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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 35.1887

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Michel, André: Le Musée de Brunswick, 3
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https://doi.org/10.11588/diglit.24189#0012

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G

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Aldegonde, qui essayait de maintenir malgré tout le faisceau de
l’alliance nationale contre l’ennemi commun, écrivait qu’il avait
« trouvé plus d’altération dans les cœurs » qu’il n’eût osé penser.
Le jour était venu où l’œuvre des bûchers et des gibets accomplie,
les Flandres, allégées de ce que le duc d’Albe appelait leur « mau-
vais sang », allaient se « rendre esclaves à l’Espagnol », selon la
dédaigneuse parole de Marnix. L’art, qui est le miroir de l’âme des
peuples, ne tarda pas à illustrer, avec une évidence singulièrement
persuasive, cette scission définitive et radicale : quand on y regarde
d’un peu près, on peut dire qu’il la faisait pressentir avant même
qu’elle ne fût accomplie.

Sans doute, les deux écoles avaient été jusque-là confondues, ou,
pour mieux dire, il n’y avait eu jusqu’alors qu’une école, et les
artistes du Nord ne s’étaient pas plus refusés que ceux du Midi à
l’influence italienne. Mais, dans la façon dont les uns et les autres
l’avaient subie, quelle différence déjà! Tandis que chez les Flamands,
l’assimilation s’était faite avec une facilité relative, et que chez quel-
ques-uns même l’abdication du tempérament national était allé jus-
qu’à la pire fadeur, on sent, chez les Hollandais, un principe actif,
irréductible, qui s’affirme en raison directe des efforts opiniâtrément
tentés pour se plier à la formule ultramontaine. Comme l’a excellem-
ment dit M. Emile Michel, dans une remarquable étude, récemment
publiée 1 : « Yous croiriez voir deux arts qui restent juxtaposés sans
se confondre et qui, au lieu de se faire aucune concession, se défient
mutuellement. Ce n’est pas une moyenne prise entre eux, ce sont
deux exagérations qui persistent et qui n’en paraissent que plus cho-
quantes, comme ces modes qu’un goût sévère n’accepte que difficile-
ment, mais qui deviennent tout à fait extravagantes quand on les
voit portées par des étrangers, avec une outrecuidance qui en double
le ridicule. » On ne pourrait mieux caractériser les œuvres d’un
Martin van Heemskerke ; c’est du Baccio Bandinelli traduit en bas
allemand, quelque chose de violent où l’on sent les exaspérations de
la volonté aux prises avec la persistance et la fatalité inconscientes
des instincts naturels. On n’a pas de peine à croire le bon Yan Mander,
quand il affirme que « le talent ne leur est pas venu en dormant ».
Rien ne fut jamais moins spontané ni plus laborieux!

Le Musée de Brunswick en offre quelques exemples intéressants.
Nous citerons d’abord le Baptême du Christ (n° 417), avec ses cam-

i. Un historien de l’art flamand (Revue des Deux Mondes, 15 août 1886).
 
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