GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
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et l’autre, la Coutume de Normandie, manuscrit qui se trouvait dans une
des vitrines de l’admirable collection de M. Dutuit, offrent la même par-
ticularité, et on y voit de plus deux lions peints en grisaille au bas de la
première page. On considère également ces volumes comme ayant été
écrits pour le roi Charles V.
Parmi les ouvrages exposés par MM. Gruel et Engelmann, dont nous
aurons encore l’occasion de citer les noms à propos d’autres objets
curieux, nous avons vu un fort joli livre d’heures en flamand, de la fin du
xivc siècle, orné de treize belles miniatures à pleine page, au bas de l’une
desquelles se trouve une face du Christ d’une finesse et d’un dessin mer-
veilleux.
Le triomphe de l’école flamande date du commencement du xve siècle ;
les productions de ses artistes soutiennent avec honneur la comparaison
avec les œuvres de l’école française de la même époque.
Nous arrivons aux portes d’un siècle en souvenir duquel nous autres
modernes, hommes de science ou d’industrie, inventeurs de machines et
de procédés destinés à satisfaire plutôt les besoins matériels que ceux de
l’intelligence, nous n’avons qu’à courber la tête et à nous découvrir avec
respect. Nous allons parcourir par la pensée le siècle qui illumina le
monde, qui donna aux arts ses plus illustres génies, le siècle d’initiation
et de lumière qui ouvre la période de renaissance universelle, le siècle
enfin qui, entre tous, fit faire le plus grand pas à la civilisation, — le
siècle de l’invention de l’imprimerie.
C’est de ce moment que datent les plus étonnantes merveilles d’or-
nementation et d’illustration des manuscrits, et c’est à cette époque que la
perfection du dessin, du coloris et de la composition des miniatures
atteignit son apogée. Jusqu’alors l’exécution des livres, tant au point de
vue de la calligraphie qu’à celui de la décoration, avait été presque exclu-
sivement réservée aux monastères, dans lesquels se trouvaient d’ailleurs
les hommes les plus éminents, les plus érudits et les plus habiles. Mais
pendant le xve siècle de nombreux artistes surgirent de toutes parts, tant
en France qu’en Italie et en Flandre; et l’on vit s’élever successivement
ou en même temps des maîtres comme Andrieu Beauneveu, qui enlumina
les fameuses heures du duc de Berry, en 1409, les Yan Eyck, auxquels
on attribue l’invention de la peinture à l’huile, Jean de Bruges, Simon
Marmion, Gérard David, Memling, Jehan Perréal, dit Jean de Paris, qui
fut plus tard nommé miniaturiste en titre de. Louis XII, Jehan Foucquet,
que la France peut montrer glorieusement à côté sinon au-dessus des
grands artistes flamands de cette époque , Jehan Bourdichon , Jehan
Clouet et Jehan Poyet, les deux principaux auteurs des peintures du
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et l’autre, la Coutume de Normandie, manuscrit qui se trouvait dans une
des vitrines de l’admirable collection de M. Dutuit, offrent la même par-
ticularité, et on y voit de plus deux lions peints en grisaille au bas de la
première page. On considère également ces volumes comme ayant été
écrits pour le roi Charles V.
Parmi les ouvrages exposés par MM. Gruel et Engelmann, dont nous
aurons encore l’occasion de citer les noms à propos d’autres objets
curieux, nous avons vu un fort joli livre d’heures en flamand, de la fin du
xivc siècle, orné de treize belles miniatures à pleine page, au bas de l’une
desquelles se trouve une face du Christ d’une finesse et d’un dessin mer-
veilleux.
Le triomphe de l’école flamande date du commencement du xve siècle ;
les productions de ses artistes soutiennent avec honneur la comparaison
avec les œuvres de l’école française de la même époque.
Nous arrivons aux portes d’un siècle en souvenir duquel nous autres
modernes, hommes de science ou d’industrie, inventeurs de machines et
de procédés destinés à satisfaire plutôt les besoins matériels que ceux de
l’intelligence, nous n’avons qu’à courber la tête et à nous découvrir avec
respect. Nous allons parcourir par la pensée le siècle qui illumina le
monde, qui donna aux arts ses plus illustres génies, le siècle d’initiation
et de lumière qui ouvre la période de renaissance universelle, le siècle
enfin qui, entre tous, fit faire le plus grand pas à la civilisation, — le
siècle de l’invention de l’imprimerie.
C’est de ce moment que datent les plus étonnantes merveilles d’or-
nementation et d’illustration des manuscrits, et c’est à cette époque que la
perfection du dessin, du coloris et de la composition des miniatures
atteignit son apogée. Jusqu’alors l’exécution des livres, tant au point de
vue de la calligraphie qu’à celui de la décoration, avait été presque exclu-
sivement réservée aux monastères, dans lesquels se trouvaient d’ailleurs
les hommes les plus éminents, les plus érudits et les plus habiles. Mais
pendant le xve siècle de nombreux artistes surgirent de toutes parts, tant
en France qu’en Italie et en Flandre; et l’on vit s’élever successivement
ou en même temps des maîtres comme Andrieu Beauneveu, qui enlumina
les fameuses heures du duc de Berry, en 1409, les Yan Eyck, auxquels
on attribue l’invention de la peinture à l’huile, Jean de Bruges, Simon
Marmion, Gérard David, Memling, Jehan Perréal, dit Jean de Paris, qui
fut plus tard nommé miniaturiste en titre de. Louis XII, Jehan Foucquet,
que la France peut montrer glorieusement à côté sinon au-dessus des
grands artistes flamands de cette époque , Jehan Bourdichon , Jehan
Clouet et Jehan Poyet, les deux principaux auteurs des peintures du