DOI Heft:
Nr. 4
DOI Artikel:Renan, Ary: Ischia: souvenirs et impressions
DOI Seite / Zitierlink:https://doi.org/10.11588/diglit.24260#0320
ISCHIA.
307
pies, la grande sentine. Les populations des îles sont, d’ailleurs très
bonnes ou très mauvaises. Majorque et Guernesey exagèrent, en matière
morale, le rigorisme annihilant du continent dont elles dépendent et pos-
sèdent un arsenal ridi-
cule de lois. Malte rem-
plit les escales de la
Méditerranée d’un es-
saim de forbans qui n’en
reconnaissent aucune.
La Corse et la Sardaigne
sont réfractaires à tout
progrès, sans avoir con-
servé aucune simplicité
des mœurs primitives ;
Chypre et la Sicile, par
leur grandeur, sont sou-
mises aux mêmes lois
d’évolution que les pays
de terre ferme. D’autres
îles plus petites, au con-
traire, restent des mi-
crocosmes et gardent
un fond de candeur an-
tique ; telles sont les îles
Ioniennes, Capri, Ischia.
Il est permis de suppo-
ser, sans qu’aucun do-
cument historique l’af-
firme, qu’il y eut à Ischia un commencement de colonisation, ou du
moins un apport de sang arabe. On croit l’entrevoir encore dans la sau-
vagerie et le galbe étrange de certains types de cette race si douce.
La domination espagnole a dû, plus sûrement, laisser des traces de son
passage dans les caractères ethnographiques de cette race. Ischia,
Forio surtout, villes populeuses et mystérieuses, aux rues étroites, sont
assez espagnoles d’aspect. Les hautes maisons blanches, à plusieurs
étages garnis de balcons, sur lesquels pend une étoffe qui fait discrète-
ment office de store, jettent leur ombre dans les ruelles où grouille la
population. Au détour d’une d’elles, je sais une église, ou plutôt une
façade (la nef est un pauvre hangar) qui ferait grincer les dents d’un
architecte: elle est peinte en bleu clair; ses lignes, concaves et convexes,
307
pies, la grande sentine. Les populations des îles sont, d’ailleurs très
bonnes ou très mauvaises. Majorque et Guernesey exagèrent, en matière
morale, le rigorisme annihilant du continent dont elles dépendent et pos-
sèdent un arsenal ridi-
cule de lois. Malte rem-
plit les escales de la
Méditerranée d’un es-
saim de forbans qui n’en
reconnaissent aucune.
La Corse et la Sardaigne
sont réfractaires à tout
progrès, sans avoir con-
servé aucune simplicité
des mœurs primitives ;
Chypre et la Sicile, par
leur grandeur, sont sou-
mises aux mêmes lois
d’évolution que les pays
de terre ferme. D’autres
îles plus petites, au con-
traire, restent des mi-
crocosmes et gardent
un fond de candeur an-
tique ; telles sont les îles
Ioniennes, Capri, Ischia.
Il est permis de suppo-
ser, sans qu’aucun do-
cument historique l’af-
firme, qu’il y eut à Ischia un commencement de colonisation, ou du
moins un apport de sang arabe. On croit l’entrevoir encore dans la sau-
vagerie et le galbe étrange de certains types de cette race si douce.
La domination espagnole a dû, plus sûrement, laisser des traces de son
passage dans les caractères ethnographiques de cette race. Ischia,
Forio surtout, villes populeuses et mystérieuses, aux rues étroites, sont
assez espagnoles d’aspect. Les hautes maisons blanches, à plusieurs
étages garnis de balcons, sur lesquels pend une étoffe qui fait discrète-
ment office de store, jettent leur ombre dans les ruelles où grouille la
population. Au détour d’une d’elles, je sais une église, ou plutôt une
façade (la nef est un pauvre hangar) qui ferait grincer les dents d’un
architecte: elle est peinte en bleu clair; ses lignes, concaves et convexes,