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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
vait de phare aux convois funèbres qui s’acheminaient pendant les nuits
d’été pour éviter les chaleurs, ou pendant les nuits d’hiver, les jours étant
courts. La presque totalité de ce cimetière a été complantée en vignes
depuis bien des années. »
A l’extrémité nord du cimetière de la Madeleine on aperçoit quelques
fragments des substructions de l’ancienne Église de Sainte-Marie de
Fussiniac, petit édifice du xi° siècle, bâti sur l’emplacement de l’ancien
monastère du même nom ruiné par les Sarrasins.
IX
CONSTRUCTIONS MILITAIRES.
Dès le xir siècle, Saint-Émilion était entouré de fossés et de murs :
une charte datée de 1224 parle de la clôture de la ville. Toutefois il est
indmaissible que ces fossés soient antérieurs à l’église collégiale, car
l’examen du plan de la ville permet d’observer qu’on dut faire un décro-
chement au rempart pour ne pas entamer l’angle nord-ouest du clocher
de l’église collégiale.
Les fossés, creusés dans le roc à une profondeur moyenne de huit à
dix mètres, entouraient la ville de tous côtés. On pénétrait dans Saint-
Émilion par six portes, savoir : la porte Bourgeoise au nord, les portes
Brunet et Bouqueyre à l’est, la porte Sainte-Marie au sud, et les portes
des Chanoines et Saint-Martin à l’ouest. Toutes sont détruites, à l’excep-
tion de la porte Brunet, qui a conservé intacte la forme du terre-plein
flanqué de deux demi-lunes sur lequel venait s’appuyer le pont-levis qui
faisait communiquer la ville avec la campagne environnante.
« La porte Bourgeoise, dit M. Guadet qui en a vu la substruction,
porte principale de la ville et la seule qui eût un guichet, communi-
quait avec la campagne au moyen d’une chaussée pratiquée en travers
du fossé. Cette chaussée était flanquée à droite et gauche de hautes mu-
railles qui se terminaient à deux tours parallèles destinées à défendre l’en-
trée de cette espèce de pont. Ces tours, de forme ronde, s’élevaient à une
hauteur de quarante pieds environ, et leur base plongeait à une profon-
deur à peu près égale, où se trouvait un conduit souterrain communi-
quant avec l’intérieur de la ville, en sorte que les défenseurs des tours,
obligés de battre en retraite, avaient le moyen de rentrer inaperçus. Il y
avait même en avant de ces deux tours d’autres ouvrages dont la trace
est aujourd’hui perdue. »
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
vait de phare aux convois funèbres qui s’acheminaient pendant les nuits
d’été pour éviter les chaleurs, ou pendant les nuits d’hiver, les jours étant
courts. La presque totalité de ce cimetière a été complantée en vignes
depuis bien des années. »
A l’extrémité nord du cimetière de la Madeleine on aperçoit quelques
fragments des substructions de l’ancienne Église de Sainte-Marie de
Fussiniac, petit édifice du xi° siècle, bâti sur l’emplacement de l’ancien
monastère du même nom ruiné par les Sarrasins.
IX
CONSTRUCTIONS MILITAIRES.
Dès le xir siècle, Saint-Émilion était entouré de fossés et de murs :
une charte datée de 1224 parle de la clôture de la ville. Toutefois il est
indmaissible que ces fossés soient antérieurs à l’église collégiale, car
l’examen du plan de la ville permet d’observer qu’on dut faire un décro-
chement au rempart pour ne pas entamer l’angle nord-ouest du clocher
de l’église collégiale.
Les fossés, creusés dans le roc à une profondeur moyenne de huit à
dix mètres, entouraient la ville de tous côtés. On pénétrait dans Saint-
Émilion par six portes, savoir : la porte Bourgeoise au nord, les portes
Brunet et Bouqueyre à l’est, la porte Sainte-Marie au sud, et les portes
des Chanoines et Saint-Martin à l’ouest. Toutes sont détruites, à l’excep-
tion de la porte Brunet, qui a conservé intacte la forme du terre-plein
flanqué de deux demi-lunes sur lequel venait s’appuyer le pont-levis qui
faisait communiquer la ville avec la campagne environnante.
« La porte Bourgeoise, dit M. Guadet qui en a vu la substruction,
porte principale de la ville et la seule qui eût un guichet, communi-
quait avec la campagne au moyen d’une chaussée pratiquée en travers
du fossé. Cette chaussée était flanquée à droite et gauche de hautes mu-
railles qui se terminaient à deux tours parallèles destinées à défendre l’en-
trée de cette espèce de pont. Ces tours, de forme ronde, s’élevaient à une
hauteur de quarante pieds environ, et leur base plongeait à une profon-
deur à peu près égale, où se trouvait un conduit souterrain communi-
quant avec l’intérieur de la ville, en sorte que les défenseurs des tours,
obligés de battre en retraite, avaient le moyen de rentrer inaperçus. Il y
avait même en avant de ces deux tours d’autres ouvrages dont la trace
est aujourd’hui perdue. »