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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
Ce personnage nu ne révèle dans son profil que les incorrections habi-
tuelles à l’époque ou à la fabrique; son bras droit replié comme l’athlète
qui lutte, athlète que rappelle toute sa pose, reste appliqué contre sa
poitrine. Jusqu’ici il n’y a pas d’ambition exagérée dans la pose, et rien
•ne cloche que ce qui cloche partout. Mais où la difficulté commence, c’est
quand il faut faire passer le bras gauche derrière le corps étreint, puis le
ramener par-devant pour que les deux mains de Yétreigneur se rejoignent
et se tiennent l’un et l’autre. Le corps embrassé se dégingandé, sa dra-
perie ne se froisse ni ne se resserre sous l’étreinte, elle déborde même le
bras et le corps de l’athlète et passe bizarrement derrière son cou. Quant
au bras qui entoure, ce qui en est caché par la figure embrassée, devient
d’une longueur démesurée, et quand il reparaît par-devant à partir du
coude, il est encore beaucoup trop long.
De la sorte, le héros a un bras proportionné à sa stature et un autre
qui est infiniment trop grand ; le héros est beaucoup plus petit que sa
victime, et celle-ci, au lieu d’avoir la draperie et les flancs resserrés, cou-
pés par ces bras qui la pressent, se développe au contraire tranquille-
ment, entourée de plis flottants qui élargissent sa taille, quoiqu’à consi-
dérer la proportion générale et les conditions du sujet, le peintre tende à
amincir celle-ci.
Le premier résultat d’une exécution soignée de la draperie semble
avoir été, comme dans les bas-reliefs assyriens, d’allonger les corps et de
raccourcir les bras, et d’autres fois de ramasser et rapetisser les formes.
Les figures entièrement nues paraissent se maintenir dans une meilleure
moyenne de proportions.
La forme du vase, ses courbes plus ou moins vives ont dû gêner ou
aider le peintre. A l’époque d’habileté, il y a de longs Achilles ou de longs
Hectors qui montent d’une façon assez démesurée, et qui ont de très
petits bras. Pendant la décadence, les figures deviennent étrangement
courtes. En revanche, les lécythes athéniens, ces vases minces, allongés,
cylindriques, montrent un dessin d’une remarquable sûreté. Leur surface
est en effet plus commode pour le dessinateur.
Certaines attitudes n’ont pu être abordées qu’à l’époque d’habileté
qui a précédé le temps d’Alexandre et où l’on vivait sans doute sur les
modèles de la sculpture du Parthénon, de Phigalie, etc. Ce ne sont que les
artistes qui savaient dessiner l’œil de profil qui semblent avoir pu figurer
un homme assis se tenant le genou de ses deux mains. C’est à peu près à
la même époque qu’on fit pour la première fois des figures d’hommes de
face buvant dans un canthare qui leur masque par conséquent le bas du
visage, et ce fut encore un de ces tours d’adresse et de hardiesse nouvelle
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
Ce personnage nu ne révèle dans son profil que les incorrections habi-
tuelles à l’époque ou à la fabrique; son bras droit replié comme l’athlète
qui lutte, athlète que rappelle toute sa pose, reste appliqué contre sa
poitrine. Jusqu’ici il n’y a pas d’ambition exagérée dans la pose, et rien
•ne cloche que ce qui cloche partout. Mais où la difficulté commence, c’est
quand il faut faire passer le bras gauche derrière le corps étreint, puis le
ramener par-devant pour que les deux mains de Yétreigneur se rejoignent
et se tiennent l’un et l’autre. Le corps embrassé se dégingandé, sa dra-
perie ne se froisse ni ne se resserre sous l’étreinte, elle déborde même le
bras et le corps de l’athlète et passe bizarrement derrière son cou. Quant
au bras qui entoure, ce qui en est caché par la figure embrassée, devient
d’une longueur démesurée, et quand il reparaît par-devant à partir du
coude, il est encore beaucoup trop long.
De la sorte, le héros a un bras proportionné à sa stature et un autre
qui est infiniment trop grand ; le héros est beaucoup plus petit que sa
victime, et celle-ci, au lieu d’avoir la draperie et les flancs resserrés, cou-
pés par ces bras qui la pressent, se développe au contraire tranquille-
ment, entourée de plis flottants qui élargissent sa taille, quoiqu’à consi-
dérer la proportion générale et les conditions du sujet, le peintre tende à
amincir celle-ci.
Le premier résultat d’une exécution soignée de la draperie semble
avoir été, comme dans les bas-reliefs assyriens, d’allonger les corps et de
raccourcir les bras, et d’autres fois de ramasser et rapetisser les formes.
Les figures entièrement nues paraissent se maintenir dans une meilleure
moyenne de proportions.
La forme du vase, ses courbes plus ou moins vives ont dû gêner ou
aider le peintre. A l’époque d’habileté, il y a de longs Achilles ou de longs
Hectors qui montent d’une façon assez démesurée, et qui ont de très
petits bras. Pendant la décadence, les figures deviennent étrangement
courtes. En revanche, les lécythes athéniens, ces vases minces, allongés,
cylindriques, montrent un dessin d’une remarquable sûreté. Leur surface
est en effet plus commode pour le dessinateur.
Certaines attitudes n’ont pu être abordées qu’à l’époque d’habileté
qui a précédé le temps d’Alexandre et où l’on vivait sans doute sur les
modèles de la sculpture du Parthénon, de Phigalie, etc. Ce ne sont que les
artistes qui savaient dessiner l’œil de profil qui semblent avoir pu figurer
un homme assis se tenant le genou de ses deux mains. C’est à peu près à
la même époque qu’on fit pour la première fois des figures d’hommes de
face buvant dans un canthare qui leur masque par conséquent le bas du
visage, et ce fut encore un de ces tours d’adresse et de hardiesse nouvelle