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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 28.1883

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Nr. 3
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Chantelou, Paul Fréart de; Lalanne, Ludovic [Hrsg.]: Journal du voyage du cavalier Bernin en France, [21]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24260#0280

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268

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Germain, le Cavalier a dit que le dessein du Louvre était assez grand pour
n’embrasser à présent que cela; j’ai reparti que le travail de cette voûte et de
la patte d’oie, qu’on projette de faire à la sortie des Tuileries, ne consiste
qu’en plants d’arbres, qui, faits de bonne heure, croissent jour et nuit, sans
qu’on ait à s’en mettre davantage en peine. M. Colbert a ajouté que les plants
qui se sont faits dans la garenne de Saint-Germain se sont faits dans cette
vue.

A l’égard de la dépense pour toutes ces choses, l’abbé Butti, qui était
arrivé un peu auparavant, a dit qu’il se donnait tant de charges de guerre,
qu’on pourrait en cas de vacances les vendre et se servir de ces deniers. « Dieu
nous en garde! a ditM. Colbert, nous cherchons à en ôter la vénalité, » et sur
cela a demandé pour combien l’on estimait qu’il y eût de charges de guerre
et de finance et de justice, qu’il l’avait calculé. J’ai dit qu’il y en a pour plus
qu’il n’y a d’argent monnayé dans le royaume. Il a répondu qu’il y en avait
pour plus de 450 millions.

Après, Ton est venu à parler du logement du Roi et de la Reine, qu’il fal-
lait qu’ils fussent logés au midi, et leur faire à chacun un appartement de
commodité et un autre pour les audiences. L’abbé Butti montrait sur le plan,
qui était là, ceux du côté de la cour des cuisines, «mais ils sont au couchant,»
a dit M. Colbert, et s’en est moqué de lui. Il a proposé, après, de les faire
dans la galerie de Dubreuil1; Ton n’y trouvait pas de dégagement. M. Colbert
a dit qu’il attendait le sentiment du Cavalier, qui ne Ta point dit; mais qu’il
y penserait. L’on a parlé, après, du pont des Tuileries. Il a dit qu'il eût été
bon de faire une place au milieu, il Ta figurée sur du papier. M. Colbert a
dit que le lit de la rivière était déjà trop resserré en cet endroit-là, et n’était
plus que de 54 toises au lieu de 100 qui sont au Pont-Neuf. Il a proposé un
moyen pour l’écoulement de l’eau, et des armements aux piles, arches en
pointes fort avancées; Ton a parlé ensuite de la grande salle des machines;
Ton en a marqué tous les défauts. Le Cavalier a dit que le vrai et le feint ne
conviennent pas ensemble, qu’il y avait deux ou trois fois trop de place au
théâtre, en profondeur, et deux fois moins qu’il ne faut en largeur (il en a
fait la démonstration); qu’il ne faut point qu’il y ait de places élevées, pour
ce qu’elles font voir les machines, ce qui est un grand défaut; que le plan-
cher doit aller en baissant afin de ramener la voix; qu’une mer qu’on repré-
sente à ce théâtre ne paraît que comme une fontaine, que personne n’y pou-
vait voir et entendre, et plusieurs autres défauts. L’on a parlé ensuite des
eaux, pour la commodité et embellissement de Paris. M. Colbert a dit qu’il
s’attendait d’avoir un jour toutes celles de Saint-Cloud; que S. A. R. se
lasserait d’une si petite maison, qu’il aurait aussi celles de Vaugirard, d’Issy
et autres lieux circonvoisins de Paris. Et après, il a demandé au Cavalier
pour conférer avec lui. Il a répondu que ce serait quand il lui plairait. Après
M. Colbert s’en est allé.

J’oubliais à dire que le Cavalier, à diverses rencontres, a parlé du seigneur
Mathie très avantageusement ; que de quatre ou cinq élèves en architecture

1. Toussaint Dubreuil, mort en 1602, avait peint au Louvre la voûte de la galerie qui,
appelée jadis galerie des Rois (à cause des portraits qui s’y trouvaient), est aujourd’hui la
galerie d’Apollon.
 
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