture, apparaît
entre les plis du vêtement. Sur tel vase, la draperie recouvre un buste de
face, mais un bas de corps en profil avec un pied de face qui ne se rat-
tache, pour le regard, à aucun membre.
Dans la coupe de Musée et Linus, qui passe pour un modèle de l’art
fin et épuré, les deux jambes sont croisées et recouvertes par les mêmes
plis rectilignes de la draperie, qui ne tient aucun compte des ondulations
qu’elle devrait suivre pour épouser les saillies si différentes de ces deux
membres.
Souvent la draperie, au lieu de se creuser entre les deux seins, se
gonfle en une seule courbe sous le cou, comme si elle enveloppait un
potiron.
Lorsqu’elle passe sur les genoux de gens assis, quelques traits trans-
versaux indiquent bien que le peintre a une idée générale de la direction
des plis, mais aucun de ceux-ci n’a une valeur d’exactitude ou d’étude,