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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
Passion à Milan1. » Quand nous écrivions ces lignes nous ne connaissions
pas encore les tombeaux de Dol, de Saint-Gatien de Tours et de la cha-
pelle d’Oiron. Nous pensons aujourd’hui que le tombeau de Ferrières
pourrait être une œuvre inconnue des Juste, à l’un desquels on attribue
ceux de Philippe de Montmorency et d’Artus Gouffier, dans la chapelle
d’Oiron. Nous n’avons reproduit que celui de Philippe de Montmorency,
car l’autre, daté de 1539, en est la répétition exacte.
Louis de Blanchefort, neveu du cardinal d’Aubusson, fut tenu sur les
fonts sacrés par le roi Louis XL Après avoir été simple moine de Fer-
rières, il en devint abbé en 14602. Restaurateur de l’abbaye ruinée par
les Anglais, il fut enterré dans l’église abbatiale de Saint-Pierre, qu'il
avait magnifiquement restaurée. « Il y avoit encore en icelle église, il
n’y a pas soixante et dix ans, écrit un de ses successeurs, plusieurs tom-
beaux d’illustres personnages, princes et deux roys, celui de saint Aldric,
et le tombeau de Louys de Blanchefort, lequel a esté porté de la nef dans
le chœur où il est rangé vers le grand autel à costier des chaires, où
avoient accoustumé de se mettre les prestres, diacre et sous-diacres di-
sant la grande messe3. » La Gallia christiana ajoute qu’on plaça sur son
tombeau, aussi élégant que magnifique, sa statue revêtue des insignes
de la prélature. Cette statue n’existe malheureusement plus; il ne reste
que le soubassement, représenté par la gravure de la page précédente.
Il se trouve actuellement au milieu de l’abside, derrière le maître-autel.
Les grands côtés du tombeau sont occupés chacun par cinq niches,
plein cintre, voûtées en coquille et supportées par des pilastres. La pre-
mière niche, à gauche sur la gravure, abrite saint Benoît, le fondateur
de l’ordre, et dans trois autres sont placées la Foi, l’Espérance et la Cha-
rité. Celle du milieu renferme une coquille entourée d’une couronne de
laurier. Cette même disposition se répète sur l’autre face, qui est dans un
état de dégradation lamentable, et nous présente la Force, la Justice, la
Tempérance et la Prudence. Une niche semblable aux autres existe dans
chacun des petits côtés. A gauche, une Vertu porte un écusson où sont
sculptées les armes de Blanchefort, d’or à deux lions léopardês de gueules,
surmontées de sa mitre; à droite, une autre Vertu porte aussi un écus-
son, mais on ne distingue plus rien.
Que l’on compare ces deux tombeaux; la ressemblance est frappante.
1. Voir Cieognara, Sloria délia scultura, edizione secunda, Pralo, 1824, 7 vol.
in-8°, vol. III, passim, pl. X, XV et XLIX, secunda sérié.
2. Revue orléanaise, Orléans, 1847, 1rc année, p. 340.
3. Dom Morin, Histoire générale des pays du Gâtinais, Paris, 1630, 1 vol. in-4",
p. 777.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
Passion à Milan1. » Quand nous écrivions ces lignes nous ne connaissions
pas encore les tombeaux de Dol, de Saint-Gatien de Tours et de la cha-
pelle d’Oiron. Nous pensons aujourd’hui que le tombeau de Ferrières
pourrait être une œuvre inconnue des Juste, à l’un desquels on attribue
ceux de Philippe de Montmorency et d’Artus Gouffier, dans la chapelle
d’Oiron. Nous n’avons reproduit que celui de Philippe de Montmorency,
car l’autre, daté de 1539, en est la répétition exacte.
Louis de Blanchefort, neveu du cardinal d’Aubusson, fut tenu sur les
fonts sacrés par le roi Louis XL Après avoir été simple moine de Fer-
rières, il en devint abbé en 14602. Restaurateur de l’abbaye ruinée par
les Anglais, il fut enterré dans l’église abbatiale de Saint-Pierre, qu'il
avait magnifiquement restaurée. « Il y avoit encore en icelle église, il
n’y a pas soixante et dix ans, écrit un de ses successeurs, plusieurs tom-
beaux d’illustres personnages, princes et deux roys, celui de saint Aldric,
et le tombeau de Louys de Blanchefort, lequel a esté porté de la nef dans
le chœur où il est rangé vers le grand autel à costier des chaires, où
avoient accoustumé de se mettre les prestres, diacre et sous-diacres di-
sant la grande messe3. » La Gallia christiana ajoute qu’on plaça sur son
tombeau, aussi élégant que magnifique, sa statue revêtue des insignes
de la prélature. Cette statue n’existe malheureusement plus; il ne reste
que le soubassement, représenté par la gravure de la page précédente.
Il se trouve actuellement au milieu de l’abside, derrière le maître-autel.
Les grands côtés du tombeau sont occupés chacun par cinq niches,
plein cintre, voûtées en coquille et supportées par des pilastres. La pre-
mière niche, à gauche sur la gravure, abrite saint Benoît, le fondateur
de l’ordre, et dans trois autres sont placées la Foi, l’Espérance et la Cha-
rité. Celle du milieu renferme une coquille entourée d’une couronne de
laurier. Cette même disposition se répète sur l’autre face, qui est dans un
état de dégradation lamentable, et nous présente la Force, la Justice, la
Tempérance et la Prudence. Une niche semblable aux autres existe dans
chacun des petits côtés. A gauche, une Vertu porte un écusson où sont
sculptées les armes de Blanchefort, d’or à deux lions léopardês de gueules,
surmontées de sa mitre; à droite, une autre Vertu porte aussi un écus-
son, mais on ne distingue plus rien.
Que l’on compare ces deux tombeaux; la ressemblance est frappante.
1. Voir Cieognara, Sloria délia scultura, edizione secunda, Pralo, 1824, 7 vol.
in-8°, vol. III, passim, pl. X, XV et XLIX, secunda sérié.
2. Revue orléanaise, Orléans, 1847, 1rc année, p. 340.
3. Dom Morin, Histoire générale des pays du Gâtinais, Paris, 1630, 1 vol. in-4",
p. 777.